L'achat de médicaments sur Internet, un vrai bon plan ?

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Depuis 2008, les pharmacies sont autorisées à commercialiser certains médicaments sans ordonnance : l'achat de plus de 400 produits d'automédication n'est désormais plus conditionné à une prescription !

La vente sur Internet de ces médicaments a été autorisée depuis 2013. Des produits dermatologiques, ORL, ophtalmologiques, de sevrage tabagique ou encore certains traitements contre la douleur et la toux sont donc accessibles en ligne. Est-il vraiment avantageux de commander ses médicaments sur Internet ?

Les médicaments sont en moyenne moins chers en ligne qu'en pharmacie…

Si l'autorisation de vente de certains médicaments sans ordonnance visait initialement à faire baisser les prix, force est de constater que ce n'est pas vraiment le cas dans les pharmacies ! En étudiant les conditions de vente de 14 produits d'automédication, l'observatoire des prix des médicaments commandé par Familles rurales a observé une augmentation moyenne des tarifs de 4 % entre 2010 et 2015 dans les points de vente physiques.

En comparaison, les prix pratiqués en ligne apparaissent moins onéreux. Le sirop contre la toux pour enfant Clarix revient ainsi en moyenne à 3,54 € sur Internet contre 4,97 € dans une pharmacie, soit une réduction du prix de près de 29 %. De même, 20 comprimés de l'expectorant Humex coûteront en moyenne 4,06 € en ligne contre 5,28 € dans une officine physique. Parmi les 14 produits testés, un seul affiche un tarif moyen moins avantageux sur Internet qu'en pharmacie : la poudre de lait infantile Gallia 1er age à 16,04 € contre 17,06 € en ligne.

Prix de vente moyens en pharmacie et sur Internet des médicaments testés

Comparaison des prix de vente moyens en ligne et en pharmacie de 14 médicaments. (Source : Observatoire de prix des médicaments 2015. Familles Rurales)

… mais les prix varient fortement d'un site à l'autre

Acheter ses médicaments en ligne ne revient pas pour autant automatiquement moins cher. Le tarif moyen des médicaments est certes plus bas sur Internet, mais le prix des produits varie beaucoup d'un site à l'autre et les écarts constatés sont globalement plus importants qu'en pharmacie. Par exemple, si l'achat en pharmacie d'un sirop Clarix peut coûter jusqu'à 1,6 fois plus cher selon le lieu de vente physique, son prix sur Internet peut passer du simple au triple !

Pour certains médicaments, les tarifs les plus bas ont ainsi été observés non pas sur Internet mais dans des officines physiques. C'est par exemple le cas de la crème antivirale Activir, du bain de bouche Hextril et du lait Gallia dont les prix les plus avantageux ont été relevés dans des pharmacies physiques.

À l'inverse, les tarifs affichés en ligne dépassent parfois les prix maxima relevés en pharmacie. D'après l'étude commandée par Famille rurales, une boite de lait infantile Gallia coûte par exemple au maximum 17,90 € en pharmacie mais peut atteindre 24,04 € sur certains sites en ligne.

Prix de vente maximum et minimum en pharmacie et sur Internet des médicaments testés

Comparaison des prix maximum et minimum relevés en ligne et en pharmacie pour 14 médicaments. (Source : Observatoire de prix des médicaments 2015. Familles Rurales)

Les bas prix en ligne ne compensent pas toujours les frais de port

Même si le prix des médicaments est souvent plus avantageux sur Internet, il faut lui ajouter des frais de port qui font parfois revenir le coût total d'une commande en ligne plus cher qu'un achat en pharmacie. L'envoi des produits à domicile peut être facturé de 4 € à 9,95 €. Il est cependant possible de réduire ce coût :

  • L'envoi dans un point relais plutôt que directement à son domicile permet d'économiser en moyenne 2 €.
  • Une part croissante de sites proposent d'exonérer leurs clients des frais de port en échange du retrait de la commande en pharmacie, ce qui permet d'assurer un conseil en face à face par le pharmacien. 7 sites Internet ne permettent d'ailleurs que ce mode de livraison.
  • Les frais de port sont souvent offerts dans le cas de l'achats de produits à hauteur d'une somme minimale s'élevant en moyenne à 57,16 € et variant de 35 € à 99 € selon les sites. L'observatoire s'interroge toutefois quant à « la validité de cette proposition avec la recommandation d'absence d'incitation à la consommation abusive de médicaments ».

Les sites agréés ne sont pas toujours identifiables

Logo certifiant la légalité du site Internet de vente de médicaments

La vente de médicaments sans ordonnance sur Internet nécessite une autorisation légale. Afin de faciliter l'identification par les clients des sites de vente agréés, ces sites doivent présenter certains signes distinctifs comme l'affichage du logo européen spécifique ou la mention des sites de l'ANSM, de l'ordre national des pharmaciens (voire de l'ARS qui a accordé l'autorisation d'exercer le commerce électronique des médicaments) et du ministère de la Santé.

Sur les 53 sites Internet testés dans le cadre de l'observatoire des prix des médicaments, près d'un tiers n'affichent pas le logo européen et seul un nombre jugé insuffisant fait référence aux sites officiels. L'étude souligne en revanche la présence sur certaines plates-formes d'autres logos fantaisistes n'étant en aucun cas garants de sérieux pour le consommateur tels que : Pharmacie française, hébergeur agréé de données de santé à caractère personnel, Vidal, certification véritas...

Le respect des règles de vente en ligne reste relatif

Les sites Internet commercialisant des médicaments sont fortement incités à distinguer les pages liées à leur vente de celles concernant les autres types de produits (parapharmacie...). Cette consigne est globalement respectée puisque seuls 4 % des sites testés ne la remplissent pas.

De la même manière, la mise à disposition et la validation de la lecture des notices des médicaments avant achat est en progression constante. Systématique pour seulement 56 % des sites Internet testés dans le cadre de l'observatoire de 2013, elle est dorénavant imposée sur 73 % des sites testés en 2015.

En revanche, l'étude commandée par Familles rurales déplore un net recul de l'obligation pour l'acheteur de remplir un questionnaire, même sommaire, avant de valider sa commande de médicaments. Ce questionnaire vise à prévenir et informer de toute contre-indication à l'utilisation d'un médicament ou de l'incompatibilité de deux produits, or un peu moins de la moitié des sites de vente ne l'exige pas !

Plus grave, les sites de vente en ligne ne se conforment pas toujours aux règles régissant le commerce électronique : près de la moitié déroge à la règle d'interdiction de pré-cochage pour l'envoi d'informations commerciales et 4 % demandent même des informations personnelles sans rapport avec l'achat de médicaments aux acheteurs !

Même si la commande de médicaments en ligne peut permettre des économies substantielles, certaines précautions demeurent donc toujours d'actualité. N'hésitez pas à visiter plusieurs sites pour comparer les tarifs affichés, vérifier la fiabilité des sites et les conditions d'envoi.