Augmentation du prix du gaz : à quoi faut-il s'attendre en 2023 ?

Les prix du gaz sont au plus haut depuis 2021 et le marché continue d'être bousculé par la reprise économique ainsi que le contexte géopolitique actuel. Les cours du gaz naturel continuent ainsi d'évoluer à la hausse. Cependant, grâce aux mesures prises par le gouvernement, notamment le bouclier tarifaire, l'augmentation sera limitée à 15% pour les Français en 2023. À quoi faut-il donc s'attendre cette année et comment se protéger des augmentations des prix du gaz ? Retour et détails sur l'historique des évolutions du prix du gaz.

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2023 : l’augmentation du prix du gaz limitée à 15 %

Le prix du gaz continue d'évoluer à la hausse en 2023. Cependant, le gouvernement a décidé de prolonger une nouvelle fois le bouclier tarifaire jusqu'au 30 juin 2023, alors qu'il devait initialement prendre fin en décembre 2022. Ainsi, la hausse des prix du gaz est limitée à 15 % depuis le 1ᵉʳ janvier 2023.

Quel impact a cette limitation de la hausse sur le prix du gaz ?

Quel sera le prix du gaz en 2023 ?

Pour rappel, le gouvernement a déjà gelé les tarifs réglementés du gaz à leur niveau d'octobre 2021 du 1er novembre 2021 au 30 juin 2022. Ce gel a été prolongé une première fois jusqu'au 31 décembre 2022, puis une nouvelle fois jusqu'au 30 juin 2023. Cela signifie que jusqu'à cette date, l'écart entre le TRV gelé et le TRV non gelé est pris en charge par l'État et compensé directement aux fournisseurs de gaz pour limiter l'impact de ces fortes augmentations sur les factures des ménages.

Par conséquent, la hausse des prix du gaz est limitée à 15 % depuis janvier 2023. Cette hausse de 15 % représente une augmentation moyenne de 25 € par mois sur les factures de gaz des ménages qui se chauffent avec, contre 200 € par mois sans le bouclier tarifaire.

Voici la grille tarifaire du tarif réglementé du gaz applicable du 1ᵉʳ janvier au 30 juin 2023 selon la CRE (Commission de Régulation de l'Énergie) :

Tarif Réglementé de Gaz du 1ᵉʳ janvier 2023 jusqu'au 30 juin 2023

Classe de consommation

Prix de l'abonnement annuel

Part variable HT

Prix du MWh moyen

Équivalent facture annuelle

Base

86,76 €

0.0986 €

294,28 €

181,10 €

B0

86,76 €

0.0986 €

171,03 €

409,20 €

B1

203,76 €

0.0779 €

122,40 €

1675,10 €

B2i

203,76 €

0.0779 €

112,26 €

3343,40 €

Quel était le prix du gaz en 2022 ?

La limitation prévue par le bouclier tarifaire est moins importante cette année que celle annoncée en 2022 (une limite de 4 %). Toutefois, la mesure concerne désormais tous les consommateurs résidentiels, les copropriétés, les logements sociaux et les petites entreprises, sans limites de consommation, et quel que soit le contrat souscrit.

Pour comparer, voici la grille tarifaire des tarifs réglementés du gaz d'octobre 2021 au 31 décembre 2022 :

Tarif Réglementé de Gaz d'octobre 2021 au 31 décembre 2022

Classe de consommation

Prix de l'abonnement annuel

Part variable HT

Prix du MWh moyen

Équivalent facture annuelle

Base

86,76 €

0.085 €

278,02 €

171,1 €

B0

86,76 €

0.085 €

154,77 €

370,3 €

B1

203,76 €

0.0643 €

106,15 €

1452,8 €

B2i

203,76 €

0.0643 €

96,02 €

2859,5 €

Est-ce que le prix du gaz va augmenter en 2023 ?

Le prix du gaz continue effectivement d'augmenter en 2023. Cependant, cette hausse est bloquée de janvier à juin grâce au bouclier tarifaire prolongé dans le cadre de la loi de finances pour 2023. Attention néanmoins, la fin des tarifs réglementés en juillet 2023 signifie que l'État ne pourra plus intervenir pour geler la hausse.

Deux événements pourraient avoir un impact sur le prix du gaz en 2023 :

Le prix de gros du gaz commence à baisser

La bonne nouvelle du début de l'année 2023 est que les prix de gros du gaz ont commencé à baisser, pour la première fois depuis le début de la guerre en Ukraine. Il est notamment près de cinq fois moins cher qu'en août 2022, soit environ 73 € le mégawattheure (MWh) pour livraison en février, contre 342 € en août 2022.

Cela ne prédit cependant pas une baisse directe sur les factures des consommateurs, pour plusieurs raisons :

  • Malgré cette baisse considérable, le prix du gros reste encore deux fois plus cher que son niveau d'avant la crise sanitaire ;
  • Les fournisseurs lissent leurs tarifs, pour se protéger de cette période où les prix peuvent grimper d'un jour à l'autre ;
  • Le marché est encore très dépendant de l'évolution de la guerre en Ukraine. La Russie peut décider d'exporter moins de gaz, ou plus dans l'espoir de diviser les pays européens. À savoir que selon le spécialiste du marché de l'énergie Thierry Bros, l'Europe a besoin d'un minimum de 30 milliards de mètres cubes de gaz russe pour remplir ses stockages cet été ;
  • Le marché dépend aussi du contexte météorologique. S'il y a une vague de froid fin janvier 2023, les demandes - et donc les prix - pourront repartir à la hausse.

Cela étant dit, l'Europe est mieux préparée cette année. Les réserves de gaz en France sont notamment pleines à 84 % à l'heure actuelle selon Gas Infrastructure, grâce à un automne plutôt doux et aux efforts globaux des ménages à réduire leur consommation énergétique.

Fin des tarifs réglementés de gaz en juillet 2023

Autre événement qui marquera l'année 2023 : la fin des tarifs réglementés de gaz en juillet. En effet, la loi Énergie et Climat a décidé la fin progressive des TRV d'ici à 2023, le Conseil d'État ayant jugé que ces tarifs étaient contraires au droit européen. Il n'est déjà plus possible de souscrire le TRV depuis novembre 2019, mais les contrats existants restent valables jusqu'au 30 juin 2023.

Pourquoi le prix du gaz a-t-il fortement augmenté depuis 2021 ?

Pourquoi le prix du gaz a-t-il fortement augmenté depuis 2021 ?

Hausse de la demande en gaz

La hausse des prix du gaz depuis 2021 est majoritairement due à la hausse de la demande mondiale en gaz en raison du redémarrage simultané des économies mondiales suite à la crise sanitaire. Face à cette forte demande, l'offre est pourtant insuffisante en Europe compte tenu des faibles niveaux de stockages liés à différents incidents et dommages sur les infrastructures de la Russie, 1ᵉʳ importateur de gaz en Europe.

Ce n'est pas tout, l'année 2021 a été marquée par un hiver plus froid et plus long que d'habitude. Cela a fait augmenter la consommation de gaz des ménages et entreprises pour le chauffage. Cette consommation était 15 % supérieure à celle de 2020 lors des cinq premiers mois de l'année en France. Tous ces facteurs ont contribué à faire baisser considérablement les stocks européens.

La guerre russo-ukrainienne

La guerre russo-ukrainienne est aussi en grande partie responsable de la hausse continue des prix du gaz, sachant que les sources d'approvisionnement en gaz de la France et de l'Europe dépendent fortement de la Russie. En 2021, l'approvisionnement en gaz en France était issu à 17 % des importations russes selon Gazprom Energie.

Mais la Russie a délibérément diminué ses exportations vers l'Europe dans le but de faire pression concernant l'autorisation de la mise en service de son nouveau gazoduc Nord Stream 2. En effet, le gaz russe est aujourd'hui acheminé jusqu'en Europe majoritairement en passant par l'Ukraine, alors que ces deux nations sont des ennemies historiques. La mise en service de ce nouveau gazoduc permettrait à la Russie de contourner l'Ukraine.

Évolution du prix du gaz en 2021

En 2021, les prix du gaz ont augmenté depuis le 1ᵉʳ janvier, avec une hausse record de +12,6 % en octobre par rapport aux tarifs en septembre. Cette flambée des prix s'explique majoritairement par l'augmentation des coûts d'approvisionnement d'Engie.

Ensuite, les prix ont été gelés à leur niveau d'octobre sur les mois de novembre et décembre, grâce au bouclier tarifaire. Ci-dessous l'historique de l'évolution des prix du gaz en 2021 pour les clients consommant 14 000 kWh/an (tarif B1 niveau 2).

Historique des évolutions du prix du gaz en 2021

Mois

Évolution

Janvier

+ 0,2 %

Février

+ 3,5 %

Mars

+ 5,7 %

Avril

- 4,1 %

Mai

+ 1,1 %

Juin

+ 4,4 %

Juillet

+ 9,96 %

Août

+ 5,3 %

Septembre

+ 8,7 %

Octobre

+ 12,6 %

Novembre

0 % (gel)

Décembre

0 % (gel)

EXPLICATIONS DE CES ÉVOLUTIONS :

  • Légère augmentation des prix du gaz de janvier à mars 2021 : le prix du gaz augmente légèrement au premier trimestre 2021, à cause de la hausse des coûts d'approvisionnement d'Engie, respectivement de +0,01 c€/kWh, +0,18 c€/kWh et +0,30 c€/kWh ;
  • Baisse des prix du gaz en avril 2021 : après trois mois consécutifs de hausse, la CRE applique une baisse des tarifs de 4,1 % en avril par rapport au mois de mars. Celle-ci s'explique par la baisse de la demande en gaz naturel grâce à la remontée des températures, ainsi que par la baisse des prix du GNL en Europe et en Asie ;
  • Légère hausse des prix en mai 2021 : le prix augmente à nouveau en mai en raison d'une hausse des coûts d'approvisionnement d'Engie de 0,06 c€/kWh. Cette hausse est liée à une remontée des prix du GNL ;
  • Hausses consécutives à partir de juin 2021 : à partir du mois de juin, la hausse des prix continue à cause de la forte demande en gaz au niveau mondial suite à la reprise économique. Cette augmentation va se poursuivre et s'amplifier jusqu'en octobre 2021, après quoi l'État gèle les tarifs réglementés pour protéger les consommateurs de la crise énergétique.

Bouclier tarifaire : le prix du gaz bloqué en 2022

Les consommateurs protégés de l’augmentation du gaz

Comme mentionné plus haut, afin de protéger les Français de la hausse sans précédent des prix de l'énergie, le bouclier tarifaire a été annoncé le 21 octobre 2021, consistant à geler les tarifs réglementés initialement pour toute l'année 2022. La mesure a toutefois été étendue jusqu'en juin 2023 :

  • Pour les consommateurs résidentiels et copropriétés ayant un contrat de fourniture de gaz, qu'il s'agisse de l'offre au TRV ou d'une offre de marché. Pour les ménages modestes, cette aide s'accompagne de l'envoi d'un chèque énergie exceptionnel d'un montant de 100 à 200 € selon les ressources ;
  • Pour les ménages chauffés collectivement au gaz naturel. On parle ici plus précisément du bouclier collectif. Il s'agit d'une aide qui correspond à la différence entre le TRV gelé et le TRV non gelé.

Comment aurait augmenté le prix du gaz sans le gel ?

Les Français ont été majoritairement épargnés par la crise énergétique grâce au bouclier tarifaire. Selon la CRE, en août 2022, cette hausse aurait été de plus de 100 % par rapport à octobre 2021 sans cette mesure.

Par ailleurs, au lieu d'une hausse d'environ 25 € par mois sur les factures de gaz des ménages en 2023, on aurait pu subir une augmentation de pas moins de 200 € par mois. Quelques baisses auraient pu être observées sur certains mois, mais le bouclier tarifaire aura permis de lisser les prix pour éviter les flambées trop importantes. En détail, sans l'aide du gouvernement, voici comment les tarifs auraient évolué :

Évolution des prix du gaz sans bouclier tarifaire (TTC)

Mois

Évolution

Novembre 2021

+ 19,5 %

Décembre 2021

+ 20,8 %

Janvier 2022

- 3 %

Février 2022

+ 20,7 %

Mars 2022

- 16,4 %

Avril 2022

- 2,8 %

Mai 2022

+ 31,8 %

Juin 2022

- 16,7 %

Juillet 2022

- 1,49 %

Août 2022

+ 10,10 %

Septembre 2022

+ 26,80 %

Octobre 2022

+ 37,3 %

Novembre 2022

- 5 %

Décembre 2022

- 17 %

Janvier 2023

- 16,2 %

Comment échapper à cette hausse ?

Offre de gaz à prix fixe ou à prix indexé : que faut-il choisir ?

Rappelons qu'il existe deux types de tarifs d'offres d'énergie sur le marché : le prix fixe et le prix indexé. Il est essentiel de comprendre la distinction entre ces deux offres pour faire le bon choix :

  1. L'offre à prix fixe : avec l'offre à prix fixe, le prix du kWh du gaz n'est pas soumis à des variations. Cela signifie que peu importe les fluctuations sur le marché, les tarifs du consommateur restent inchangés. Dans le contexte actuel où les prix sont très volatils, les prix fixes peuvent être plus avantageux pour éviter de subir les hausses. Précisons toutefois qu'avec les prix fixes, le prix du kWh est souvent plus élevé à la souscription, ainsi que le prix de l'abonnement ;
  2. L'offre à prix indexé : avec l'offre à prix indexé, les tarifs payés par le consommateur évoluent à la hausse comme à la baisse suivant les tarifs réglementés. Généralement, les fournisseurs garantissent un certain pourcentage de réductions sur le prix du kWh par rapport aux TRV. Le consommateur n'est pas protégé contre les augmentations, mais bénéficie d'un prix de départ compétitif.

Quelles sont les meilleures offres de gaz en janvier 2023 ?


Pour faire davantage d'économies sur ses factures de gaz, il est conseillé de comparer les fournisseurs afin de bénéficier des offres de gaz les plus avantageuses, sachant que chaque fournisseur fixe librement ses prix. En France, il est possible de changer de fournisseur autant de fois qu'on le souhaite. La démarche est entièrement gratuite.

Pour savoir quelles sont les meilleures offres en janvier 2023, il est possible de contacter un conseiller JeChange. Les conseillers orientent leurs clients vers les offres les plus adaptées à leur profil de consommation et les accompagnent dans leurs démarches. Le service est gratuit.

Le chèque énergie

Comme évoqué précédemment, en plus du bouclier tarifaire, le gouvernement a également prévu l'envoi d'un chèque énergie exceptionnel à partir de décembre 2022 pour aider les ménages les plus modestes dans leurs dépenses énergétiques. 40 % des ménages modestes en France pourront toucher cette aide, à hauteur de :

  • 200 € pour les deux premiers déciles ;
  • 100 € pour les deux suivants pour un total de 12 millions de foyers concernés.

De quoi dépend le prix du gaz naturel ?

Quels sont les facteurs de l’évolution du prix du gaz ?

Si le prix du gaz évolue aussi régulièrement, c'est parce qu'il dépend de très nombreux facteurs, dont :

  • Les coûts d'approvisionnement du gaz : ces coûts correspondent principalement au prix d'achat du gaz. Ce dernier augmente ou baisse suivant les cours du pétrole sur les marchés européen ou mondial, le rapport entre l'offre et la demande, etc. ;
  • Les coûts d'acheminement : soit les coûts de transport et de distribution du gaz. Ces derniers sont fixés par les pouvoirs publics ;
  • Les coûts de gestion commerciale qui varient évidemment selon les différents fournisseurs, notamment selon leur taille, nombre de clients, mode de gestion, profits, etc. ;
  • Les coûts de stockage du gaz : le stockage a pour but d'ajuster la fourniture de gaz en fonction de la demande. Ces coûts sont déterminés par la CRE. En effet, les fournisseurs achètent toujours une certaine quantité de gaz aux producteurs. En cas de surplus, ce gaz doit être stocké ;
  • Les taxes sur le gaz et contributions : ces taxes représentent environ 30 % des TRV (chiffres de 2019). On distingue la TICGN (Taxe Intérieure sur la Consommation de Gaz Naturel), la CTA (Contribution Tarifaire d’Acheminement) et la TVA (Taxe sur la Valeur Ajoutée).

Qui décide de la hausse du prix du gaz ?

Les tarifs réglementés sont fixés par les pouvoirs publics, notamment les ministres en charge de l'économie et de l'énergie, à partir d'un ensemble de coûts couvrant toute la chaîne de valeur du gaz naturel, sur consultation de la CRE, qui est l'autorité de régulation de l'énergie en France.

Quand ont lieu les évolutions ?

Le prix du gaz naturel est réévalué chaque mois. Concrètement, il peut évoluer à la hausse comme à la baisse une fois par mois, après décision du ministère de la Transition Écologique et Solidaire et du ministère de l’Économie, et sur proposition de la CRE.

Il est ardu de savoir à l'avance si le prix va baisser ou augmenter, car, comme vu plus haut, les prix varient en fonction de nombreux facteurs.