ATS 3 stockage gaz naturel

ATS : Prix pour le stockage et réserves de gaz naturel en France

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La majeure partie du gaz utilisé par les Français est importée puis stockée dans des réserves réparties tout au long du réseau national. Ce gaz est principalement consommé durant l'automne et l'hiver, lorsque les températures chutent. L'ATS permet de financer les infrastructures de stockage du gaz. Son coût en 2024 est de 59,5€ par an pour un logement chauffé au gaz et représente 3,9% du montant de la facture annuelle de gaz.

Prix de l'ATS Gaz en 2024

L'ATS (Accès des Tiers au Stockage de Gaz Naturel) est payé par l'ensemble des consommateurs de gaz. Son coût représente 0,9% de la facture annuelle (2,75€ par an) pour les logements utilisant le gaz pour l'eau chaude et la cuisson. Pour les logements chauffés au gaz, le coût de l'ATS représente 3,9% de la facture annuelle (59,5€ par an).

Prix ATS Gaz Stockage France

Comment est collecté l'ATS ?

Ce sont les fournisseurs de gaz qui collectent l'ATS au travers des factures puis le reverse ensuite aux gestionnaires du réseau de transport, GRT Gaz et Teréga, qui le reversent à leur tour aux opérateurs de stockage Teréga (encore lui), Storengy et Géométhane.

Évolution du coût de l'ATS

L'ATS est défini via une délibération de la Commission de Régulation de l'Énergie (CRE). Cette délibération inclut au préalable une consultation des parties prenantes et une analyse détaillée des coûts et investissements des opérateurs. L'ATS est fixé ensuite pour une durée de 4 ans. Actuellement, pour la période tarifaire 2024-2027, c'est l'ATS 3 qui est en vigueur.

La mise en place de l'ATS3 au 1ᵉʳ avril 2024 a supposé une augmentation de 20% du tarif d’utilisation des infrastructures de stockage souterrain de gaz par rapport à 2022. Bien qu'il s'agisse d'une très forte augmentation de l'ATS, la demande initiale des opérateurs de stockage était de +36%. La CRE a décidé d'appliquer qu'une partie de cette demande.

Pourquoi une telle augmentation des coûts de stockage du gaz ?

D'après la délibération de la CRE n°2023-361 du 14 décembre 2023, l'augmentation de +20% de l'ATS (Accès des Tiers aux Stockages) s'explique principalement par les hausses des charges d'exploitation des opérateurs de stockage, les investissements en capital nécessaires, l'adaptation à la transition énergétique ainsi que la sécurité et la sûreté des infrastructures.

Charges déclarées par les opérateurs de stockage dans le cadre de l'ATS3
 ATS3Réalisé en 2022Différence (%)
Charges d'exploitation284 M€/an232 M€/an+22%
Storengy207 M€/an161 M€/an+29%
Teréga57 M€/an53 M€/an+8%
Géométhane20 M€/an18 M€/an+11%
Charges de capital564 M€/an478 M€/an+18%
Storengy409 M€/an351 M€/an+17%
Teréga119 M€/an105 M€/an+13%
Géométhane36 M€/an22 M€/an+64%
Investissements333 M€/an266 M€/an+25%
Storengy237 M€/an191 M€/an+24%
Teréga69 M€/an49 M€/an+41%
Géométhane24 M€/an27 M€/an-11%

extrait de la délibération de la CRE au sujet de l'ATS3

Hausse des charges d’exploitation

Pour Storengy, l'augmentation des charges d'exploitation est due à plusieurs facteurs. Les charges de personnel ont augmenté de +34% entre 2022 et 2024, principalement en raison de l'augmentation du nombre d'équivalents temps plein (ETP) et de la revalorisation des salaires en réponse à l'inflation. 

Par ailleurs, les coûts en énergie ont grimpé de +48%, reflétant l'augmentation des prix de l'électricité et la hausse du gaz. La maintenance préventive a également vu une augmentation de +41%, visant à entretenir plus efficacement les infrastructures. 

De plus, les activités de recherche et développement (R&D) ont augmenté de +110%, investissant davantage dans les émissions de méthane, les gaz en mélange et les projets liés à l'hydrogène. Enfin, les dépenses d'exploitation ont augmenté de +39%, en réponse aux nouvelles exigences opérationnelles.

Concernant Teréga, la hausse des charges d'exploitation s'explique par une augmentation de +110% des travaux de maintenance sur les compresseurs et les puits. Les charges de personnel ont également augmenté de +9% en raison de l'ajout de nouveaux ETP nécessaires pour gérer de nouvelles responsabilités, comme le CO2 et la cybersécurité, ainsi que des augmentations de salaires. 

En outre, des dépenses supplémentaires de +121% pour des études techniques ont été engagées pour le développement des infrastructures de transport et de stockage de l'hydrogène et du CO2.

Pour Géométhane, l'augmentation des charges d'exploitation est due à une augmentation de +129% des travaux et de l'entretien des puits et à la mise en service de nouveaux équipements. Le coût de l'immobilier a été réajusté de +32%, et les dépenses d'études et de recherche ont vu une augmentation de +84%. Enfin, les impôts et taxes ont augmenté de +10%, en lien avec une augmentation de l’assiette foncière.

Hausse des charges de capital

Les investissements en capital ont également contribué à cette augmentation. Storengy prévoit une augmentation significative de ses investissements annuels moyens, passant de 191 M€ par an durant l'ATS2 à 237 M€ par an durant l'ATS3. Ces investissements se concentrent sur les plans de rénovation des infrastructures, des projets de sûreté et de cybersécurité, l'amélioration de la performance des stockages et des projets de développement de capacité.

Chez Teréga, les investissements se sont axés sur la sécurité et le maintien des infrastructures, ainsi que sur le développement des capacités de stockage, avec un budget annuel moyen de 69,4 M€ durant l'ATS3 contre 49 M€ durant l'ATS2. Des projets innovateurs, notamment dans le domaine de la recherche et développement, visent à anticiper les évolutions technologiques et énergétiques.

Pour Géométhane, les investissements ont compris le raccordement de nouvelles cavités, coûtant 65 M€ sur la période ATS3. Ce projet a pour but d'augmenter les capacités de stockage. Les investissements globaux de Géométhane passent de 27,6 M€ par an durant l'ATS2 à 43 M€ par an durant l'ATS3.

Adaptation à la transition énergétique

L'adaptation à la transition énergétique est également un facteur clé de cette augmentation. Les opérateurs Storengy, Teréga, et Géométhane ont tous augmenté leurs dépenses de recherche et développement pour adapter leurs infrastructures au biogaz et aux mélanges de gaz. 

Storengy a un budget de 22,1 M€ pour la R&D sur la période ATS3, tandis que Teréga prévoit un budget de 3,7 M€. De plus, Géométhane alloue 1,3 M€ à la R&D pour étudier les nouvelles adaptations et innovations nécessaires.

Sécurité et sûreté du réseau

Enfin, les exigences en matière de sécurité et de sûreté des infrastructures ont entraîné des investissements supplémentaires. Les opérateurs ont intensifié leurs efforts pour garantir la sécurité d'approvisionnement en gaz et ont renforcé les mesures de sûreté physique et de cybersécurité pour protéger leurs infrastructures contre les menaces.

Chez Storengy, les dépenses de sûreté et de sécurité ont augmenté de 23,7 M€ par an en moyenne. Teréga a également alloué des budgets importants à la sécurité et au maintien, reflétant une augmentation significative des coûts par rapport à l'ATS2.

Pourquoi la CRE n'a pas appliqué les +36% demandés par les opérateurs ?

La CRE n'a pas appliqué l'augmentation de +36% demandée par les opérateurs de stockage (Storengy, Teréga et Géométhane) après une évaluation rigoureuse des coûts :

  • Pour Storengy, l'augmentation demandée de 44% a été revue à la baisse en raison de surestimations des charges de personnel et de maintenance, aboutissant à une augmentation plus modeste de 21%. 
  • Pour Teréga, la demande initiale de +14% a été ajustée à 7,8%, principalement en raison de justifications insuffisantes pour les coûts supplémentaires de maintenance et d'études techniques. 
  • Géométhane avait demandé une hausse de 82%, mais la CRE a ramené cette augmentation à 16,6%, en corrigeant les prévisions gonflées pour les prestations membres et les travaux d'entretien

La CRE a également encadré les budgets de R&D et utilisé des mécanismes de régulation incitative pour modérer les charges d'énergie et les investissements en capital. 

En conséquence, la CRE a retenu une augmentation de +20%, ce qui évite les hausses excessives non justifiées et permet de tenir compte des véritables nécessités opérationnelles et des investissements essentiels.

Comment l'ATS permet de financer le stockage du gaz ?

L'ATS finance les coûts supportés par les opérateurs de stockage de gaz, à savoir Teréga, Storengy et Géométhane, en suivant un cadre tarifaire structuré et stable depuis 2018. Ce cadre tarifaire poursuit trois objectifs principaux :

  1. inciter les gestionnaires d'infrastructure à maîtriser leurs coûts ;
  2. permettre aux opérateurs de financer les investissements nécessaires ;
  3. viser un haut niveau de qualité de service, de sécurité et de continuité d'acheminement.

Maîtrise des coûts

L'ATS finance les mécanismes financiers incitant les gestionnaires d'infrastructure à rechercher l'efficacité dans la durée. Cela permet de limiter l'impact des tarifs d'infrastructure sur le consommateur final. 

Des audits ont été menés, par exemple, pour évaluer les demandes en termes de charges d'exploitation de Storengy, Teréga et Géométhane pour la période 2024-2027.

Investissements nécessaires

L'ATS permet aux opérateurs de financer les investissements nécessaires dans les infrastructures de stockage. Cela inclut la rémunération des actifs régulés et les investissements pour la rénovation, la maintenance préventive et le développement de nouvelles capacités de stockage. 

Cependant, la baisse de la consommation de gaz observée ces dernières années entraine mécaniquement une baisse des revenus des opérateurs. Une baisse du nombre de lieux de stockage est d'ailleurs prévue par la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE). Face à ce constat, la CRE examinera de manière rigoureuse tous les nouveaux projets d'investissement des opérateurs.

Qualité de service, sécurité et continuité d'acheminement

L'ATS vise à maintenir un haut niveau de qualité de service, de sécurité et de continuité d'acheminement en incitant les opérateurs à améliorer leurs performances. Les opérateurs ont la liberté de gérer leurs infrastructures tout en étant incités financièrement à maintenir des standards élevés de service et de sécurité.

Transition énergétique

Le tarif ATS3 est conçu pour garantir que les opérateurs de stockage de gaz soient en mesure d'accueillir un volume croissant de gaz renouvelables, ainsi que de soutenir des initiatives de recherche et développement essentielles à l'évolution du marché. Par ailleurs, la PPE prévoit une diminution globale de la consommation de gaz, tout en effectuant une transformation du mix énergétique.

Dans ce contexte, la PPE fixe des objectifs ambitieux : d'ici à 2028, la France vise l'injection de biogaz entre 14 TWh et 22 TWh par an dans ses réseaux, ce qui représente un pas significatif vers une indépendance énergétique durable. Grâce aux efforts conjugués des opérateurs dans les dernières années, une progression a déjà été observée, avec plus de 10 TWh de gaz renouvelable déjà injectés dès début 2023.

Les opérateurs de stockage doivent anticiper ces changements et adapter leurs infrastructures en conséquence, ce qui implique essentiellement de se préparer à une augmentation potentielle des impuretés présentes dans le méthane, telles que l'hydrogène (H2) et l'oxygène (O2). 

Qui sont les opérateurs de stockage en France ?

Teréga, Storengy et Géométhane sont les trois principaux opérateurs de stockage de gaz naturel en France, chacun responsable de la gestion de plusieurs sites de stockage souterrain de gaz. 

Ces trois opérateurs jouent un rôle crucial dans la sécurisation de l'approvisionnement en gaz naturel en France, notamment en permettant de stocker du gaz en été quand la consommation est faible, et de délivrer ce gaz en hiver lorsque la demande est élevée. 

Opérateurs de stockage gaz naturel en France

Teréga

logo Teréga

Teréga est une entreprise spécialisée dans le transport et le stockage de gaz naturel. Elle joue un rôle crucial dans la régulation et la sécurisation de l'approvisionnement en gaz naturel dans le sud-ouest de la France. Teréga gère plusieurs sites de stockage souterrain, dont le plus connu est le site de Lussagnet (Landes) et Izaute (Gers), qui est un stockage aquifère.

L'entreprise est également impliquée dans des projets de développement d'infrastructures pour l'hydrogène et le captage puis stockage de CO2.

Storengy

logo Storengy

Storengy, filiale d'Engie, est l'un des principaux acteurs mondiaux dans le secteur du stockage de gaz. En France, Storengy gère la majorité des sites de stockage souterrain de gaz, avec des capacités importantes réparties sur différents types de structures géologiques : aquifères et cavités salines. 

Les sites gérés par Storengy incluent Chémery, Beynes, Etrez, Saint-Illiers-la-Ville, et plus encore. Storengy est active dans les projets de recherche et développement pour intégrer des gaz renouvelables et réduire les émissions de méthane.

Géométhane

logo Géométhane

Géométhane, société conduite par Géostock, exploite le site de stockage souterrain de Manosque. Ce site est une cavité saline, offrant des caractéristiques spécifiques pour le stockage de gaz naturel. 

Géométhane se concentre sur les projets visant à optimiser les capacités de stockage existantes et à améliorer la sécurité et la performance de ses installations. À l’instar des autres opérateurs, Géométhane participe également aux initiatives visant à adapter ses infrastructures à la transition énergétique.

Cadre régulatoire 

Depuis 2018, les revenus des opérateurs de stockage de gaz sont régulés par des mécanismes introduits par la loi (articles L. 421-3-1 à L. 421-10 et L. 452-1 du Code de l’énergie). 

La régulation a pour but de garantir le remplissage de ces infrastructures, essentiel à la sécurité d’approvisionnement, et de maximiser les souscriptions de capacités de stockage par le biais d'enchères organisées par la CRE. Les recettes des enchères, associées à une compensation tarifaire spécifique, assurent que les opérateurs de stockage puissent recouvrir leurs coûts efficacement et durablement.

Comment stocke-t-on le gaz ?

Le stockage de gaz naturel se fait principalement de deux manières :

  • dans des structures géologiques souterraines, appelées aquifères ;
  • dans des cavités salines. 
Sites de stockage du gaz naturel en France

Aquifères

Les aquifères sont des formations géologiques poreuses remplies initialement d'eau. Ces formations, souvent des couches de roche poreuse et perméable, sont situées entre des couches de roches imperméables, ce qui permet de contenir le gaz sous pression.

Pendant l'été, lorsque la consommation de gaz est faible, le gaz est injecté sous haute pression dans l'aquifère en remplaçant l'eau dans la porosité de la roche. En hiver, lorsque la demande de gaz est élevée, le gaz est soutiré en diminuant la pression, permettant ainsi au gaz de revenir à la surface à travers les puits de production. 

Les aquifères permettent un stockage de grand volume, mais le processus de soutirage et d'injection est relativement lent, ce qui les rend principalement utilisés pour la modulation saisonnière.

Cavités salines

Les cavités salines sont des cavités creusées dans des formations géologiques de sel. Ces cavités sont créées en dissolvant des blocs de sel avec de l'eau, puis en pompant la saumure produite, un processus appelé lessivage. Une fois la cavité créée, le gaz naturel est compressé et injecté dans la cavité.

Le sel est un matériau offrant une grande étanchéité, empêchant les fuites de gaz. Comme les cavités salines sont des espaces vides, le soutirage du gaz peut se faire rapidement, ce qui les rend adaptées aux besoins de pointe et aux fluctuations rapides de la demande. Ces cavités permettent un soutirage et une injection rapides, les rendant idéales pour des usages nécessitant une grande flexibilité et réactivité.

L'étude réalisée par la CRE au sujet des infrastructures gazières, publiée le 4 avril 2023, évalue la possibilité de convertir certaines installations de stockage, dont principalement les cavités salines, pour offrir des services de stockage d'hydrogène. Cependant, cette conversion devra être effectuée avec une certaine prudence, en assurant que le système de distribution de gaz actuel puisse se passer du stockage salin tout en faisant état d'une nécessité avérée d'assurer ces besoins en hydrogène.

Autres manières de stocker le gaz 

Outre les aquifères et les cavités salines, il existe d'autres types de stockage tels que le stockage en dépôts déplétés, qui utilise d'anciens gisements de gaz naturel épuisés pour le stockage et le stockage en roches poreuses, des structures géologiques similaires aux aquifères mais sans eau, souvent situées à des profondeurs plus grandes. 

Quelles sont les réserves de gaz de la France ?

La France dispose d'environ 138.5 TWh de réserves souterraines de gaz naturel, ce qui représente un peu moins d'un tiers de sa consommation annuelle de gaz estimée à environ 381 TWh en 2023. Ces réserves sont essentielles pour équilibrer l'offre et la demande de gaz en fonction des saisons. Les réserves de gaz françaises permettent également de soutirer 2 376 GWh par jour.

En été, lorsque la consommation de gaz est faible, le gaz est stocké, alors qu'en hiver, lorsque la demande est élevée, ces réserves sont soutirées pour assurer un approvisionnement continu. D'ailleurs, en hiver, les réserves de gaz permettent de couvrir 48% de la consommation de gaz de la France. 

Ces réserves de gaz sont également essentielles pour garantir une réponse rapide aux pics de demande imprévus et pour stabiliser le système énergétique français. Grâce aux infrastructures de stockage, la France peut gérer efficacement ses ressources en gaz naturel, assurant ainsi une fourniture continue et stable de gaz pour les particuliers et les industries.

ATS 2 (2020 - 2023)

La délibération de la CRE du 23 janvier 2020 a décidé du tarif d'utilisation des infrastructures de stockage souterrain de gaz naturel de Storengy, Teréga et Géométhane pour la période de 2020 à 2023. 

Principaux enjeux de l'ATS 2

En plus des objectifs de simplicité, de prévisibilité et de continuité, le tarif ATS2 étend aux infrastructures de stockage les principes de régulation incitative appliqués aux autres infrastructures régulées, avec une période tarifaire d'environ quatre ans et des incitations à la maîtrise des coûts et à la qualité du service. 

De plus, l'ATS2 contrôle l’évolution des charges des opérateurs dans un contexte de stagnation de la consommation de gaz et de prévisions de baisse en raison des objectifs de transition énergétique. 

La CRE a ainsi fixé les trajectoires des dépenses d'exploitation en fonction de la performance atteinte en 2018, tout en permettant aux opérateurs de maintenir un niveau de sécurité élevé.

Demandes tarifaires des opérateurs de stockage

Les opérateurs de stockage, Storengy, Teréga et Géométhane, ont formulé des demandes d’évolution tarifaire pour la période 2020-2023. 

La prise en compte des éléments des dossiers tarifaires aurait conduit à une hausse importante du revenu autorisé :

  • +5,9% par an pour Storengy ;
  • +6,6% par an pour Teréga ;
  • +8,7% par an pour Géométhane. 

Cependant, la CRE a jugé ces demandes excessives. Après analyses et consultations, la CRE a retenu une hausse plus modérée des charges nettes d’exploitation, justifiée par le changement de niveau d’activité des stockages, la cybersécurité et le renforcement de la R&D. Le coût moyen pondéré du capital (CMPC) a été fixé à 4,75% réel avant impôts.

Régulation incitative et commercialisation

L'ATS 2 met en œuvre des mécanismes de régulation incitative en vigueur dans le tarif de transport de gaz : maîtrise des charges d’exploitation et des dépenses d’investissements, qualité de service et couverture d'écarts via le CRCP. Une expérimentation de régulation incitative de type "TOTEX" a été introduite pour Teréga. 

Par ailleurs, la régulation de la commercialisation des capacités de stockage a été modifiée pour inclure un bonus basé sur la performance des offres des opérateurs de stockage. Ce bonus inclut 0,5% des recettes d’enchères et 5% des "premiums" d’enchères.

ATS 1 (2018 - 2019)

La délibération de la Commission de régulation de l'énergie du 22 mars 2018 a établi le tarif d'utilisation des infrastructures de stockage souterrain de gaz naturel de Storengy, TIGF (devenu Teréga) et Géométhane, mise en vigueur à partir du 1er janvier 2018 pour une période de deux ans. Cette régulation était en réponse à la Loi n°2017-1839 qui a introduit la régulation économique des opérateurs de stockage pour garantir la sécurité d'approvisionnement en gaz.

L'ATS 1 a permis de poser les bases de la régulation économique des infrastructures de stockage de gaz, garantissant la transparence des coûts et la sécurité d'approvisionnement. La période de régulation de deux ans a fourni un retour d'expérience précieux pour affiner et améliorer le cadre tarifaire dans l'ATS 2, avec des périodes plus longues et des mécanismes incitatifs renforcés.

Cadre tarifaire simplifié

En raison des courts délais de mise en œuvre de la réforme de l’accès des tiers aux stockages, la première période de régulation a été fixée à deux ans. 

Le cadre tarifaire prévoyait une régularisation a posteriori des écarts entre le prévisionnel et le réalisé pour l’ensemble des charges et recettes. Cela garantissait un niveau tarifaire égal aux dépenses et recettes réelles des opérateurs, mais sans inciter efficacement à la maîtrise des coûts.

Revenus autorisés et compensation

Pour 2018, la CRE a fixé les niveaux initiaux de Base d’Actifs Régulés (BAR) à 3,5 milliards d’euros pour Storengy, 1,15 milliard d’euros pour TIGF et 0,19 milliard d’euros pour Géométhane. Le coût moyen pondéré du capital (CMPC) a été fixé à 5,75 % réel avant impôts, incluant une prime pour les spécificités de l’activité de stockage de gaz. 

Les revenus autorisés pour 2018 étaient de 523,1 M€ pour Storengy, 153,4 M€ pour TIGF et 38,1 M€ pour Géométhane, totalisant un coût de stockage de 714,6 M€ pour l’année.

Commercialisation et périmètre de régulation

Les capacités de stockage ont été commercialisées aux enchères, et la CRE a mis en place une régulation incitative pour maximiser les souscriptions de capacités et les revenus d’enchères. 

Le tarif ATRT incluait un terme tarifaire spécifique pour compenser la différence entre les recettes issues des enchères et le revenu autorisé des opérateurs. Le périmètre de régulation défini dans la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) prenait en compte l’ensemble des sites de stockage français. Le tarif prévoyait également une clause de rendez-vous en cas de modification de ce périmètre.

FAQ

Comment la CRE détermine-t-elle les tarifs de l'ATS ?

La Commission de Régulation de l'Énergie (CRE) détermine les tarifs de l'ATS en établissant un cadre de régulation basé sur une période tarifaire de quatre ans. Elle prend en compte les charges nettes d’exploitation, les charges de capital normatives et l’apurement du solde du compte de régularisation des charges et des produits (CRCP).

La CRE évalue les demandes des opérateurs et ajuste les coûts pour garantir que le consommateur final paie un juste prix tout en assurant la sécurité d’approvisionnement.

Quelles sont les capacités de stockage des différents types de structures géologiques ?

Les aquifères permettent un stockage de grand volume, mais avec des cycles d’injection et de soutirage relativement lents, adaptés à la modulation saisonnière.

Les cavités salines, en revanche, offrent une haute réactivité avec des capacités d’injection et de soutirage rapides, mais ont une capacité de stockage moindre comparée aux aquifères.

Comment les enchères de capacités de stockage affectent-elles les tarifs finaux pour les consommateurs ?

Les franchises de capacités de stockage sont attribuées via des enchères organisées par la CRE. Les recettes issues de ces enchères sont ensuite prises en compte pour calculer la compensation nécessaire pour combler la différence entre les revenus perçus par les opérateurs et le revenu autorisé.

Cette compensation est intégrée dans le tarif d'utilisation des réseaux de transport de gaz naturel, ce qui peut influencer les tarifs finaux payés par les consommateurs.

Quels mécanismes sont en place pour inciter à la maîtrise des coûts de stockage ?

La CRE met en place des mécanismes financiers incitatifs pour encourager les opérateurs à maîtriser leurs coûts. Ces mécanismes incluent des incitations financières pluriannuelles basées sur la performance en termes de coûts et la qualité de service.

Par exemple, un compte de régularisation des charges et des produits (CRCP) permet de régulariser ex post les écarts entre les coûts réels et les prévisions.

Quels sont les impacts environnementaux des méthodes de stockage de gaz utilisées en France ?

Les méthodes de stockage de gaz peuvent avoir divers impacts environnementaux. Les aquifères, par exemple, impliquent de pomper de l'eau dans et hors de la formation géologique, tandis que les cavités salines nécessitent un processus de lessivage qui produit de la saumure.

Ces opérations doivent être rigoureusement contrôlées pour éviter des effets négatifs sur les écosystèmes locaux et la qualité de l’eau.

Par ailleurs, des initiatives sont en place pour réduire les émissions de méthane des installations de stockage.

En quoi les investissements en R&D sont-ils essentiels pour le stockage de gaz ?

Les investissements en recherche et développement (R&D) sont cruciaux pour améliorer les technologies de stockage de gaz et pour s'adapter aux défis de la transition énergétique. Ces investissements permettent d'explorer de nouvelles méthodes de stockage, de développer des solutions pour intégrer des gaz renouvelables, et de réduire les émissions de gaz à effet de serre, notamment le méthane.

La R&D est également essentielle pour améliorer la sécurité et l'efficacité des infrastructures de stockage.

Grâce à la R&D, les cavités salines pourraient être reconverties pour y stocker de l'hydrogène à partir de 2030. Le budget de l'ATS3 prévoit d'ailleurs des ressources pour étudier la faisabilité de ce projet.

Quelle est l'importance de la régulation pour les opérateurs de stockage de gaz ?

La régulation est essentielle pour assurer une gestion efficace et transparente des infrastructures de stockage de gaz. Elle permet de garantir que les opérateurs puissent recouvrer leurs coûts tout en maintenant des tarifs justes pour les consommateurs.

La régulation vise également à assurer la sécurité d’approvisionnement et à inciter les opérateurs à investir dans la modernisation et l’amélioration de leurs infrastructures.

En France, la CRE joue un rôle clé dans cette régulation, en fixant les cadres tarifaires et en s’assurant que les opérateurs respectent les normes de sécurité et environnementales.