La crise énergétique en France : causes et conséquences
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L'offre du moment à -20,4 % (HT) par rapport au tarif réglementé
De l'électricité verte à prix fixe moins chère
En novembre 2023, le prix du gaz a augmenté en moyenne de +12,6. Le tarif réglementé a subi lui une augmentation de + 8.6 % en 2025. Ces hausses de tarifs sont dut à la crise énergétique liée à l'invasion de la Russie en Ukraine, aux tensions géopolitiques, à l'augmentation de la consommation énergétique des français et des taxes imposées par l'État.
Le marché de l'énergie explose ces derniers mois, pourquoi ?
Retour sur les temps forts : focus sur le gaz !
Contrairement à l'électricité, la France ne produit pas ou très peu de gaz. 99 % de la consommation de cette énergie en France est issue de l'importation. Plus de la moitié de cette importation nous vient de Norvège et de Russie. De fait, pas mal d'embûches sont venues entraver la disponibilité du gaz dans le pays.
Travaux en mer du Nord
La Norvège est l'un des plus grands producteurs de gaz, mais aussi un très grand exportateur de gaz en Europe. Au début des années 2000, les réserves se tarissaient par une exploitation soutenue. Cela a entraîné une succession de travaux avec la création de nouvelles plateformes pétrolières offshores.
Pour répondre aux attentes économiques du pays, le gouvernement a autorisé en 2018 de nouveaux forages en mer de Barents. Il faut savoir qu'en 2017, environ 6 % de la population active norvégienne était directement ou indirectement employés par l'industrie pétrolière.
Mi 2020, des travaux de maintenance ont été réalisés sur différentes plateformes du pays et des arrêts d'exploitation sur plusieurs gisements. Ainsi, ces derniers ont mis un coup de frein à la production et l'exportation était donc moins importante en 2021. Ce n'est qu'à partir du mois d'octobre dernier que l'exportation de la Norvège a repris son mouvement, avec une prévision de hausse sur les prochains mois.
Crise sanitaire, confinements et reprise économique
La crise provoquée par la pandémie a été longue et douloureuse pour tous les pays. Sans en être débarrassés, nous ne sommes plus dans un état d'urgence planétaire avec une pause mondiale dans le secteur économique. En effet, ce dernier a repris. De fait, cela a engendré une demande en énergie exceptionnelle. En quelques semaines seulement, les prix ont été revus à la hausse, car la demande a explosé. Les grandes entreprises se servent du gaz pour faire de l'électricité et le remise en route de la production de masse a fait croître les attentes des différents pays.
Cette reprise économique a été fulgurante, et la production n'a pas suivi l'évolution. De fait, les réserves de gaz sont descendues plus vite que prévu alors que le réapprovisionnement, quant à lui, a pris du retard. Nicolas Goldberg, spécialiste du secteur de l'énergie pour le cabinet Colombus Consulting explique qu'un "pic de consommation, un choc de la demande à partir du mois de septembre, porté par les industries, très gourmandes en ressources" a été relevé.
Des tensions géopolitiques viennent s'ajouter à cela
La demande allant plus vite que l'approvisionnement, les enjeux ont été compliqués dans l'apport gazier. Le second gros producteur de gaz, exportateur de même, est la Russie. En revanche, elle a pour objectif depuis plusieurs mois de faire un second gazoduc, passant en offshore. Le projet ? Vous avez dû en entendre parler, c'est nord Stream 2. Le président Poutine cherche, en effet, à faire un gazoduc pour exportation sous-marine qui lui permettrait de traverser moins de pays. Par ce biais, il y aurait moins de dividendes à verser pour l'acheminement du gaz et la Russie ferait ainsi des économies importantes. Le problème ? C'est que de nombreux pays en Europe sont contre le projet. Ainsi, il est vu comme une suprématie de la Russie concernant l'univers de l'énergie, comme une prise en otage. Les tensions géopolitiques montent d'un cran.
La reprise économique a entraîné, comme nous l'avons vu, une forte demande. La Chine, grande consommatrice par ailleurs, est passée devant l'Europe pour la livraison d'énergie venant de Russie. Cela n'a bien évidemment pas apaisé les tensions sous-jacentes, et le gaz s'est fait encore un peu plus rare côté européen. De son côté, Poutine a mis l'accent sur le côté indispensable de son projet de gazoduc et garde une pression sur l'Europe en soufflant le chaud et le froid concernant l'acheminement du gaz. nord Stream 2 est encore aujourd'hui au centre de nombreux débats.
L'électricité, une énergie qui n'est pas de reste dans les augmentations
Gaz et électricité, l'énergie couplée sur le marché de gros en Europe
En Europe, le cours de l'électricité suit celui du gaz, car les deux énergies sont couplées. Autrement dit, si le cours du gaz explose, celui de l'électricité n'est pas laissé de côté. La France, via Bruno Le Maire, est allée présenter une proposition de réforme de découplage de l'énergie. En revanche, en octobre dernier, neuf pays de l'Union Européenne ont refusé cette demande en affirmant que "la flambée des prix s'explique par des facteurs mondiaux. Nous devons donc être extrêmement prudents avant d'interférer dans la structure des marchés énergétiques intérieurs. Cela ne peut pas être une solution pour amortir la hausse actuelle", et ce fut un échec.
Alors que la France souhaite sortir de ce couplage de l'énergie puisqu'elle produit elle-même son électricité, ce refus est soutenu par la commissaire européenne, Kadri Simson. Cette dernière assure que "nous ne devons pas nous précipiter dans des solutions rapides" qui pourraient, entre autres, entraîner "des risques pour la prévisibilité du marché, la compétitivité et notre transition énergétique". De plus, cela remettrait en cause, selon elle, "la sécurité de l'approvisionnement".
Pour sortir du nucléaire et/ou du charbon, en faveur de la transition énergétique, des pays européens investissent dans des centrales à gaz. Ce dernier étant largement utilisé pour produire de l'électricité.
Réacteurs à l'arrêt
C'est dans ce climat général tendu que des opérations de maintenance sont lancées sur les réacteurs nucléaires en France. En effet, la crise sanitaire a là aussi eu un rôle important : elle a repoussé les visites décennales des centrales.
Par mesure de sécurité, les deux réacteurs de la centrale de Civaux sont à l'arrêt depuis la mi-novembre. Ces derniers devaient être réactivés fin décembre, mais la remise en service a été décalée pour le printemps, le temps de remplacer des pièces défectueuses. Par précaution, ce sont donc les deux centrales les plus productrices de France qui sont arrêtées actuellement, Civaux et Chooz. En parallèle, les entretiens et les visites décennales sont maintenus. A ce jour, le parc nucléaire français, muni de 56 centrales au total, compte 15 réacteurs en arrêt.
Par ailleurs, dans une étude rendue publique, le RTE, le gestionnaire du réseau électrique français, a appelé à une "vigilance particulière" jusqu'aux mois de février et de mars 2022. Il est prévu que, pendant cette période, 13 réacteurs soient à l'arrêt "à la suite du report des programmes de maintenance des réacteurs nucléaires depuis le début de la crise sanitaire".
Des risques de pénurie pour l'hiver 2025 ?
Là encore, une inquiétude s'installe due à une pénurie potentielle. "J'ai demandé à ce que des salariés d'EDF travaillent pour qu'on puisse ouvrir les réacteurs plus tôt et faire face à d'éventuelles pénuries" a déclaré Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique. En effet, la France a donc recours à l'importation pour l'électricité à ce jour. Un record battu en cette fin d'année avec une importation de 12,9 gigawatts. En revanche, l'électricité est alors achetée au prix fort à nos voisins.
Si la pénurie venait à se montrer, la politique parle de mesures de délestage. Cela veut tout simplement dire qu'il y aurait des coupures chez les particuliers, de quelques heures. Autrement dit, cela permet d'alléger le réseau. Les industries quant à elle devraient, contre rémunération, baisser leur activité. Les premières concernées seraient dans le secteur de la métallurgie, ou bien du papier. Ces dernières étant capables de s'arrêter et de reprendre sans trop de répercussions.
Le cours de l'énergie qui explose et son impact dans l'hexagone
Enfin, comme nous l'avons vu, il y a des répercussions importantes sur le marché de gros de l'énergie. De fait, les fournisseurs d'énergie achètent l'électricité à un prix exorbitant sur ce dernier. Avec la crise sanitaire et les confinements, les pics de consommation étaient, eux aussi, inhabituels. De fait, les réserves n'ont pas été faites en conséquence. Les différents acteurs n'avaient pas anticipé (pour la plupart) une reprise aussi forte et rapide de l'activité mondiale.
Dans un premier temps, ce sont les offres à prix fixe qui ont posé un problème. Les fournisseurs proposant ce type d'offres ne pouvaient pas bouger leurs tarifications alors qu'ils achetaient l'énergie plus cher. Le manque à gagner a été énorme, dès les premières semaines. À ce jour, les offres à prix fixe ou défiant toute concurrence ont été enlevées du marché par les différents fournisseurs. Craignant une faillite potentielle, ils ont pour certains cessés leur activité, pour d'autres augmenté leurs tarifs, et pour d'autres encore, refusé les nouveaux clients. C'est alors une véritable crainte qui s'ajoute au tableau noirci. L'inquiétude est là, mais des mesures gouvernementales ont été mises en place.
Les propositions de l'État pour pallier la crise de l'énergie
- Le chèque énergie : Un dispositif déjà en place depuis plusieurs années. Ce dernier a été renforcé d'un second chèque de cent euros. Ce coup de pouce de l'État viendra alors prêter main forte aux personnes qui étaient déjà bénéficiaires du chèque énergie
- La prime inflation : Devant en premier lieu être un chèque carburant, il s'agit ici d'une aide de cent euros octroyée à toute personne dont le revenu mensuel est inférieur à 2 000 €. Cette prime exceptionnelle vient en renfort des consommateurs pour pallier l'inflation actuelle.
- Le bouclier tarifaire
- Une annonce qui permet aux consommateurs de ne pas subir la hausse du prix des énergies.
- La hausse de l'électricité plafonnée à 4 % en 2022 à +15 % en 2023.
Le bouclier tarifaire est un dispositif de l'État qui permet de limiter la hausse du prix du tarif réglementé d'EDF. Pour lutter contre la hausse des prix du marché, l'État a fixé, par exemple, une limite à 15 % en février 2023, ce qui a empêché une hausse des prix de 99 %. Le bouclier tarifaire est disponible pour les clients du tarif réglementé. Avant la suppression du tarif réglementé de gaz, il était également appliqué avec Engie.
Le bouclier tarifaire : fonctionnement
Le bouclier tarifaire est un dispositif de l'État qui permet de plafonner les hausses du tarif réglementé pour limiter l'impact sur les ménages. L'État impose un plafonnement de l'augmentation selon un pourcentage défini pour les nouveaux tarifs. En février 2023, la hausse avait, par exemple, été limitée à 15 % pour le tarif réglementé. Par ailleurs, le bouclier tarifaire ne concerne pas uniquement le tarif réglementé d'EDF ou des ELD et peut être élargi à certains contrats de marché indexés sur le tarif réglementé.
Le bouclier tarifaire a été mis en place en septembre 2021 par le gouvernement de Jean Castex à la suite de la forte hausse des prix de l’électricité et du gaz en France, et plus globalement en Europe. Cette hausse s’explique par la reprise économique post-Covid, l’augmentation des quotas d’émissions de CO2 et les tensions géopolitiques. Il a été ensuite reconduit en 2023 et 2024.
Le tarif réglementé : qu'est-ce que c'est ?
Le tarif réglementé (ou tarif bleu) est une offre d'électricité proposée par le fournisseur historique EDF. Il y avait auparavant un tarif réglementé pour le gaz, mais il a été supprimé. Les prix du tarif réglementé sont définis par l'État et mis à jour deux fois par an, en février et en août. Pour fixer ces tarifs, la Commission de Régulation de l’Électricité (CRE) se base sur la méthodologie d'empilement des coûts :
- Le coût de l’énergie ;
- Le coût de l’acheminement sur les réseaux électriques.
L’objectif de ce bouclier est de protéger les Français contre les augmentations successives du prix de l’électricité et du gaz. L’idée est de geler la montée des prix de l’énergie pour ne pas étouffer économiquement les ménages. En ce qui concerne le gaz, le bouclier tarifaire a été arrêté le 30 juin 2023, à la suite de la suppression des tarifs réglementés des ventes de gaz.
En 2022, le bouclier tarifaire a limité la hausse des tarifs de l’électricité et du gaz à 4 % soit 38 € par an pour les particuliers et 60 € pour les professionnels (dans le cas de l’électricité) selon la Commission de Régulation de l’Énergie. Sans cette mesure, l’augmentation aurait été de plus de 35 % pour l’électricité et de 78 % pour le gaz.
Evolution du tarif réglementé d'électricité HT depuis 2006
Pour une consommation de 2229 kWh/an et une puissance de 6 kVA - Source : Calculs Selectra
%
Comment fonctionne-t-il ?
Pour limiter la hausse des prix, l'État prend en charge la différence entre les prix du marché et ceux du tarif réglementé qui sont plafonnés. Si le prix de l'électricité monte à 150 €/MWh sur le marché, mais que l'État a plafonné un tarif à 80 €/MWh, celui-ci prend en charge la différence. Pour financer cette prise en charge, l'État met en place des dispositifs budgétaires spécifiques. Pour limiter la hausse des prix, l'État utilise également les revenus générés via le quota d'émission de CO2.
Les recettes provenant des taxes énergétiques peuvent également être ajustées pour compenser la différence avec les prix du marché. Pour maintenir le prix de l’électricité et soutenir les ménages, le gouvernement avait également décrété en 2022 un abaissement de l'accise sur l'électricité (ex-Taxe Intérieure sur la Consommation Finale d’Électricité -TICFE) à 1 €/MWh (32 €/MWh auparavant). Cela revenait à une prise en charge de 37 % de la facture d'électricité par l'État.
Les consommateurs particuliers ou professionnels n'ont pas de démarches à effectuer pour bénéficier du bouclier tarifaire. Il suffit juste d'être client d'une offre bénéficiant du bouclier tarifaire. Le bouclier tarifaire n'empêche pas la hausse des prix, mais la limite. C'est une mesure temporaire qui a été mise en place en 2021 pour éviter une inégalité d'accès à l'énergie.
Le bouclier tarifaire est-il prolongé jusqu'à 2025 ?
Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a confirmé que le bouclier tarifaire était prolongé jusqu’en 2025. “Je nous donne deux ans, d'ici début 2025, pour sortir du bouclier sur l'électricité”, a-t-il déclaré. En effet, les tarifs de l’électricité sont encore très élevés, loin de leur niveau d’avant-crise.
Comme l'illustre le graphique ci-dessous, le prix de l'électricité a augmenté de +4 % en 2022 et de + 15% en 2023 avec le bouclier tarifaire. Pour information, sans le bouclier tarifaire, l'augmentation de 2023 aurait été de + 99% !
D'ici la suppression du bouclier tarifaire, l'État réaugmente peu à peu les taxes pour amorcer la fin du bouclier tarifaire. Depuis février 2024, l'accise est remontée à 21€/MWh, ce qui a entraîné une nouvelle hausse des tarifs pour les consommateurs, mais qui reste relative face à la hausse des prix du marché. L'État espère un retour à la normal progressif jusqu'à février 2025.
Evolution des taxes sur l'électricité hors CTA et TVA
Evolution des TCFE, CSPE et accise sur l'électricité depuis 2011 - Graphique : Selectra
€/MWh
Pourquoi une prolongation du bouclier tarifaire jusqu’à 2025 ?
En 2023, la production d’électricité d'EDF est encore en dessous des attentes du gouvernement. Les tarifs de l’électricité sont par conséquent encore élevés. Afin de ne pas effrayer les ménages français, la fin du bouclier tarifaire ne se terminera pas avant février 2025.
Le bouclier tarifaire concerne les clients qui ont souscrit au tarifs réglementés (tarif bleu) d’EDF. Néanmoins, de nombreux fournisseurs alternatifs proposent des prix indexés sur les tarifs réglementés. Les particuliers ayant souscrit à un contrat d’électricité dont l’offre est indexée sur le tarif réglementé sont, eux aussi, concernés par le bouclier tarifaire.
Offres indexées sur le tarif réglementé
Les offres à prix indexés sur le tarif réglementé d'EDF proposent des tarifs qui varient selon ce dernier. Seul le prix du kWh varie selon le tarif réglementé, les taxes restent les mêmes. Les fournisseurs ne sont pas obligés d'indexer leurs prix sur le tarif réglementé et peuvent indexer leurs prix sur le marché de gros. Certains fournisseurs garantissent un pourcentage inférieur au tarif réglementé.
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