Vers une accalmie des tarifs de l’assurance auto en 2016 ?

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Face à une concurrence proposant des formules toujours plus innovantes (à l'image du « Pay how you drive » d'Allianz France) et une clientèle de plus en plus prompte à recourir à un comparateur en assurance auto, les assureurs sont contraints de revoir leurs exigences à la baisse.

Après la hausse modérée des primes en 2015, une accalmie semble s'amorcer pour 2016. Succédant à la MAIF et la Matmut, la MACIF vient officiellement d'annoncer une baisse modeste mais bien réelle de la cotisation moyenne de ses assurés dès l'année prochaine.

Assurance auto 2016 : une tendance à la baisse ou à la stagnation…

L'année 2016 devrait être marquée par une modération bienvenue des primes d'assurance automobile. C'est du moins la tendance qui se dessine si l'on se réfère aux assureurs qui ont déjà communiqué officiellement leur politique tarifaire pour l'année prochaine. Le premier professionnel à avoir annoncé la couleur est la MAIF, dès le mois de juin. Le fameux « assureur militant » a prévu en 2016 un gel des tarifs de ses assurances auto pour la troisième année consécutive, après 2014 et 2015.

Au mois de septembre, la Matmut a choisi d'aller un peu plus loin : la société d'assurance a non seulement promis un gel des cotisations pour ses clients à titre général, mais aussi un geste exceptionnel pour les conducteurs de voitures familiales de type monospace, qui pourront bénéficier d'une réduction allant jusqu'à 5 %. Enfin, la MACIF n'hésite pas à annoncer à son tour une réduction de 0,3 % de la prime d'assurance auto pour l'ensemble de ses clients. Il ne s'agit toutefois que d'une moyenne : par l'effet des bonus, certains clients pourront constater selon l'assureur une ristourne allant jusqu'à 1,3 %.

La tendance, cependant, n'est pas complètement unanime. La MAAF va ainsi augmenter ses primes d'assurances auto de 1,4 % en 2016, mais fait valoir à juste titre qu'elle avait accordé une baisse des tarifs en 2014 puis un gel en 2015. D'autres grands assureurs comme AXA France n'ont pas encore fait connaître leurs intentions pour le moment.

…malgré un contexte qui ne semble pas s'y prêter

Les baisses de cotisations annoncées par certains assureurs représentent pour eux un sacrifice indéniable dans un contexte qui est assez défavorable à leur équilibre budgétaire. Les sinistres automobiles n'avaient plus été aussi nombreux depuis plusieurs années. Du 1er janvier au 30 octobre, le nombre de morts sur les routes a augmenté de 2 % par rapport à la même période en 2014, alors même qu'une autre augmentation de 3,8 % avait été constatée en 2013.

Ces sinistres, par ailleurs, tendent à coûter de plus en plus cher aux assureurs. Au-delà même du coût des soins médicaux, qui connaît une inflation naturelle chaque année, il faut rappeler que les voitures se perfectionnent sans cesse et deviennent plus chères à réparer. L'association SRA pointe par exemple sur les douze derniers mois une augmentation du coût des pièces détachées de 1,9 %, une hausse du coût horaire de la main d'œuvre carrosserie de 2,7 % et même une majoration de 3,4 % pour les travaux de peinture, soit des taux très largement supérieurs à celui de l'inflation.

En cause : une concurrence exacerbée

Même s'ils communiquent sur la volonté de préserver le pouvoir d'achat de leurs clients, les assureurs semblent avant tout modérer leurs prétentions tarifaires parce qu'ils n'ont plus le choix. Dans un contexte économique morose, les hausses de tarifs sont ressenties de plus en plus durement par la clientèle et entraînent des vagues massives de résiliations, qui se soldent soit par un départ effectif, soit par une renégociation de la prime au détriment de l'assureur. Le cabinet de conseil Facts & Figures note ainsi que l'augmentation de tarif n'est souvent plus la stratégie optimale pour l'assureur. Elle peut même favoriser une stagnation du chiffre d'affaires.

La pleine entrée en vigueur au 1er janvier 2015 de la loi Consommation de mars 2014, dite « loi Hamon » sur la résiliation des contrats d'assurance, n'est sans doute pas étrangère à cette évolution. Cette loi facilite en effet considérablement le changement d'assurance et le libre exercice de la concurrence. Alors qu'environ 15 % des Français changeaient d'assurance auto chaque année en 2014, ce taux de rotation pourrait dépasser 16 % en 2015, et continuer sa progression par la suite. Les facilités de résiliation, cumulées avec le libre accès en ligne à de nouveaux assureurs low cost et à des comparateurs aussi simples qu'efficaces, constituent visiblement un cocktail explosif pour les assureurs les mieux établis !

Les assureurs pourront-ils s'adapter ?

Confrontés à une concurrence plus agressive et à l'augmentation de leurs coûts, les assureurs n'auront d'autre choix que de réviser à la baisse le niveau de leurs garanties.

Plusieurs pistes seraient actuellement à l'étude chez diverses enseignes, dont l'augmentation du montant des franchises et la restriction de quelques garanties. Une intensification de la discrimination tarifaire entre bons et mauvais conducteurs est également probable, autant pour attirer les meilleurs profils que pour éloigner les autres.

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