Une augmentation des besoins en électricité attendue dans les prochaines années

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Le RTE, réseau de transport électrique, a rendu son rapport sur les scénarios de la neutralité carbone d'ici à 2050. Ce rapport, "Futurs énergétiques 2050" servira de support au gouvernement pour gérer l'univers de l'énergie.

Cette étude, lancée en 2019, était très attendue. Le RTE a rendu son étude publique le 25 octobre dernier et annonce que "le système électrique de la neutralité carbone peut être atteint à un coût maîtrisable pour la France".

Si la consommation d'énergie en France sur les 30 prochaines années est un sujet qui lance beaucoup de débats et d'échanges, c'est parce qu'on entend qu'il va devoir déclencher une profonde révolution énergétique, pour la lutte contre le réchauffement climatique. De fait, le but est d'abandonner les énergies fossiles, grandes émettrices de CO2, pour favoriser les énergies non carbonées.

Bilan sur les besoins en électricité

En 2019, par exemple, 70 % de l'énergie totale consommée en France étaient issus des énergies fossiles. Cela signifie que, d'ici 2050, 30 % de la consommation actuelle devront suffire à couvrir l'intégralité de nos besoins énergétiques. Seulement deux types d'énergies permettent d'atteindre le seuil décarboné : le nucléaire et les énergies renouvelables. Leurs émissions sont en effet limitées aux cycles de vie des matériaux (construction, entretien et démantèlement). Ces derniers sont obligatoires pour transformer la matière première en électricité exploitable sur le réseau.

Une augmentation des besoins en électricité due à la sortie des énergies fossiles

L'électricité risque bien de devenir l'énergie dominante pour pallier le réchauffement climatique. En revanche, il n'est pas simple de faire une estimation des besoins sur 30 ans. Il n'y a pas de droit à l'erreur. Une étude doit être menée pour faire le point sur les différents scénarios, dont l'étendue est très large. Il est donc possible que l'estimation ne soit pas exactement au RDV avec la réalité en 2050.

Des conséquences graves pourraient découler d'un mauvais calcul.

Entre autres, des pénuries d'électricité dans le pays

Cela pourrait avoir des retombées catastrophiques sur lavis quotidienne, avec des cycles de pannes fréquentes et aléatoires, si jamais on estimait mal les besoins en électricité des citoyens, qui seraient difficilement supportables. De même, les retombées seraient aussi économiques. La pénurie pourrait toucher les secteurs de production et de l'industrie, potentiellement impactés par cette situation, à des degrés plus ou moins importants. A l'heure actuelle, nous en avons vu des exemples comme en Californie ou bien, plus récemment, en Chine, où certaines régions subissent des restrictions de consommation afin de privilégier l'industrie.

Pas de solution de secours en cas de non-fourniture

A ce jour, quand la production décarbonée ne couvre pas l'ensemble des besoins en électricité, on a tendance à se tourner vers les énergies fossiles, en "plan B". Il faudra donc sécuriser au maximum les stocks, le réseau, la fourniture et le transport.

Les experts du RTE se prononcent sur la présence du nucléaire obligatoire pour couvrir les besoins en électricité

Faire disparaître le nucléaire pourrait tout simplement ajouter "une contrainte très forte sur l'atteinte de la neutralité carbone". L'énergie nucléaire est, de plus, moins onéreuse à ce jour que les énergies renouvelables. "Construire de nouveaux réacteurs nucléaires est pertinent", économiquement parlant, dénonce le rapport RTE.

Xavier Piechaczyk, patron du directoire du RTE, déclare à l'Express qu'il "y a urgence à décarboner nos usages, il y a urgence à électrifier l'économie, car cela sert à la décarbonation. Il y a aussi urgence à prendre les orientations sur notre futur mix électrique. Car plus tôt ces orientations seront prises, plus vite nous serons en ordre de marche vers nos objectifs climatiques."

La sortie complète du nucléaire en 2050 pourrait donc être difficilement envisageable. De plus, la neutralité carbone est "impossible sans un développement significatif des énergies renouvelables", un investissement lourd pour une production actuellement intermittente, environ 25 milliards d'euros par an selon les estimations du RTE.

réacteurs nucléaires

Les données du RTE sur les besoins en électricité qui récoltent de l'opposition

Yannick Jadot, homme politique membre des Verts et désigné candidat du Pôle écologiste en vue des prochaines élections, dénonce une "manipulation du gouvernement". Il déclare dans un tweet, le jour même de la remise du rapport, que "la présentation des scénarios RTE se révèle partielle et donc partiale. Nous, écologistes, dénonçons cette manipulation du gouvernement. Toute décision politique sur l'avenir du système électrique français requiert pourtant sérieux et transparence." Il va jusqu'à affirmer que "le but du président de la République et de son gouvernement est clair : justifier à n'importe quel prix la relance du nucléaire".