EDF : l'Etat confirme reprendre 100 % du capital, pourquoi ?

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Pourquoi Emmanuel Macron veut-il renationaliser EDF ?

D'ici 2030, la France veut faire baisser ses émissions de gaz à effet de serre de 55 %. Cela lui permettra d'atteindre les objectifs de la neutralité carbone en 2050. Après avoir défini l'opération de "chantier du siècle", Emmanuel Macron a pris deux décisions concernant le parc nucléaire d'EDF. En effet, la construction de 6 EPR2 est à prévoir sur le court terme. Ensuite, l'arrivée de huit suivants devraient voir le jour dans les années à venir. De fait, il parle de "prolonger la durée de vie de tous les réacteurs nucléaires qui peuvent l'être et de lancer un programme de nouveaux réacteurs". Le président veut une relance du nucléaire.

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Le gros défi de la Transition énergétique

Une étude va être menée entre EDF et l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Cette dernière sera réalisée dans le but de prolonger la durée de vie des réacteurs au-delà de 50 ans.

Le premier EPR de Flamanville n'est toujours pas mis en service. De fait, c'est un chantier gigantesque qui se profile. Mais ce travail titanesque faisait partie d'un des scénario de RTE, le gestionnaire de transport de l'électricité. Emmanuel Macron qui vise sur la relance du nucléaire et les énergies renouvelables pour atteindre la neutralité carbone explique que "si nous voulons respecter nos engagements climatiques, réduire notre dépendance aux cours mondiaux, assurer le développement industriel de notre pays et maîtriser la facture d'énergie des Français, nous devons engager sans attendre des chantiers structurants pour notre économie. Le monde de demain sera plus électrique. Nous devons être en mesure de produire jusqu'à 60 % d'électricité en plus qu'aujourd'hui". D'autant plus que le nucléaire, à ce jour, a sa place dans la taxonomie verte européenne.

Un service d'intérêt général

Le pouvoir public souhaite faire reconnaître le nouveau nucléaire comme une activité éligible aux aides de l'Europe. Ce dernier œuvrant pour l'intérêt général. Cependant, cela entraînerait une nouvelle régulation du nucléaire existant. En effet, le dispositif de l'accès régulé à l'électricité nucléaire historique (Arenh) aura donc une succession. Il pourrait bien y avoir un nouveau prix de vente, celui négocié pour les nouveaux réacteurs.

Philippe Page le Mérour, secrétaire CGT du CSEC du groupe EDF explique qu'une "nationalisation d'EDF à la sauce Macron ne [les] intéresse pas". Ce dernier craint "un démantèlement du groupe et une désoptimisation de sa production".

Une source des pouvoirs publics explique à Les Echos que "la guerre en Ukraine montre que le parc nucléaire est essentiel pour l'indépendance énergétique de la France. Cette guerre va contraindre la Commission à bouger dans un sens plus raisonnable".

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EDF à bout de souffle

Après avoir connu une grande zone de complications financières, comme le maintien du bouclier tarifaire, EDF n'a plus les moyens d'investir en masse. Sa dette prévue pour la fin d'année avoisine les 60 milliards d'euros.

EDF n'est pas en effet à ce jour à assumer la commande des EPR. Les sic EPR attendus, à eux seuls, sont estimés à plus de 50 milliards d'euros. L'Etat, devenant l'unique actionnaire d'EDF, vise notamment à réduire le financement des EPR. De même, il entend obtenir l'accord de Bruxelles pour fixer un tarif de vente régulé. Une nouvelle source explique à Les Echos que "si on veut atteindre un prix de l'électricité pas trop éloigné du coût du nucléaire existant, il faut un financement avec un maximum de dette publique".

Jusqu'à ce jour, EDF était détenu à 84 % par l'Etat. La ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, explique que "par cette décision, nous donnerons à EDF les moyens d'un programme ambitieux de production d'électricité bas carbone".

Focus sur Jean-Bernard Lévy ou le directeur d'EDF aux deux mandats consécutifs

Nommé par François Hollande en 2014, il est le deuxième patron d'EDF à avoir effectué deux mandats successifs. Il a été renouvelé dans ses fonctions en 2019 par Emmanuel Macron. En revanche, il se peut que la dernière ligne droite de son mandat se termine plus tôt que prévu. Effectivement, Jean-Bernard Lévy, qui aura atteint l'âge de 68 ans à la fin de son mandat prévue en mai 2023, pourrait bien terminer sa course dès que l'Etat lui aura trouvé un successeur. Au sein du groupe, certains ont envisagé le départ anticipé du patron. Un proche confirme qu'il "est capable de partir sur un coup d'éclat s'il estime ne pas avoir assez les mains libres pour gérer EDF".

Début d'une nouvelle gouvernance chez EDF

Un cabinet de recrutement a été mandaté pour trouver un successeur à Jean-Bernard Lévy. Bruno le Maire, ministre de l'Economie, a précisé sur France inter que le remplaçant de Jean-Bernard Lévy devait être quelqu'un "qui maîtrise les grands programmes industriels, mais également qui ait le sens du compromis".

De fait, il explique aussi que la renationalisation d'EDF est un choix stratégique, parce que "l'indépendance énergétique n'a pas de prix". Il est appuyé par Elisabeth Borne qui confirme que l'Etat "doit avoir la pleine maîtrise de la production d'électricité et de sa performance" en revenant sur la moitié des réacteurs à l'arrêt à ce jour.