Energies renouvelables : malgré l'investissement, peu de mouvement

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Tout comme le GIEC, le REN21 fait un mauvais rapport sur les énergies renouvelables

En effet, le troisième volet du rapport du GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) était troublant et sans appel. Le 4 avril dernier, le couperet tombait et la sentence a fait mal. Tous les scénarios servant la limitation du réchauffement climatique « impliquent de rapides, profondes et la plupart du temps immédiates réductions de gaz à effet de serre, dans tous les secteurs ». Un boom dans les énergies renouvelables qui, pourtant, n'a pas l'effet escompté : les émissions de gaz à effet de serre ne freinent pas. La demande mondiale d'énergie est telle qu'on se sert toujours autant des hydrocarbures. Le 15 juin, ce sont les experts du Réseau d'énergies renouvelables (REN21) qui ont publié un rapport quelque peu alarmant. Rapport annuel dans lequel ils préviennent qu'il y a urgence si on veut atteindre les objectifs de la neutralité carbone en 2050.

Électricité renouvelable

Une occasion manquée pour les énergies renouvelables en 2021

Le REN21, composé de 650 experts, a qualifié l'année 2021 d'occasion manquée. Leur rapport fait froid dans le dos et démontre un peu plus encore l'état d'urgence de la situation.

En effet, le REN21 met en avant que l'évolution des énergies renouvelables n'a pas modifié la consommation d'énergies fossiles.

Après la pandémie covid, la reprise économique mondiale a fait augmenter la demande d'énergie de 4 %. Pour satisfaire cette dernière, l'ajout de capacité via les énergies renouvelables n'a pas suffi. De fait, les fournisseurs d'énergie ont eu recours, et ce massivement, aux centrales à gaz, à charbon, ou encore à pétrole. Ces derniers ont contribué à hauteur de 6 % à une augmentation des émissions de CO2 de 6 %. Le Co2 est le principal gaz à effet de serre, pour rappel.

En plus de ce triste constat, le scénario à venir pour 2022 ne rassure pas. Rana Adib, la directrice de REN21 explique que "depuis la hausse des prix et la crise avec la Russie, on assiste à une frénésie dans le recherche de ressources fossiles, c'est une marche arrière alarmante".

Teresa Ribera, ministre espagnole de la transition écologique et vice-présidente de REN21, exprime que "la transition énergétique est notre planche de salut. [Les énergies renouvelables sont] la seule source d'énergie pouvant offrir à tous les pays une plus grande autonomie et la sécurité énergétique".

Le vaste sujet des transports

Le REN21 déplore à ce jour de ne pas voir s'opérer de transition vers les énergies renouvelables. La part des renouvelables a pourtant progressé, mais la demande a tellement augmenté que cela reste infime. De plus, certains secteurs ne progressent pas. Le point noir se trouve notamment dans les transports. La part des énergies renouvelables ne pèse que 3.7 % de leur consommation. Les experts expliquent que "l'absence de progrès est particulièrement inquiétante, car ce secteur représente presque un tiers de la consommation mondiale d'énergie".

Investissement dans le fossile en augmentation

Suite à la pandémie et aux divers confinements, les différents Etats se sont tournés vers les combustions fossiles. En effet, celles-ci ont représenté la majeure partie de l'augmentation d'énergie. Selon les experts, cela a "entraîné la plus forte hausse des émissions mondiales de CO2 de l'histoire, soit une augmentation de plus de 2 milliards de tonnes à partir de 2020".

Le REN21 ajoute qu'entre 2018 et 2020, "le montant exorbitant de 18 000 milliards de dollars en subventions aux combustibles fossiles [ont été dépensée], parfois parrallèlement à la réduction du soutien aux énergies renouvelables, par exemple en Inde".

Cette situation s'aggrave encore aujourd'hui avec le marché de l'énergie. Les augmentations du prix du gaz et du pétrole sont exacerbées par l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

Pour le REN21, il y a "un écart alarmant entre les ambitions et les actes". Le rapport constate que les solutions sont cherchées du côté des énergies fossiles, soutenant la production de gaz et de carburant.

Les énergies renouvelables restent la meilleure option

Pour REN21, il faudrait investir massivement dans la sobriété énergétique et multiplier par trois l'installation des énergies renouvelables. Les experts appellent, en citant 84 pays en exemple, à adopter des objectifs clairs sur les énergies renouvelables, et ce dans l'ensemble des secteurs économiques.

Rana Adib explique que "les énergies renouvelables sont la meilleure option, et la plus abordable, pour contrôler la volatilité des prix. Nous devons augmenter la part des énergies renouvelables et en faire une priorité des politiques économiques et industrielles. On n'éteint pas un incendie avec un lance-flammes".