La méthanisation : une énergie d'avenir ?

Mis à jour le
minutes de lecture

La méthanisation : procédé et implications

Qu'est-ce que la méthanisation ?

La méthanisation est un processus de dégradation de la matière organique. Celle-ci se fait par des micro-organismes, sous surveillance et en absence d'oxygène. Ce procédé implique :

  • Un produit humide, riche en matière organique. On envisage généralement un retour au sol de cette production, après maturation potentielle par compostage. On appelle ce produit digestat.
  • Du biogaz. Un mélange gazeux, saturé en eau, composé jusqu'à 70 % de méthane et jusqu'à 20 % de gaz carbonique. On utilise alors ce biogaz obtenu sous forme de combustible (production d'électricité), de carburant ou injecté dans le réseau de gaz naturel.

Des secteurs sont favorables à la méthanisation : l'agriculture, l'industriel, les déchets ménagers et les boues urbaines.

Les avantages de la méthanisation

  • La diminution de la quantité de déchets à traiter par d'autres filières.
  • Une diminution des émissions de gaz à effet de serre, puisqu'elle se substitue à l'énergie fossile et aux engrais chimiques.
  • Un traitement des déchets non compostables en l'état (gras, humides…)
  • La limitation des odeurs : les digesteurs sont hermétiques et les bâtiments clos.

Les inconvénients

  • Il faut que les déchets entrants soient disponibles dans la durée.
  • Une vérification de la valorisation du biogaz et de son injection possible dans le réseau.
  • Avoir un lieu de stockage ou d'incinération des composants non-organiques ne pouvant être méthanisés.
  • La nécessité d'un complément de compostage pour finaliser la maturation du digestat.
  • La mise en place du traitement du biogaz en fonction de sa valorisation (déshumidification…)

La méthanisation contribue donc à la gestion des déchets, elle augmente la production d'énergie renouvelable et participe à réduire les émissions de gaz à effet de serre. De plus, elle est source de nouveaux revenus, notamment chez les agriculteurs.

La méthanisation en France

Un procédé qui peut être dangereux

"On nous vend une production de gaz vertueuse. Pourtant, les projets de construction d'unités de méthanisation sont à l'origine de nombreuses nuisances." selon Daniel Chateigner, membre du Collectif Scientifique National de Méthanisation raisonnée (CSNM) qui regroupe 25 scientifiques indépendants. Il complète ses propos en précisant que "les odeurs, les bruits, le transport des matières, l'impact sur les sols, sur la biodiversité, sur l'air et sur l'immobilier sont de réelles nuisances".

On recense plusieurs accidents. Une quantité de matière phénoménale est nécessaire pour alimenter les méthaniseurs et des accidents arrivent, dans la majorité des cas, à cause de la non maitrise des réactions chimiques au sein des cuves.

Par exemple, à Châteaulin, une quantité importante de digestat se déverse dans l'Aulne (cours d'eau approvisionnant une centrale de traitement des eaux dans l'ouest de la Bretagne) suite au débordement d'une cuve. L'ammoniac s'écoulant a eu un impact non négligeable sur la faune et la flore du site. Ce n'est pas loin de cinquante communes qui ont été touchées, soit 180 000 personnes privées d'eau potable pendant plusieurs jours.

La méthanisation est donc un sujet sensible, et à ce jour, soumis à la controverse, surtout en Bretagne où des parcs sont actuellement en construction.

Une solution pour produire du biogaz, un pas supplémentaire vers l'énergie renouvelable

Au premier août 2021, on compte désormais 296 sites raccordés aux différents réseaux gaziers dont 248 à GRDF. Cela représente une production équivalente à la consommation annuelle de plus d'un millions de logements neufs.

La quantité de gaz renouvelable injecté dans les réseaux a doublé en 2020. L'ADEME (Agence De l'Environnement et de la Maîtrise d'Energie) se mobilise sur l'importance du gaz renouvelable (méthanisation, hydrogène…). Elle envisage en 2030 une injection de biogaz de 16 % de la consommation totale de gaz et de 35 à 50 % d'ici 2050.

En 2050, ces chiffres pourraient bien être atteints si la France adopte une stratégie afin de parvenir à la neutralité carbone.