Renflouement d'EDF : les Français seront-ils mis à contribution ?

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L'annonce d'une prochaine augmentation de capital de 4 milliards d'euros chez EDF, dont 3 milliards d'euros supportés par l'État, ne fait pas que des heureux. Les premiers grincements de dents se sont manifestés ce lundi 25 avril à la Bourse de Paris, lorsque le titre de l'électricien s'est imposé comme la lanterne rouge de la journée et a perdu pas moins de 7,56 %. Au-delà, de nombreux particuliers s'inquiètent également des possibles répercussions sur leurs futures factures d'électricité.

Faut-il craindre une augmentation incontrôlée des célèbres « tarifs bleus » EDF ? Selon toute vraisemblance, la hausse devrait être constante mais modérée dans les années à venir.

EDF en difficulté pour faire face à ses prochains investissements

Jean-Bernard Lévy, le P-DG d'EDF, ne cesse de le répéter dans tous les médias ces derniers jours : l'entreprise « se porte bien » et « gagne de l'argent ». Les inquiétudes entourant l'avenir du groupe ne seraient donc selon lui pas fondées. Néanmoins, le dirigeant reconnaît dans le même temps que l'entreprise « a beaucoup d'investissements à faire ».

C'est tout le paradoxe d'EDF : bien que le fournisseur historique d'électricité continue à bénéficier de la fidélité de près de 90 % des foyers français, il souffre d'un endettement record de 37 milliards d'euros. Dans un contexte de baisse du prix de l'électricité sur le marché de gros, les revenus de l'entreprise se réduisent au moment même où celle-ci doit faire face à des investissements cruciaux pour son avenir. EDF doit notamment assurer la fin du chantier – et du gouffre financier – de l'EPR britannique à Hinkley Point, mais aussi le renouvellement du parc des centrales nucléaires françaises.

Une augmentation de capital supportée par le contribuable

Avant même qu'ils aient à s'inquiéter de leur facture d'électricité, les Français auront apporté sans le savoir une contribution financière significative à l'augmentation de capital en cours chez EDF. Sur les 4 milliards d'euros du total de l'opération, EDF ne financera en effet qu'un milliard via les marchés boursiers. L'État puisera dans son budget pour s'arroger 3 milliards d'euros des nouvelles parts. Autrement dit, les Français paieront d'abord et avant tout… en tant que contribuables !

L'État devrait également renoncer au moins en 2016 et en 2017 à percevoir l'intégralité des dividendes auxquels il aurait pu prétendre en tant qu'actionnaire majoritaire d'EDF. Un manque à gagner pour l'État qui se chiffre à nouveau en milliards d'euros !

Autre conséquence de cette augmentation de capital : les particuliers qui cumulent la qualité de contribuables avec celle de petits actionnaires chez EDF subiront une dilution d'environ 20 % de leur participation dans l'entreprise.

Vers une hausse modérée de la facture d'électricité

L'augmentation de capital en cours chez EDF va-t-elle entraîner une hausse du prix de l'électricité ? Selon le P-DG Jean-Bernard Lévy, les deux phénomènes n'ont « rien à voir ». Les tarifs réglementés de l'électricité ne font pas l'objet d'un choix de la part d'EDF mais sont calculés et fixés par la commission de régulation de l'énergie (CRE). L'organisme doit les maintenir à un niveau suffisant pour qu'ils couvrent les coûts supportés par EDF, qui se contente d'émettre des souhaits.

L'hypothèse privilégiée par le P-DG du fournisseur historique d'électricité est celle de « hausses régulières et modestes ». Selon lui, cette stratégie permettra à EDF de préserver ses marges de manœuvre sans imposer une contribution disproportionnée aux consommateurs. Après la dernière hausse de 2,5 % des tarifs réglementés datant du 1er août 2015, une seconde augmentation est donc à prévoir au 1er août 2016… mais aussi les années suivantes.