Énergie verte : la France parmi les plus mauvais élèves d'Europe

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Face aux enjeux environnementaux de plus en plus prégnants, le Parlement européen et le Conseil européen ont défini dès 2009 des objectifs de production d'énergie verte pour chaque pays de l'UE. Dans le viseur : atteindre 20 % d'énergie consommée d'origine renouvelable en 2020 !

Dans la moyenne européenne, la France doit parvenir à couvrir 23 % de sa consommation totale d'énergie à partir de sources renouvelables d'ici 4 ans. Ce pourcentage peut paraître modeste en comparaison des 40 % attendus de la Lettonie ou des 49 % imposés à la Suède. Pourtant, malgré les importants progrès réalisés, l'Hexagone accuse un retard certain sur son objectif. Le pays peine notamment à accroître sa consommation d'électricité verte.

14,9 % de l'énergie consommée en France est d'origine renouvelable

Selon un bilan d'étape portant sur l'année 2015 publié le 11 août par le ministère de l'Environnement, la part de l'énergie consommée en France provenant de sources renouvelables (EnR) est en constante progression depuis une décennie. Entre 2005 et 2015, elle est passée d'un peu plus de 9 % à 14,9 % ! Cette évolution est soutenue par une baisse de la consommation d'énergie totale mais surtout par le développement des moyens de production.

Au total, 22 705 tep d'énergies renouvelables ont été consommées en 2015, contre 15 379 tep en 2005. Cela représente une augmentation de près de 48 % en 10 ans ! Plus de la moitié de la consommation d'énergies vertes est imputable aux dépenses dues au chauffage ou au refroidissement. 11 486 tep ont été consacrées à ce poste, dont près de 80 % via la production assurée par la biomasse solide et les déchets urbains renouvelables. Les pompes à chaleur connaissent également un important développement. La consommation d'énergie leur étant attribuée a presque été multipliée par 10 en 10 ans, passant de 203 tep à 1 986 tep !

La consommation d'électricité renouvelable atteint quant à elle 8 223 tep sur l'ensemble de l'année 2015, soit 34 % de plus que 10 ans auparavant. Si la majeure partie de ce volume provient toujours de sources hydrauliques (5 259 tep), les moyens de production éoliens et solaires progressent. En 2015, ils ont représenté 29 % de l'énergie renouvelable consommée. Cette tendance se poursuit par ailleurs en 2016 : au premier trimestre, le développement de l'éolien et du photovoltaïque a permis de couvrir 6 % de la consommation totale d'électricité.

Les EnR françaises accusent un retard de 17 % par rapport aux objectifs

Malgré une indéniable progression, la France va toutefois devoir accélérer sa transition vers les énergies vertes si elle veut parvenir à atteindre les objectifs fixés par l'Union européenne. En 2015, la part de sa consommation d'énergie provenant de sources renouvelables est inférieure de 17 % à la trajectoire prévue. Celle-ci visait en effet non pas 22 705 tep mais 27 402 tep d'énergie verte consommée.

La progression des biocarburants étant conforme aux prévisions, ce retard est principalement imputable aux secteurs du chauffage et de l'électricité. La trajectoire concernant le chauffage et le refroidissement tablait sur 15 040 tep en 2015. Or, seulement 76,4 % de ce volume a réellement été atteint, ce qui représente un déficit de 3 554 tep. À l'exception des pompes à chaleur qui ont d'ores et déjà rempli leurs objectifs pour 2020, l'ensemble des filières de chauffage affiche un retard important. Le solaire et la géothermie n'ont par exemple réalisé que 34 % et 39 % de leurs objectifs. De même, la consommation de biogaz atteint péniblement 47 % de ce qui lui avait été fixé.

Part de l'énergie renouvelable en France
Évolution et objectifs d'ici 2020 du pourcentage des EnR dans la consommation par filière. (Source : ministère de l'Environnement)

Seulement 87 % de la production d'électricité renouvelable prévue ont réellement été consommés, ce qui est dû au concours de plusieurs facteurs. Ainsi, quand la trajectoire prévisionnelle envisageait par exemple la consommation de 688 tep d'électricité provenant de l'éolien offshore, aucune infrastructure n'a pour l'instant été mise en place. L'ensemble de la filière éolienne accuse par ailleurs un retard global de 35 %.

La biomasse solide et les déchets urbains renouvelables ne remplissent quant à eux que 48 % de leur objectif. Seul le biogaz atteint exactement les 183 tep attendus pour 2015. Notons également que le développement de l'électricité solaire a déjà dépassé son objectif pour 2020 (666 tep en 2015 pour un objectif de 592 tep en 2020).

La France, lanterne rouge de l'UE en matière de transition verte

Si le classement européen pour 2015 n'a pas encore été communiqué, celui de 2014 positionne la France en toute dernière position en termes d'accomplissement de ses objectifs de développement des énergies renouvelables. Ne se contentant pas de suivre la trajectoire prévisionnelle, neuf pays de l'UE avaient déjà atteint en 2014 le seuil qui leur avait été fixé pour 2020 !

Parmi eux, la Bulgarie, la République tchèque et l'Italie visaient des pourcentages de consommation d'énergie verte moins ambitieux que l'Hexagone. En revanche, l'Allemagne, la Croatie, la Lituanie, la Roumanie, la Finlande et la Suède comptent désormais tous plus de 24 % de l'énergie qu'ils consomment d'origine renouvelable. En tête de classement, la Suède rapportait même 52,6 % d'énergie verte en 2014. Hors des frontières de l'UE, l'Islande et la Norvège explosaient par ailleurs tous les scores puisque 77,1 % et 69,2 % de l'énergie qu'ils consomment est d'origine renouvelable.

Part de l'énergie renouvelable des membres de l'UE
Part des EnR dans la consommation d'énergie des membres de l'UE en 2014. (Source : Eurostat)

Si elle est classée dernière en matière d'accomplissement de ses objectifs avec 14,9 % de sa consommation d'énergie provenant de sources renouvelables en 2015, la France est cependant loin d'être le pays ayant le moins recours aux énergies vertes. Celles-ci couvrent par exemple seulement 4,5 % de la consommation au Luxembourg et 5,5 % de la consommation aux Pays-Bas.