Fin des réseaux 2G et 3G d'Orange officialisée, comment ça se passe ?
Avant d'en faire l'annonce de manière massive, Orange a profité du Mobile World Congress, ayant eu lieu cette semaine à Barcelone, pour annoncer la fin de ses réseaux 2G et 3G.
En France, la 4G est opérationnelle depuis 2011. Orange annonce la fin des réseaux 2G et 3G de l'enseigne et la redistribution des fréquences libérées pour la 4G et la 5G. Comment cela doit-il se dérouler ? Quels sont les enjeux ? Cette démarche aura-t-elle des impacts ?
Les raisons qui poussent Orange à mettre fin à ses réseaux 2G et 3G
Si l'opérateur justifie l'action par des bénéfices que devraient y trouver les consommateurs, il met plusieurs arguments en avant.
L'impact environnemental
La 4G et la 5G sont des "technologies plus sécurisées, résilientes et économes en énergie". L'ANFR (agence nationale des fréquences) avait elle aussi appuyé cette notion. Orange souhaite donc mettre fin à ses réseaux 2G et 3G, bien évidemment de façon progressive, et ce dans tous les pays où il exerce. De fait, le planning de cette extinction variera en fonction des pays concernés. Nous retrouvons notamment l'Espagne, la Belgique, le Luxembourg, la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie, et bien entendu la France.
De fait, en France plus précisément, l'opérateur historique compte éteindre le réseau 2G en premier, les équipements 3G étant plus nombreux. La fin du réseau 2G est prévue pour 2025, et celle du réseau 3G d'ici 2028.
Orange confirme toutefois que les fréquences libérées par la fin de ses réseaux 2G et 3G seront redéployées pour améliorer la couverture des réseaux 4G et 5G.
En effet, les opérateurs ont déjà mis en place des équipements 4G sur leurs antennes 3G.
Michaël Trabbia, le directeur technologie et innovation chez Orange qui a pour mission de renforcer la data et l'IA (intelligence artificielle), explique que "l’arrêt progressif des anciennes technologies telles que la 2G et la 3G est essentiel pour positionner Orange parmi les opérateurs de réseau leader en Europe et pour offrir à nos clients la meilleure connectivité possible". Il ajoute que "la suppression des couches technologiques obsolètes et la mise en commun des ressources permet de se concentrer sur la construction de réseaux pérennes, résilients, automatisés, optimisés et efficaces sur le plan énergétique. Les clients profiteront de réseaux plus performants et durables, tout ceci au bénéfice de l'expérience utilisateur".
La fin des réseaux 2G et 3G d'Orange, selon l'opérateur, permettra d'atteindre les objectifs environnementaux qu'il s'était fixés : "devenir net carbone d'ici 2040".
Le réseau 2G pose des problèmes de sécurité
Plusieurs organisations pointent du doigt à ce jour les problèmes de sécurité remarqués sur le réseau 2G. Il faut dire que c'est la première technologie de réseau cellulaire. Elle a vu le jour au début des années 90 et montre à ce jour des "trous dans la raquette". En effet, cela pourrait s'expliquer par le fait que le développement des organismes de normalisation ne tenaient pas compte de certains dangers pouvant planer sur le réseau mobile. De fait, beaucoup d'entre elles dénoncent des erreurs de chiffrement entre la tour et l'appareil, ce qui peut être craqué facilement et laisser la fenêtre ouverte aux attaques et à l'interception des appels ou messages.
La fin du réseau 2G a déjà été adoptée dans des zones comme l'Amérique du Nord, Taïwan, la Corée du Sud ou bien le Japon. En Europe, de nombreux réseaux continueront de supporter la 2G jusqu'en 2025.
Un mouvement attendu qui s'opère maintenant mondialement
Les télécoms vont voir une page se tourner avec la fin des réseaux 2G et 3G d'Orange.
La décision de stopper les réseaux 2G et 3G n'est pas nouvelle, et le processus a déjà été entamé, dans le cadre du New Deal Mobile.
Si la nouvelle peut faire peur, la fin des réseaux 2G et 3G n'est pas inattendue dans le milieu de la technologie qui s'est engagé à atteindre la neutralité carbone d'ici 2040. Pour de nombreux opérateurs, le spectre de ces réseaux n'alloue pas les ressources de manière optimale.
Orange prévoit donc un retrait progressif entre 2025 et 2028, 2030 pour le reste de l'Europe où il opère. Par ailleurs, certains opérateurs ont déjà fermé ces réseaux qu'ils jugeaient obsolètes. Par exemple la Norvège, cette dernière n'a plus d'opérateurs proposant la 3G, et ce depuis plus d'un an. L'Allemagne est dans cette logique depuis quelques mois, elle aussi. Sans oublier les américains qui ont prévu de couper le réseau définitivement cette année même.
Quels sont les impacts potentiels de la fin des réseaux 2G et 3G d'Orange ?
En effet, beaucoup de machines connectées comme les terminaux de paiement, les alarmes ou bien les ascenseurs sont équipées de carte SIM. Ces dernières permettent de communiquer en 2G ou 3G. L'opérateur historique Orange 'est le premier des grands opérateurs à amorcer l'extinction des deux technologies 2G et 3G", précise Michaël Trabbia. Si l'une des deux technologies est coupée, ces cartes pourront accéder à l'autre. En revanche, pour un passage à la 4G ou à la 5G, il faudra changer de puce. Parfois, ce changement peut entraîner un remplacement de l'appareil complet.
Les remplacements à prévoir sont donc nombreux du côté des professionnels ou bien des collectivités locales. Ces dernières devront s'organiser pour les différents équipements. Ces derniers regroupent entre autres les feux de circulation, les horodateurs ou encore des capteurs de comptage ou de pollution. Une liste d'équipements qui se fait longue et coûteuse avec une réorganisation du pilotage des appareils. Cette annonce de la fin des réseaux 2G et 3G souligne donc un budget réel, tout en sachant que ces coûts viennent s'ajouter à ceux découlant du retrait du réseau cuivre.
De fait, M. Trabbia précise bien qu'il lance l'alarme bien en avance, afin de donner "le signal pour que toute l'industrie comprenne qu'il faut évoluer, mais [il se donne] presque sept ans pour le faire". C'est un temps qui peut sembler long, mais qui permettra le renouvellement d'équipement vieillissant, mauvais pour l'environnement selon le groupe.
Et pour les particuliers...
Pour les particuliers et le domaine de la téléphonie mobile, Orange rassure. Aujourd'hui, très peu d'appareils restent incompatibles avec la 4G. D'après l'opérateur, aucun client ne devrait trouver de détérioration au niveau de son utilisation, bien au contraire. Michaël Trabbia confirme même que "la couverture 4G sera au moins équivalente à la couverture 2G / 3G. Nous réutiliserons les fréquences, notamment la bande 9 MHz en 4G". A ce jour, l'opérateur ne voit donc aucune entrave à la fin de ses réseaux 2G et 3G puisqu'il estime que moins de 10 % du parc téléphonique est incompatible à la 4G. Il part donc du principe que cette part qui diminue rapidement devrait être réduite considérablement d'ici à 2028.