Gaz russe : l'Europe voit de plus en plus clair sur l'arrêt de l'importation

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Aucune difficulté n'est prévue pour l'été, même sans gaz russe

Toute l'Europe est touchée par la décision récente de Gazprom vis-à-vis des livraisons de gaz russe. En effet, la société ne respecte plus ses contrats avec les importateurs européens. Si le gouvernement français se veut rassurant concernant l'approvisionnement à ce jour, les inquiétudes se font sentir pour l'hiver prochain.

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Un hiver sans gaz russe est évoqué depuis le début de la guerre en Ukraine. Un risque de toucher l'industrie de par un rationnement des usages se fait sentir. Une source de l'industrie française explique au journal Les Echos que "c'est une rupture. On n'est plus dans la menace. C'est la première fois que Gazprom se place de fait en rupture de contrat, c'est très inquiétant. Le scénario d'un arrêt total de l'approvisionnement ne peut plus être exclu".

Aucune inquiétude pour l'été cependant. D'après Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition énergétique, "cette réduction des livraisons ne met pas en péril la sécurité d'approvisionnement de notre pays. Nous avons les moyens d'assurer nos besoins en gaz grâce aux livraisons que nous recevons depuis d'autres pays".

Les cuves de stockage sont pleines à un taux légèrement supérieur à la normale pour la période de l'année. La campagne de remplissage quant à elle se poursuit, notamment par les flux de gazoducs d'autres pays, comme la Norvège et l'Espagne.

L'arrêt total de livraisons de gaz russe inquiète cependant

L'Etat envisage à ce jour un arrêt total de livraison de la part de la Russie. GRTgaz, l'opérateur majeur du transport de gaz à haute pression et un expert mondial des systèmes gaziers, explique que "la France devrait pouvoir assurer l'équilibre offre-demande du système gazier" si les températures hivernales sont normales. Toutefois, en cas de froid, qu'il soit intense ou tout simplement tardif, des mesures devront être mises en place. GRTgaz parle de soumettre des ordres d'interruption de fourniture pour des clients industriels. Nous retrouvons ceux qui se sont engagés à réduire leur consommation contre rémunération.

La mesure suivante serait le "mécanisme national de délestage". Ce dernier impose des coupures aux firmes dépassant les cinq gigawattheures par an. Le particulier ne serait pas impacté par cette dernière qui cible principalement les sites industriels et tertiaires. Par exemple, certains centres commerciaux.

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L'Italie et l'Allemagne seraient grandement impactées, la Russie fournissant avant la guerre environ 40 % des besoins en gaz des deux pays.

Des cours qui ont doublé dès le 13 juin

Les cours européens ont dépassé les 122 euros le vendredi 11 juin. Cela équivaut au double de la semaine précédente. Si Gazprom conserve son niveau actuel d'exportations, il se pourrait que le niveau des stocks européens ne soit rempli qu'à hauteur de 69 % au premier novembre. De fait, nous serions loin des objectifs, fixés à 80 % pour cette période. Nous pourrions même atteindre les 60 % si l'interruption de livraison de gaz russe se faisait totale.

Une nouvelle problématique dans la guerre énergétique qui fait chuter Engie

Le principal importateur de gaz en France, Engie, a vu son titre chuter en Bourse de 8 %. Même si le groupe précise qu'il s'agit d'un nouveau coup dur pour le système gazier européen, la situation semble s'être stabilisée. Engie assure que, à ce jour, il n'y aura "pas d'impact sur l'approvisionnement des clients".

De même, le groupe "rappelle que sa politique de couverture a été adaptée au cours des derniers mois pour être résiliente à la volatilité des marchés actuels". En effet, la crise de l'énergie a commencé avant la guerre en Ukraine, et le groupe avait d'ores et déjà anticiper une partie des risques.

Engie annonce qu'il serait en droit d'attaquer Gazprom en justice pour rupture de contrat, "mais ce n'est pas le sujet aujourd'hui".