Vitality de Generali : l'assurance modulée selon l'hygiène de vie

Mis à jour le
minutes de lecture

En 2014, Generali s'associait à Discovery, société sud-africaine de services financiers opérant notamment dans le secteur de la santé, en vue du lancement en Europe du programme Vitality. Qualifié par ses créateurs de « plus grande solution scientifique de bien-être au monde pour les individus et les entreprises », ce programme consiste en une solution d'assurance santé et de prévoyance récompensant les « comportements sains » de ses adhérents.

Deux ans plus tard, Vitality pointe effectivement le bout de son nez sur le Vieux Continent. Le 23 juin 2016, le groupe Generali a annoncé le lancement officiel de ce programme en Allemagne dès le 1er juillet. Vitality devrait ensuite partir à la conquête de l'Europe et pourrait débarquer en France en 2017… sous une forme différente. Cette nouvelle solution d'assurance a toutefois un certain nombre de détracteurs, dont la ministre de la Santé, Marisol Touraine.

Un programme pour encourager les modes de vie sains

Destiné à « encourager et récompenser les bons comportements de clients recherchant un style de vie plus sain », Vitality est pour l'instant réservé à tous les nouveaux souscripteurs allemands d'un contrat d'assurance temporaire décès ou invalidité. Ce programme reste optionnel et vise à motiver les assurés à atteindre leurs propres buts, quelle que soit leur condition de santé initiale.

Pour l'assureur, ce programme est l'occasion de changer la nature de sa relation avec ses clients. Il s'agit de s'engager auprès d'eux via des offres plus personnalisées, basées sur des interactions régulières et des programmes sur-mesure. « Les assureurs jouent un rôle essentiel dans la protection de leurs clients quand les choses vont mal mais, à Generali, nous croyons que la prévention est un aspect tout aussi important du rôle que nous avons dans les vies de nos clients » explique Philippe Donnet, le P-DG du groupe. Le fait que « nos clients vivent mieux en faisant des choix plus sains est une plus-value pour eux-mêmes, mais aussi pour la société tout entière » souligne le P-DG.

Réduire le prix de son assurance grâce au sport et à une bonne alimentation

Vitality s'appuie sur un programme accessible en ligne ou via une application. Pour y adhérer, les clients intéressés doivent tout d'abord effectuer une évaluation de santé en ligne. Ils fournissent des informations quant à leur comportement quotidien et leurs données de santé. Un programme enregistre les points forts et les points faibles des potentiels souscripteurs et leur propose des objectifs personnalisés. Ceux-ci restent néanmoins libres de définir eux-mêmes les buts qu'ils souhaitent atteindre.

Une fois les objectifs du client fixés, chaque comportement permettant de s'en rapprocher permet de cumuler des « points Vitality ». Au fur et à mesure du cumul des points, l'assuré voit son statut progresser de « bronze » à « platine » et peut bénéficier de récompenses. Les premières récompenses incluent des promotions chez les partenaires de l'opération comme par exemple Adidas, Fitness First, Garmin, Expedia ou encore Weight Watchers. À partir d'un statut « platine », il est également possible d'obtenir des réductions allant jusqu'à 16 % de la prime d'assurance annuelle !

Selon Generali, l'allocation de points se base sur des actions de la vie quotidienne (prendre les escaliers plutôt que l'ascenseur, se déplacer à vélo plutôt qu'en engin motorisé…), le maintien d'un bon régime alimentaire ou encore l'arrêt du tabac. Les utilisateurs devront se plier à une surveillance électronique notamment via une application comptant par exemple leur nombre de pas, vérifiant leur assiduité aux séances de sport… La connaissance des bilans médicaux pourra également entrer en ligne de compte. Les clients restent toutefois libres de choisir les données qu'ils fournissent pour attester des progrès accomplis.

Fin de la mutualisation et données de santé : une formule controversée

Si le programme Vitality n'est pour l'instant disponible que dans 13 pays dont le Royaume-Uni, l'Australie, les États-Unis et maintenant l'Allemagne, Generali ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. La formule pourrait ainsi arriver en France dès 2017 sous la forme d'une option proposée par les mutuelles d'entreprise qui permettrait de bénéficier de bons de réduction. Une nouvelle qui est loin de faire l'unanimité…

Les associations de consommateurs s'interrogent : est-ce aux assureurs privés de déterminer ce qu'est un bon comportement ? Pour beaucoup, une telle définition doit continuer à passer par des recommandations des autorités de santé. Sans oublier que la baisse des tarifs que pourrait engendrer un engouement massif pour ce type de formule est susceptible de se répercuter sur les prix des formules de base. Les personnes ne souhaitant ou ne pouvant pas souscrire une assurance à la carte seraient donc lésées… ce qui signerait la fin de l'égalité du remboursement des soins.

Le second point épineux porte sur le respect de la vie privée et l'utilisation des données personnelles. Certaines associations craignent en effet que Vitality soit un premier pas vers une transparence totale. La formule ne séduit pas non plus l'ensemble des concurrents de Generali. Un porte-parole d'Allianz a par exemple affirmé refuser de « pister numériquement les activités de nos clients nuit et jour ».

Soulignant qu'« accéder aux données de santé doit être fait pour faire progresser la recherche, faire progresser des programmes de soins », la ministre de la Santé, Marisol Touraine a rappelé que la loi ne le permet pas aux assureurs « parce qu'il n'y a pas là des enjeux d'intérêt public ». « En France, il n'y a pas de conditions mises à la prise en charge financière des patients et je ne souhaite pas qu'à l'occasion du développement des données de santé certains assureurs viennent conditionner leurs remboursements au respect de certaines pratiques de vie par les assurés », a conclu la ministre.