La dématérialisation des paiements, nouvel eldorado bancaire ?

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Payer un titre de transport ou une place de parking à l'aide d'un portefeuille électronique et sans contact physique. Réaliser un virement de particulier à particulier sans passer par sa banque. Ou encore régler ses dépenses de détail à l'aide de son téléphone mobile : sous le vocable rébarbatif de « dématérialisation des moyens de paiement », se cachent des gestes simples. Tous reposent sur une habitude qui s'impose peu à peu : utiliser des supports multifonctions (ordinateur, mobile, etc.) qui ne sont pas spécifiquement dédiés au paiement. Bref, recourir à l'utilisation d'un autre moyen de paiement dématérialisé : la monnaie électronique.

Certes, les moyens de paiement actuels ne sont pas prêts de disparaître. Mais, selon une étude ING Direct menée en partenariat avec BVA et réalisée en 2011, 2/3 des Français pensent que l'avenir de la banque est sur le mobile. Près d'une personne sur trois se déclare intéressée par l'utilisation du paiement mobile (31%), 57% des sondés jugeant cela pratique et 53% considérant qu'il s'agit-là d'une véritable innovation.

Aujourd'hui, les modèles économiques de paiement revêtent 2 formes : la première (porte-monnaie électronique, transactions utilisant la carte à puce des cartes bancaires, Paypal, P2P cash...) s'inscrit dans le système bancaire qui en garde le contrôle. La seconde, plus marginale, que l'on peut nommer e-monnaie, y échappe : elle est proposée par des acteurs d'internet et devient un moyen de paiement universel pour les transactions en ligne. Parmi elles on citera par exemple e-gold, une devise électronique basée sur le cours de l'or.

Les banques évoluent aussi

Partisanes de la première solution, les banques ont compris l'intérêt qu'elles ont à imposer rapidement leur modèle économique de paiement alternatif. Et les gains de productivité qu'elles réaliseraient en remplaçant le chèque par un outil comme le mobile, notamment pour les virements et les prélèvements.

D'abord prévu pour la fin 2011, le Groupement Carte bancaire, qui représente plus de 80 % des paiements sur internet, devrait finalement annoncer le lancement d'un service de paiement mobile et par internet, baptisé «I-CB» en 2012.

Certaines banques l'ont déjà devancé pour le paiement à distance : ainsi, le Crédit Agricole est à l'origine de Kwixo. Ce système s'adresse aux particuliers et permet - après identification par adresse e-mail ou numéro de téléphone - d'effectuer des transactions en ligne de type paiement ou virement de fonds. Un transfert d'argent entre particuliers recourant à Kwixo sera, par exemple, facturé 0,79 € pour un montant inférieur ou égal à 30 €, 1,59 € entre 30 et 100 € et 2,39 € si la somme dépasse 100 €, indique la banque verte. Lors des paiements en ligne, Kwixo est gratuit pour les particuliers, les frais étant à la charge de l'e-commerçant.

Le crédit Agricole n'en fait pas mystère : Kwixo est destiné à concurrencer le géant Paypal, le système de paiement sécurisé en ligne développé par le groupe eBay. Ce dernier a totalisé 4 milliards de dollars en volume de paiement sur mobile en 2011, et ambitionne de doubler ses volumes de paiement sur mobile en 2012. Pour rattraper Paypal, la marche du Crédit Agricole sera longue.

De son coté, BNP Paribas teste Kix, sa solution de paiement sur mobile, à Nice et à Strasbourg. Kix permet de régler ses achats depuis un téléphone mobile compatible NFC (Near Field Communication, ou échange de données à quelques centimètres de distance). L'application est logée dans la carte SIM du mobile. Pour les achats inférieurs ou égaux à 20 €, indique la banque, la saisie du code n'est pas requise. Pour les achats supérieurs à ce montant, le code peut être composé avant usage, durant une file d'attente par exemple, afin de gagner du temps. Sauf accord particulier, les achats sont limités à 300 € maximum et jusqu'à 1500 € cumulés par mois. BNP Paribas assure que l'utilisation de Kix est aussi sécurisée que celle d'une carte bancaire.

Si les espèces, les chèques, les cartes et les virements se partagent encore la quasi-totalité des 5,1 trillions d'euros de transactions réalisées chaque année en France par les particuliers et les professionnels, les frontières entre moyens de paiement bougeront plus vite durant les 5 ans à venir que durant les 50 dernières années affirment certains experts.