10% d'augmentation de l'électricité sur les 12 prochains mois

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Les 28 millions de clients d'EDF vont voir leur facture d'électricité augmenter de 10% au cours des 12 prochains mois. Sur une période de 8 ans (de 2006 à 2014), les tarifs EDF auront augmenté de 34%, bien plus que l'inflation. 5% au premier août 2013 et 5% au 1er août 2014, c'est la plus forte augmentation des tarifs de l'électricité depuis 10 ans. Pour les ménages français, cette hausse des tarifs devrait augmenter la facture moyenne de 35 euros par an, voire 50 euros pour ceux qui se chauffent à l'électricité.

L'énergie toujours plus chère

Les tarifs de l'électricité vont subir une première revalorisation de 5 % au 1er août 2013 et une deuxième de 5 % supplémentaires en août 2014. Une augmentation que le Ministère en charge de l'Ecologie et de l'Energie dit avoir minimisée par rapport à ce que prévoyait la Commission de Régulation de l'Energie, le gendarme du secteur énergétique, en juin dernier. Les ménages échapperaient donc presque au pire, car la CRE souhaitait un relèvement des tarifs plus conséquent avec une hausse de 6,8% à 9,6% des tarifs au 1er août 2013 avec un rattrapage de 7,6% pour combler les hausses insuffisantes des années précédentes.

Cette hausse annoncée sur deux ans est la plus forte envolée de tarifs aux particuliers depuis la privatisation partielle de l'opérateur historique en novembre 2005. L'augmentation pourrait être suivie d'une troisième vague en août 2015 si les comptes d'EDF le nécessitaient.

L'annonce de cette augmentation présentée le 09 juillet au Conseil Supérieur de l'Energie et à la CRE, a de quoi préoccuper voire angoisser les 28 millions de clients d'EDF dont le porte-monnaie rétrécit continuellement et le pouvoir d'achat s'amenuise de manière inquiétante. Cette mesure devrait générer un surcoût de 35 € par an allant jusqu'à 60 € voire 100 € pour les foyers se chauffant à l'électricité. Des conséquences financières lourdes...

Comment EDF justifie cette augmentation ?

Investir pour la sécurisation du nucléaire

La raison qui aurait motivé cette forte augmentation tiendrait au vieillissement de notre parc de centrales nucléaires et de la nécessité d'une mise aux normes plus draconiennes depuis l'accident de Fukushima.

Le développement des énergies renouvelables prend du retard

La faute en incombe à l'amenuisement des énergies fossiles et aux réticences encore palpables en faveur de l'abandon total du nucléaire qui représente aujourd'hui près de 80 % de la fourniture électrique des particuliers. Or, le nucléaire coûte cher car les centrales prévues pour durer 40 ans vont devoir produire de l'énergie au-delà de leur durée de vie au prix d'un lourd entretien, de travaux de rénovation et de frais de personnel mais surtout en matière de sécurisation des centrales pour réduire les risques de catastrophes et minimiser les conséquences du point de vue des dommages matériels et humains si un accident majeur venait à se produire.

Compenser le coût sous-estimé du démantèlement des centrales nucléaires et le coût du stockage des déchets radioactifs

Ces coûts auraient été largement sous-estimés dans les années 80 lors des études afférentes aux projets et à la construction des centrales. Les premiers travaux de démantèlement ont montré que les prévisions affectées à ces opérations étaient bien au-dessous de la réalité. Tous ces paramètres mal maîtrisés au début de l'aventure nucléaire vont contraindre les consommateurs français, aujourd'hui et demain, à mettre la main au porte-monnaie...

L'envolée des frais de fonctionnements d'EDF

EDF doit se mettre à la page. Entreprise vieillissante, elle doit se maintenir à un niveau d'expertise toujours plus élevé et répondre à des exigences en matière de politique de recrutement et de formation de jeunes cadres. Une politique qui coûte fort cher.

Et les autres raisons...

S'il est vrai que les raisons invoquées justifient en grande partie cette prochaine flambée des tarifs cela ne suffit pas à expliquer une augmentation à hauteur de 5 %. Les rapports établis par la Cour des comptes en février dernier laissent apparaître des dysfonctionnements. En effet, les coûts de sous-traitance seraient loin d'être négociés au plus bas et les rémunérations et avantages des patrons et salariés d'EDF coûteraient fort cher à l'Etat et de ce fait, au consommateur.

Du côté du gouvernement il faut choisir ! Relancer le pouvoir d'achat des usagers ou faire rentrer un maximum de recettes ?

Une annonce mise en veilleuse...

La stratégie de communication gouvernementale est on ne peut plus discrète. L'annonce de la prochaine augmentation est en effet passée inaperçue sur le site du Ministère de l'Ecologie et de l'Energie qui s'est contenté d'annoncer la nouvelle par communiqué PDF en choisissant la période idéale, les vacances d'été, pour décider et faire passer la douloureuse pilule... Pour couronner le tout, on apprend en lisant ledit communiqué que ces deux hausses, nécessaires pour palier aux coûts d'EDF, sont lissées sur 2 (voire 3 années) pour protéger le pouvoir d'achat des ménages. Il y a peu de chances que ces derniers comprennent le raisonnement...

A qui profitent réellement les hausses de tarifs ?

Comment un gouvernement qui a fait de la lutte contre l'austérité son cheval de bataille peut-il rogner continuellement le pouvoir d'achat des français ? La question mérite réflexion si l'on considère les conclusions du fameux rapport effectué par la Cour des Comptes en début d'année qui montre que les grands patrons de l'opérateur historique ont, depuis ces dernières années, largement doublé leur rémunération.

Par ailleurs la rémunération moyenne chez EDF aurait augmenté de 8 % en 2005. Une bonne nouvelle pour l'ensemble des salariés qui profitent aussi, il ne faut pas l'oublier, de tarifs préférentiels pour l'électricité. Cependant, cet avantage qui coûte à l'Etat près de 300 millions d'euros chaque année a de quoi irriter les consommateurs lorsqu'un effort supplémentaire de 10 % sur deux ans leur est demandé.

Que dire des actionnaires d'EDF qui ont vu leur titre s'envoler à la Bourse et ont pu bénéficier d'une hausse surprise de leur dividende ? Si l'on considère que l'Etat, qui reste le plus gros actionnaire en détenant 84 % du capital d'EDF, encaisse chaque année 2 milliards d'euros de dividendes, il n'est point besoin d'être mathématicien pour comprendre à qui cette mesure va profiter le plus...

Cruel dilemne pour un gouvernement animé au départ de l'intention louable de préserver le pouvoir d'achat des français mais qui ne peut qu'être tenté de faire rentrer un maximum de recettes au détriment encore et toujours des consommateurs.

Le prix de l'électricité de l'énergie nucléaire s'envole bel et bien du fait des paramètres industriels, économiques et politiques pas forcément bien maîtrisés au commencement de l'aventure. De quoi expliquer amplement les efforts supplémentaires demandés aux consommateurs français d'électricité aujourd'hui et ...encore plus demain.