
La révolution numérique est certes en marche, mais elle a un prix. Le rêve d'une France intégralement raccordée à Internet en fibre optique, notamment, semble prendre du plomb dans l'aile à moyen terme.
Face à un coût prohibitif, estimé à plusieurs dizaines de milliards d'euros pour une rentabilité encore peu évidente, les autorités publiques et les opérateurs font actuellement machine arrière et mettent en avant, partout où cela est possible, le très haut débit via le VDSL2. Ce dernier est dix fois moins cher à installer et promet des débits nettement améliorés par rapport à l'ADSL, allant jusqu'à 100 Mb /s.
En quoi consiste cette technologie, et peut-elle vraiment remplacer la fibre ?
Un débit théorique allant jusqu'à 100 ou 200 Mb /s…
Sur le papier, le « very high speed Digital Subscriber Line 2 » ou VDSL2 est une technologie particulièrement prometteuse. Elle se propose, tout comme l'ADSL ou l'ADSL2 et 2+, de tirer parti du traditionnel réseau cuivre de votre ligne téléphonique, mais en exploitant des fréquences beaucoup plus élevées.
Le VDSL2 utilise en effet les bandes comprises entre 8 et 30 MHz, là où l'ADSL classique ne dépasse pas 2,2 MHz. Cette propriété, ainsi que d'autres améliorations techniques permettant l'optimisation des flux entrants et sortants, autorisent un débit descendant maximal et théorique compris entre 50 à 200 Mb /s.
Bien qu'elle n'ait intégré l'offre des opérateurs français qu'en 2013, la technologie VDSL2 n'est pas aussi récente qu'on pourrait le penser. Son protocole de transmission a été validé et standardisé dès le mois de février 2006 par l'Union Internationale des Télécommunications. Elle se décompose en huit « profils », qui se différencient par la bande de fréquence utilisée ou le débit maximal. Le VDSL2 « 8a » est par exemple le plus basique : il exploite une bande de fréquence à 8,5 MHz et affiche un débit descendant maximal de 50 Mb/s. Le VDSL2 « 30a », à l'inverse, pousse jusqu'à une fréquence de 30 MHz pour atteindre un débit théorique de 200 Mb /s.
Avec ses débits 7 à 10 fois supérieurs aux raccordements en ADSL, le VDSL2 offre donc les avantages du très haut débit (c'est-à-dire supérieur à 30 Mb /s selon la définition émise par l'ARCEP) sans les contraintes et les coûts liés à la pose de fibre optique.
…mais qui s'amoindrit rapidement avec la distance
Tout comme celui de l'ADSL, le débit du VDSL2 tend à diminuer au fur et à mesure que la longueur du câble cuivre entre le domicile de l'abonné et le répartiteur (DSLAM) du central téléphonique augmente. Avec le VDSL2, ce phénomène de déperdition est même beaucoup plus brutal, au point que la technologie perd théoriquement tout intérêt pour ceux qui habitent à plus de 2 500 mètres du répartiteur : les débits deviennent alors équivalents à ceux de l'ADSL2.
En pratique
Il convient aussi de prendre en compte les déperditions supplémentaires liées à la diaphonie (des perturbations électromagnétiques entre les différentes lignes de cuivre dans un même câble). Pour cette raison, la distance utile du VDSL2 passe à seulement 1 200 mètres environ. Et même à l'intérieur de cette tranche restreinte, les sites spécialisés effectuent des tests de vitesse qui mettent en évidence un déclin rapide du débit obtenu :
- Un client habitant à moins de 150 mètres du répartiteur, avec une formule VDSL2 standard, pourra compter sur un débit descendant de 90 Mb/s et un débit ascendant de 30 Mb /s.
- À une distance de 300 mètres, ces valeurs passent respectivement à 80 Mb /s et 25 Mb /s.
- Entre 300 et 600 mètres de distance, la chute est brutale et passe à 50 Mb /s en descente et 15 Mb /s en montée, puis à 35 Mb /s et 7 Mb /s jusqu'à 900 mètres.
- Une ligne téléphonique d'une longueur comprise entre 900 et 1 200 mètres (ce qui reste, dans l'absolu, très court) ne peut plus espérer qu'un débit descendant de 25 Mb /s et un débit ascendant de 3 Mb /s. Soit des valeurs inférieures aux seuils définis par l'ARCEP pour un « accès Internet à très haut débit ».
Précisons enfin que ces chiffres sont purement indicatifs, et que les opérateurs, tout comme avec un abonnement ADSL, ne promettent jamais à leurs clients un débit précis. Ils s'engagent simplement à fournir le « meilleur effort », c'est-à-dire à faire de leur mieux.
Le VDSL2 en France : une ouverture progressive et tardive
Les limitations techniques inhérentes au VDSL2 expliquent probablement pourquoi la diffusion de cette technologie a été si tardive en France, à l'inverse d'autres pays européens. Le choix initial des différents opérateurs français, ainsi que celui de l'autorité indépendante des télécommunications (l'ARCEP), consistait en effet à concentrer les efforts et les investissements sur le raccordement rapide en fibre optique d'une majorité de la population.
Cette stratégie, hors des grandes villes, s'est cependant heurtée à la lenteur des travaux, notamment dans les zones à faible densité de population (campagne, quartiers pavillonnaires...), ainsi qu'à leur coût très élevé. À la fin du premier trimestre 2015, l'ARCEP estimait ainsi que 4,4 millions de logements à peine étaient éligibles à un abonnement Internet en FTTH (fibre optique jusqu'au domicile). Parmi ces clients éligibles, on ne comptait même que 1,04 million de foyers effectivement abonnés, soit moins d'un quart du total.
Au vu de ces retards, un comité de travail a finalement été formé en 2012 au sein de l'ARCEP pour étudier la possibilité d'une validation de la technologie VDSL2. Après un avis favorable, l'ouverture des lignes a tout d'abord été testée en juin 2013 dans les deux départements de la Gironde et de la Dordogne, puis a été étendue à tout le territoire national au 1er octobre 2013 pour les lignes téléphoniques en distribution directe (soit environ trois millions de lignes). Deux millions de lignes supplémentaires, en distribution indirecte, sont devenues compatibles avec le VDSL2 au 27 octobre 2014.
Quelles conditions pour bénéficier du VDSL2 ?
Seule une minorité de la population française peut accéder aux débits améliorés du VDSL2 dans de bonnes conditions. Il convient en effet de remplir plusieurs conditions cumulatives pour y prétendre :
- Le central téléphonique dont vous dépendez doit être compatible avec le VDSL2. Les travaux d'installation des nouveaux DSLAM compatibles ont été menés à bon rythme puisque l'ARCEP, dès le mois de décembre 2014, recensait 7 800 centraux équipés, ce qui ne représente qu'une grosse moitié des centraux répartis sur le territoire mais plus de 90 % des lignes téléphoniques.
- Le point le plus discriminant : il est fortement recommandé d'habiter à moins de 1 000 mètres de distance de votre central ! C'est cette condition qui, de facto, réduit le nombre potentiel de bénéficiaires à environ 5 millions de foyers à travers la France.
- À supposer que la situation géographique de votre logement soit favorable, il vous faudra souscrire un abonnement spécifique VDSL2 auprès d'un opérateur qui le propose (Orange, Numericable-SFR, Bouygues Telecom, Free et OVH), et attendre la réception de votre box Internet compatible.
Pour tester votre éligibilité au VDSL2 (ainsi qu'à la fibre optique, à l'ADSL…), n'oubliez pas qu'il est possible de soumettre votre numéro de téléphone fixe ou votre code postal sur un site spécialisé comme sur jechange. Vous pourrez ainsi prendre connaissance instantanément de l'ensemble des offres proposées par les grands opérateurs dans votre commune.
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