Le nucléaire : un vaste sujet qui divise la politique

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La production nucléaire, un sujet de tous les débats

Des mini centrales nucléaires du côté de la République en marche

En décembre 2020, Emmanuel Macron se rendait sur le site industriel de Creusot pour défendre le nucléaire. Il s'agissait d'un événement sur la semaine consacrée à l'environnement et les énergies décarbonées. Comme il le précisait lui-même à l'époque, la "France produit de l'électricité qui est parmi les plus décarbonées du monde. Grâce à quoi ? Grâce au nucléaire." En défendant que le nucléaire pouvait être lié à la transition énergétique afin d'atteindre la neutralité carbone, le chef d'Etat pourrait annoncer un plan en faveur des SMR (small modular reactor), des mini centrales nucléaires.

Agnès Pannier-Runacher, ministre de l'Industrie, a expliqué quant à elle que le gouvernement pourrait décider de la construction d'EPR "un peu en avance".

Les EPR, qu'est-ce que c'est ?

Il s'agit de réacteurs à eau pressurisée, issus d'une coopération franco-allemande. Le but de son développement est de rendre le nucléaire plus sûr, plus compétitif et plus respectueux de l'environnement.

La Finlande, premier pays à avoir fait le choix de ce type de réacteurs en est à sa cinquième centrale en construction. La France, quant à elle, a lancé la construction de sa première en 2012 à Flamanville, dans la Manche. Le chargement de combustible de ce dernier est prévu pour fin 2022.

réacteurs nucléaires

Les projets internationaux concernant les SMR

Ce sont des modèles réduits de centrales nucléaires telles que nous les connaissons aujourd'hui. Moins coûteuses et à système modulaire, elles permettraient de même un gain de temps, puisqu'elles se construisent rapidement. Tout comme pour les centrales modernes de troisième génération, les SMR privilégient le système de refroidissement passif. De fait, plusieurs jours de fonctionnement sans nécessiter d'intervention humaine permettrait une meilleure sécurité.

Les SMR permettraient aussi de fournir de l'énergie dans les zones éloignées. Elles pourraient donc convenir aux pays en développement ne pouvant investir dans des centrales nucléaires classiques. Elles permettraient donc l'apport en électricité plus facilement. Par ailleurs, certains SMR seraient dotés d'une fonctionnalité permettant de générer de l'eau potable par dessalement.

Il faudra attendre encore quelques mois pour la concrétisation de ces mini centrales nucléaires. Leur plan de financement pourrait être annoncé à la mi-octobre.

Comme l'a précisé Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, "nous allons poursuivre les recherches sur les nouveaux réacteurs de petite et moyenne puissance, mais aussi de nouveaux types de réacteurs, plus sophistiqués".

Une augmentation de production nucléaire souhaitée par la droite

Dans les partis de droite, le nucléaire est prôné, puisqu'il répond à tous les critères. Parmi eux, pas d'émission carbone, la possibilité de production de masse et une énergie moins coûteuse. Des besoins en électricité de plus en plus présents dans une nation où l'on souhaite l'indépendance énergétique.

A ce jour, la droite vante de revoir la politique du nucléaire via un programme industriel. Ce dernier amènerait la construction de nouveaux EPR. "Abandonner le nucléaire, c'est abandonner notre souveraineté nationale et 200 000 emplois directs" expliquait Eric Zemmour lors du débat qui l'opposait à Jean-Luc Mélenchon.

Le désaccord de la gauche sur la question du nucléaire

La gauche est en effet divisée sur le sujet. Où certains annoncent que "le nucléaire n'a pas d'avenir" et "qu'il faut en sortir", le parti socialiste est plus mitigé. Par exemple, Anne Hidalgo annonçait qu'il "faut sortir du nucléaire aussi vite que le développement des énergies renouvelables le permet". Olivier Faure, quant à lui, a été moins modéré sur la question et assume ne pas croire en la sortie du nucléaire pour 2030, considérant qu'un "parc nucléaire doit être maintenu en France".

Jean-Luc Mélenchon, lui, plaide pour l'arrêt total du nucléaire d'ici 2030. Pour l'idée d'une production d'électricité 100 % issue de l'énergie renouvelable, il prône l'abandon du projet EPR. De même, il souhaite la planification de démantèlement de la centrale de Fessenheim, première centrale nucléaire à eau pressurisée mise en service en France, en 1978. Elle a été définitivement mise à l'arrêt en juin 2020.

Le nucléaire : question clé des futures élections ?

Le ministre de l'Économie ne cesse de déclarer son soutien à cette énergie.

La réunion des ministres de l'Économie de l'Union Européenne a eu lieu les 4 et 5 octobre 2021. La Commission Européenne a laissé une porte ouverte à la discussion sur le découplage du prix du gaz et de l'électricité. Elle semble, par ailleurs, plutôt favorable à l'intégration du nucléaire dans son Green New Deal, le pacte vert.

Dans ce climat de flambée des prix de l'énergie, la présidente de la Commission Européenne, Ursula von der Leyen, accuse Moscou d'être à l'origine de l'augmentation du gaz. Elle annonce dès lors une volonté de dissocier les cours des deux énergies. "Nous devons examiner la possibilité de découpler le marché, car nous disposons d'une énergie beaucoup moins chère, comme les énergies renouvelables. […] A court terme, nous discuterons de la manière de traiter le stockage, une réserve stratégique. […] Car si les prix de l'électricité sont élevés, c'est en raison des prix élevés du gaz".

C'est dans l'attente de la décision bruxelloise que Jean Castex a mis en place son "bouclier tarifaire" en proposant un gel du prix du gaz, de novembre 2021 à avril 2022.