Quel est l'avenir des fournisseurs alternatifs dans la crise énergétique ?

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Qu'est-ce que les fournisseurs alternatifs ?

Pour résumer, le marché de l'énergie en France ne connaissait que deux fournisseurs, EDF et GDF (devenu Engie). Ils étaient alors deux organismes à facturer le gaz et l'électricité aux consommateurs. En 2007, en revanche, est arrivée l'ouverture du marché à la libre concurrence. Engie et EDF sont alors devenus les fournisseurs dits historiques. Face à eux sont apparus les fournisseurs alternatifs. Ce sont des concurrents se basant sur les tarifs réglementés afin de vous proposer des offres de marché. Vous le savez, ces tarifs sont ceux qui vous sont proposés par EDF et Engie, et sont fixés par l'Etat.

Comment les fournisseurs alternatifs peuvent proposer des tarifs moins chers ?

Il faut dire que les différents fournisseurs ne disposent pas forcément de structures de production. Ils achètent l'énergie sur le marché de gros. De fait, en fonction de la demande et de la quantité achetée, ils peuvent tirer les prix vers le bas. Ils représentent tout simplement l'intermédiaire entre le marché et le consommateur.

Certains fournisseurs, comme ceux qui proposent de l'énergie verte et responsable, achètent l'énergie aux producteurs, et il se peut alors que celle-ci vous soit proposée plus cher.

En revanche, en fonction de vos besoins, mais aussi de vos convictions, vous ne paierez pas l'énergie au même prix. Son coût dépend tout simplement du prix auquel votre fournisseur rachète l'énergie sur le marché. Que vous soyez chez les fournisseurs historiques ou chez des fournisseurs alternatifs, vous payez l'énergie, bien sûr, mais aussi l'extraction des matières premières et son acheminement jusque chez vous.

Les fournisseurs alternatifs ont donc moins de frais vis-à-vis de l'entretien des structures ou bien leur mise aux normes. Cela leur permet en effet de rogner les prix pour vous faire profiter de meilleures offres.

La situation actuelle : une inquiétude forte pour les fournisseurs alternatifs

Actuellement, la production d'énergie pose problème, et son acheminement est bien évidemment impacté. Plusieurs causes au climat de ce jour : la reprise de l'activité mondiale suite à la crise sanitaire qui implique une demande exceptionnelle, mais aussi l'arrivée de l'hiver qui s'annonce rude, alors que les stocks sont déjà bas.

De fait, le réapprovisionnement est compliqué, les stocks restent bas, l'acheminement est une affaire délicate et la production ne suit pas. Pour l'électricité, et grâce à son parc nucléaire, la France fait face. Concernant le gaz en revanche, plus de 90 % de la consommation est importée. De plus, en Europe, l'électricité est cotée sur le marché du gaz.

Une demande énorme qui découle sur un prix démesuré

Le gaz nous est principalement fourni par la Norvège (environ 30 %) et la Russie (environ 20 %). En plein climax géopolitique, la mer du Nord est en travaux de maintenance et force la Norvège à réduire sa production, et donc son exportation. La Russie, quant à elle, profite de la situation pour faire fluctuer son acheminement de gaz.

A ce jour, en Europe, le prix de l'énergie est fixé sur le cours du gaz. Même si le gouvernement français dénonce cette pratique, le coût du gaz étant en constante hausse, les tarifs de l'énergie explosent. Certains fournisseurs alternatifs ne sont donc pas armés pour gérer cette inflation, et les craintes de ces derniers croissent en ce qui concerne leur avenir.

Quels sont les enjeux et les risques ?

En Europe

En Angleterre, plus de 16 fournisseurs ont dû déclarer forfait, et la crise actuelle pourrait bien généraliser la situation sur toute l'Europe.

Une vague de faillites ravage de même le marché de l'énergie en Belgique.

En France

Quasi tous les fournisseurs alternatifs, pour faire face, se voient obligés de suspendre leurs offres avantageuses. Ils proposent alors à leurs clients de les basculer sur des offres bien plus chères, voire, annulent des contrats.

Certains d'entre eux arrêtent tout simplement leur activité de fourniture d'énergie.

A ce jour, même le mastodonte TotalEnergies propose un kilowattheure plus cher que celui d'EDF, après avoir cessé la commercialisation de ses deux offres remisées.

Nombre de fournisseurs refusent de prendre de nouveaux clients, afin d'éviter la faillite. Les fournisseurs proposant des offres à prix fixe, vendent à perte puisque, le tarif étant bloqué chez le consommateur, les fournisseurs alternatifs achètent leur énergie plus cher qu'ils ne la revendent.

La présidente de l'ANODE, Naïma Idir, estime que les fournisseurs alternatifs n'auront pas la trésorerie suffisante pour absorber le choc.

centrale à gaz

Les différents constats

A la veille de la suppression des tarifs réglementés du gaz, le gouvernement compte lisser les prix pour limiter la perte du pouvoir d'achat des Français. En revanche, comme le précise Naïma Idir, le blocage des tarifs réglementés "aura des conséquences pour tous les fournisseurs, pas uniquement pour Engie […] une distorsion inacceptable de la concurrence qui ne pourra pas concurrencer les tarifs d'Engie."

L'ANODE (association nationale des opérateurs détaillants de l'énergie) voit une inégalité dans le bouclier tarifaire, et demande plutôt :

  • une baisse des tarifs exercés par les gestionnaires de réseau
  • une réduction de la fiscalité qui représente, à elle seule, environ 30 % de la facture finale.

Frédérique Feriaud, directrice générale du Médiateur de l'énergie, dénonce un constat froid; "La plupart des fournisseurs ne sont plus en mesure de maintenir leurs anciennes grilles tarifaires, qui ne sont plus rentables".

Dans l'attente que la situation se stabilise, la peur et les doutes s'invitent sur le marché de l'énergie et dans le monde des fournisseurs alternatifs. Une affaire brûlante à suivre de près pour ne pas y perdre.