Qu'est-ce que le dégroupage d'une ligne ADSL ?
- Le dégroupage : une technique complexe, mais un principe simple
- Les avantages
- Dégroupage partiel ou total ?
- Un développement rapide mais encore incomplet
Le « dégroupage » progressif de plusieurs milliers de centraux téléphoniques a notamment rendu cette évolution possible. On les appelle aussi nœuds de raccordement à travers le territoire. En quoi consiste exactement ce procédé, et quels en sont les avantages pour le client final ?
Le dégroupage : une technique complexe, mais un principe simple
Pour leurs communications téléphoniques et accès à Internet, les différents foyers français sont reliés au central le plus proche de chez eux. Ces centraux, ou « nœuds de raccordement » (NRA), sont au nombre d'environ 15 000 en France et assurent donc l'interface entre le réseau de distribution en cuivre et les grandes autoroutes de l'information au niveau national ou international, qui reposent pour l'essentiel sur la fibre optique.
Pour proposer une offre distincte et autonome par rapport au monopole historique d'Orange/France Telecom, les fournisseurs alternatifs d'accès à Internet ont développé leurs propres réseaux de fibre optique sur le territoire et les ont raccordés aux répartiteurs de ces centraux téléphoniques.
Le dégroupage de la boucle locale en cuivre consiste alors à intervenir sur ce central téléphonique pour y séparer l'abonnement classique au téléphone, qui reste de la compétence de l'opérateur historique, et les services Internet, qui peuvent dès lors être proposés par plusieurs fournisseurs différents via des formules très variées (offres triple play Internet/TV/téléphone, etc.). Concrètement, l'opérateur historique Orange/France Telecom loue ses centraux téléphoniques à ses concurrents pour leur permettre d'y installer leurs propres équipements.
En résumé, et du point de vue de l'internaute, le fait d'être raccordé à un central dégroupé signifie simplement qu'il aura le choix entre plusieurs prestataires pour son accès à Internet. Il peut même (en cas de dégroupage total) renoncer entièrement à son abonnement téléphonique facturé chez France Telecom.
Les avantages
Les avantages liés au dégroupage des différents centraux téléphoniques du territoire sont de deux ordres. Au niveau national, la multiplication des points d'accès ouverts aux fournisseurs alternatifs et le développement continu des réseaux en fibre optique se traduisent par une baisse des prix de détail, qui profite à tous les utilisateurs sans exception.
Ces derniers disposent par ailleurs d'une plus grande liberté de choix pour leur accès à la toile. Une fois qu'un nœud de raccordement est dégroupé, il est simple de choisir un abonnement Internet chez un fournisseur alternatif. De même, au besoin, de le résilier pour changer d'opérateur. En cas d'abonnement à une offre triple play, par exemple, c'est votre nouvel opérateur qui va prendre en charge la demande de dégroupage auprès d'Orange. Il veillera à la bonne réalisation de cette opération. De votre côté, vous n'avez plus qu'à accuser réception des différents équipements envoyés par l'opérateur (box Internet, décodeur…). Il vous faudra simplement les mettre en service en respectant les prescriptions de la notice.
Avec l'évolution des technologies et l'expérience accumulée par les opérateurs, le coût du dégroupage lui-même a connu par ailleurs une diminution continue. Cela a permis l'apparition d'offres toujours plus compétitives.
Dégroupage partiel ou total ?
En cas de dégroupage partiel, Orange continue à prendre en charge l'abonnement téléphonique fixe de l'utilisateur et utilise les bandes de fréquence basses pour assurer ces communications « voix ». Dans cette situation, l'utilisateur bénéficie d'un service Internet ADSL auprès du fournisseur de son choix mais continue à s'acquitter d'une facture de téléphone auprès de l'opérateur historique.
Le dégroupage total va plus loin. Le fournisseur Internet, cette fois, accapare la totalité des fréquences sur le réseau cuivre qui relie le domicile jusqu'au répartiteur. Il assure donc à la fois l'accès à l'Internet en haut débit et les communications « voix » par l'intermédiaire du réseau IP (les prises téléphoniques classiques sont inutilisables). L'utilisateur n'a plus qu'une facture à payer auprès de son fournisseur d'accès à Internet. C'est lui qui loue le réseau cuivre à Orange et devient le seul interlocuteur du client. Il s'agit typiquement de la structure utilisée pour toutes les offres de box Internet en « triple play ». Ce sont les offres qui associent le téléphone, Internet et la télévision.
Un développement rapide mais encore incomplet
Les premières opérations de dégroupage, en France, ont débuté en 2004. Elles ont permis la multiplication rapide des offres d'accès à Internet. En dix ans seulement, les progrès accomplis ont été considérables : à la fin de l'année 2014, le dégroupage de la ligne téléphonique concernait environ 11,5 millions de foyers en France.
Pour autant, seuls les centraux téléphoniques dans les zones les plus densément peuplées sont généralement convoités par les fournisseurs d'accès. C'est une évidente question de rentabilité. À ce jour, environ 9 000 nœuds de raccordement ont fait l'objet d'un dégroupage. Plusieurs milliers d'autres ne sont donc toujours pas concernés par cette opération. Cette situation contribue notamment à la fameuse « fracture numérique » entre les foyers urbains raccordés et ceux, situés en campagne, qui ne disposent pas d'un accès satisfaisant à Internet.
Afin d'y remédier, plusieurs collectivités locales (départements et intercommunalités) ont fait le choix de lancer un réseau d'initiative public. Elles encouragent alors le dégroupage et le développement d'Internet sur leur territoire. Dans ce type de montage, la collectivité locale investit et fournit elle-même les équipements techniques nécessaires aux fournisseurs d'accès. Ces derniers peuvent ensuite les louer pour les utiliser et offrir des formules d'abonnement aux clients locaux. Le dégroupage public permet donc aux fournisseurs de diffuser leurs offres dans les territoires ruraux les plus isolés. Cela permet un coût moindre qu'un investissement assumé en propre.