Réseau électrique intelligent : SOGRID débute son test à Toulouse

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L'avènement des réseaux électriques intelligents, ou « smart grid », a été un sujet régulièrement abordé ces derniers temps, mais souvent pour évoquer l'avenir du marché de l'énergie à un horizon de dix ou vingt ans.

Cette fois, pourtant, le futur frappe bel et bien à nos portes : depuis le 7 septembre dernier et jusqu'à l'été prochain, pas moins de 1 000 foyers de la région toulousaine testent en exclusivité le projet SOGRID, développé conjointement par le distributeur de l'électricité en France, ERDF et l'entreprise STMicroelectronics.

Le principe ? Des centaines de compteurs et équipements divers communiquent désormais entre eux et vers un centre de supervision via la technologie du courant porteur en ligne (CPL), et contribuent ainsi à l'autorégulation de la production et de la consommation d'électricité.

SOGRID : un projet innovant soutenu par un large partenariat

Le test lancé au début du mois constitue le premier aboutissement d'un ambitieux projet de recherche et développement lancé en avril 2013 à Toulouse. SOGRID, contraction de « Sud-Ouest » et du mot anglais « Grid » (réseau), s'inscrit parmi la vingtaine de projets retenus au niveau national par le distributeur ERDF dans le cadre de son opération Réseaux Électriques Intelligents (REI).

Par rapport aux autres initiatives, SOGRID se distingue par son ambition et son envergure. Afin de faire de l'Aquitaine et du Midi-Pyrénées des pionnières internationales en matière de réseaux électriques intelligents, ERDF s'est adjoint plusieurs partenaires de marque, dont notamment le franco-italien STMicroelectronics, spécialisé dans les semi-conducteurs. Participent également à l'initiative plusieurs grandes entreprises (Sagemcom, Landis+Gyr, Capgemini et Nexans) et quelques PME innovantes comme LAN et Trialog. Plusieurs établissements de l'enseignement supérieur et de la recherche apportent enfin leur concours, dont notamment le labo informatique LIX rattaché à l'École Polytechnique et enfin l'Institut polytechnique de Grenoble.

Le projet SOGRID bénéficie d'un soutien actif des pouvoirs publics. Sur les 27 millions d'euros du budget global, 12 millions proviennent en effet de subventions versées par l'Agence de l'Environnement et de la Maitrise de l'Energie (Ademe) au titre des « investissements d'avenir ».

Un test grandeur nature pendant un an

La phase d'expérimentation de SOGRID devrait s'étendre du 7 septembre 2015 jusqu'à l'été 2016.

Elle concerne un total de 1 000 compteurs électriques situés dans les communes de Toulouse et de Vieille-Toulouse.

Il s'agit pour l'essentiel de sites résidentiels, qui correspondent à des foyers de particuliers, même si quelques commerçants sont également concernés par le test.

Quelles innovations techniques ?

SOGRID consiste à doter le réseau électrique local de compteurs et autres équipements capables de communiquer entre eux par la technologie du courant porteur en ligne (CPL), qui permet la transmission de données informatiques sur le réseau des câbles d'électricité.

Ce bond technologique, simple en apparence, a nécessité la mise au point d'un vaste assortiment de nouveaux appareils, qui ont tous pour point commun d'être dotés de la nouvelle puce électronique « STComet » de STMicroelectronics :

  • Landis+Gyr assure la fabrication du compteur communicant qui équipe chacun des foyers reliés au réseau intelligent. Ce compteur a notamment pour fonction de dialoguer en temps réel avec le centre de supervision ERDF.
  • Sagemcom a mis au point plusieurs appareils pour gérer la bonne circulation de l'information sur le réseau à différents points critiques. Le data concentrateur assure le relais entre les réseaux électriques basse et moyenne tension : un intermédiaire indispensable entre chaque compteur et le système d'information SOGRID. Le coordinateur CPL-HTA, par ailleurs, permet d'envoyer et recevoir des informations sur le réseau moyenne tension.
  • Nexans a mis au point l'interface T-PASS, qui permet de prendre en charge la circulation des données numériques au niveau des transformateurs électriques. Il propose également une solution pour mesurer la tension et l'intensité sur le réseau grâce à un capteur couple moyenne tension de nouvelle génération.

Quel intérêt pour le client ?

Avec l'avènement du concept de « smart grid », le réseau va devenir plus intelligent non seulement pour le distributeur mais aussi pour le consommateur lui-même. Ce dernier devrait notamment bénéficier d'une intervention beaucoup plus réactive en cas de panne de secteur ou d'incident sur le réseau basse tension, dans la mesure où il sera signalé immédiatement par les appareils communicants.

De nouveaux contrats et formules pourraient également bientôt voir le jour chez EDF et les fournisseurs alternatifs d'électricité. Ces derniers, en s'appuyant sur les informations remontées par le réseau intelligent et sur ses capacités de commande à distance, pourront par exemple plus facilement proposer des tarifs plus avantageux aux clients qui accepteraient de réduire ou différer certaines consommations en cas de forte demande sur le réseau.

Réseaux intelligents : vers une meilleure gestion de l'électricité verte

Le projet SOGRID a identifié plusieurs défis majeurs à l'horizon des années 2020. D'une part, l'explosion du marché des véhicules électriques pourrait, si elle devenait réalité, générer une demande beaucoup plus forte au niveau des foyers ou des bornes de recharge publiques, ce qui imposera une gestion plus rationnelle de l'énergie.

Surtout, la multiplication des foyers disposant de leurs propres capacités de production électrique à partir de panneaux photovoltaïques ou d'éoliennes (45 000 recensés aujourd'hui en Aquitaine et Midi-Pyrénées, contre seulement 2 000 en 2008) induit un changement de paradigme. Le réseau intelligent sera normalement en mesure de tirer le meilleur parti de cette production d'électricité, en allouant en permanence les ressources aux usages les plus pertinents.