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Quand Free et Bouygues menacent d'arrêter d'investir dans la fibre

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Les hautes ambitions affichées par le plan France Très Haut Débit vont-elles finalement se heurter au mur de la réalité ? Deux événements jettent le touble sur l'objectif visant à raccorder au moins 8 % des foyers français en fibre d'optique à l'horizon 2022.

Échaudés par l'augmentation des tarifs du dégroupage ADSL pour 2016 et 2017, Free et Bouygues Télécom ont tout d'abord protesté auprès de l'ARCEP et menacent à présent purement et simplement de stopper leurs investissements en fibre optique ! Les 43 % de foyers devant être raccordés par des réseaux d'initiative publique, quant à eux, peuvent légitimement s'inquiéter des problèmes de financement récemment mis en avant par les collectivités locales.

Free et Bouygues menacent de lever le pied sur la fibre optique

Bouygues Telecom et Free sont des rivaux naturels mais savent aussi s'allier en temps utile. On apprenait récemment que les dirigeants des deux opérateurs, Olivier Roussat et Maxime Lombardini, ont adressé à la fin du mois d'octobre une lettre conjointe à l'attention de Sébastien Soriano, président de l'ARCEP. Les deux patrons s'insurgent contre la décision récente du gendarme des télécoms concernant la hausse programmée des tarifs du dégroupage ADSL en 2016 et 2017.

Pour rappel, les « tarifs de dégroupage » correspondent à une sorte de loyer que les opérateurs Free, Bouygues Telecom et SFR doivent payer à l'opérateur historique Orange (ex France Télécom) pour avoir le droit d'utiliser le réseau cuivre du téléphone et commercialiser leurs propres offres ADSL. Fixé jusqu'en 2015 à 9,05 € par abonné et par mois, le tarif de dégroupage devrait passer tout d'abord à 9,10 € en 2016, puis bondir à 9,45 € en 2017. Du point de vue de l'ARCEP, le raisonnement est simple : plus la boucle locale cuivre coûtera cher aux opérateurs, et plus ces derniers seront incités à investir rapidement dans la fibre optique pour y faire basculer leurs abonnés.

Une hausse des tarifs jugée préjudiciable et inéquitable

Les principaux concernés, pour autant, sont très loin de l'entendre de cette oreille. Dans leur courrier conjoint, Free et Bouygues Telecom mettent en avant la charge très lourde que représenterait cette revalorisation sur leurs finances, soit une perte sèche estimée à plusieurs millions d'euros. Une véritable sanction qui leur paraît paradoxale dans la mesure où les deux opérateurs estiment déjà fournir tous les efforts nécessaires pour déployer la fibre optique. Ce coût supplémentaire pourrait d'ailleurs avoir l'effet inverse de celui escompté, et amputer leurs capacités d'investissement dans la fibre optique.

Les doléances ne s'arrêtent pas là : Free et Bouygues Telecom soulignent que la décision de l'ARCEP va renforcer encore davantage la position dominante d'Orange. Ce dernier bénéficie déjà d'une rente annuelle de plus d'un milliard d'euros grâce à la boucle locale cuivre qui ne lui demande pourtant que des charges d'entretien minimales. Le numéro un du marché français des télécoms pourra utiliser cet argent supplémentaire pour investir dans son propre réseau de fibre optique, alors qu'il domine déjà ce secteur (720 000 clients 100 % fibre au 30 juin 2015, contre 100 000 environ pour Free par exemple). Les deux auteurs du courrier, en un mot, dénoncent donc une véritable distorsion de concurrence au profit d'Orange.

La contre-proposition des deux opérateurs

Free et Bouygues Telecom demandent à l'ARCEP de faire preuve de bonne volonté, et de s'engager à ne plus augmenter les tarifs de dégroupage tant « que les opérateurs alternatifs démontrent leur engagement à investir ». Un marché donnant-donnant, donc. À terme, les deux opérateurs souhaitent un gel de ces tarifs aussi longtemps que le très haut débit fixe « n'aura pas trouvé un équilibre concurrentiel ». Cela devrait permettre, selon eux, d'éviter qu'Orange accède à un statut « ultradominant », et de laisser sa chance à la concurrence pour déployer d'autres réseaux et acquérir une clientèle viable.

Reste que Free et Bouygues Telecom ont finalement assez peu de moyens de pression. Les engagements auxquels ils sont soumis en termes de déploiement de fibre optique sont en effet moins importants que ceux imposés à leurs deux rivaux. Alors qu'Orange et SFR annoncent respectivement 20 millions et 22 millions de prises raccordées à domicile (FTTH) pour 2022, Free table sur 7,5 millions de foyers raccordés à terme, et Bouygues ne s'est engagé pour l'heure que sur 2 millions pour la fin 2015.

De nombreuses incertitudes également sur les réseaux d'initiative publique

Le plan France Très Haut Débit prévoit que les opérateurs privés ne devront couvrir qu'une grosse moitié des foyers français en fibre optique, essentiellement dans les zones les plus urbaines. Les 43 % de ménages restants, à l'inverse, devront compter sur des réseaux d'initiative publique (RIP), subventionnés en partie par l'État et pilotés par les intercommunalités.

Or un colloque tenu à la fin du mois de novembre par l'Avicca a mis en lumière les défaillances de l'État dans de nombreuses régions, et notamment le retard accumulé pour le versement de certaines subventions. Sur les 76 demandes de subvention déjà adressées par les intercommunalités, seules 5 ont été officiellement validées et un seul versement a déjà eu lieu (dans le Nord-Pas-de-Calais). Il devient urgent de régler le problème dans la mesure où la plus grande partie des RIP auront désigné un exploitant d'ici la fin de l'année 2016, et que cet exploitant devra forcément être rémunéré.

Ultime épée de Damoclès : le plan France Très Haut Débit n'a toujours pas, à ce jour, reçu l'aval officiel de la Commission européenne. Or cette dernière pourrait justement émettre des réserves sur le dispositif français, qui partage le marché entre des opérateurs privés soumis aux lois du marché et des réseaux publics largement subventionnés.