BforBank entreprend sa mue en banque 100 % numérique

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BforBank devient une banque en ligne à part entière
Selon le plan de développement annoncé au mois de mars 2014 par le Crédit Agricole mais dévoilé seulement en début juillet, la nouvelle banque 100 % numérique prendra en charge dès l'année prochaine l'ouverture de comptes courants et les services associés, comme les cartes bancaires, avant de se tourner vers le crédit immobilier. Des objectifs particulièrement ambitieux qui pourraient par ailleurs, s'ils étaient atteints, imposer durablement BforBank comme un acteur majeur dans le marché très concurrentiel des banques en ligne.

Quels changements attendre à BforBank ?

Des comptes courants dès 2015

À l'horizon 2015, et à une date encore non spécifiée, la banque numérique devrait donc mettre en ligne une offre dite de « banque au quotidien », qui inclura tous les services nécessaires pour pouvoir se passer d'une banque physique, comme le rapporte Les Échos. L'ouverture d'un compte courant et l'abonnement à une carte bancaire devraient faire l'objet de promotions intéressantes, pour les nouveaux comme pour les anciens clients. Les objectifs fixés en la matière sont optimistes : 55 000 comptes courants seraient espérés dès 2016, avant d'atteindre un premier plateau de 130 000 comptes en 2019. En incluant l'activité d'épargne, l'encours total de la banque BforBank pourrait alors atteindre plus de 6 milliards d'euros, et lui donner les moyens de ses ambitions.

Du crédit immobilier dès 2016

La filiale du Crédit Agricole a également annoncé son intention de se lancer sur le marché porteur et emblématique du crédit immobilier, mais en se laissant un délai raisonnable de deux ans pour y parvenir. Il s'agit, pour des raisons évidentes de praticité, d'un secteur où il est difficile de percer pour une banque en ligne : seul Boursorama s'y est risqué quant à présent. C'est sans doute la raison pour laquelle BforBank conserve des objectifs « modestes » en la matière, en tablant sur un total de 500 millions d'euros de crédit distribué d'ici 2019.

Quels moyens pour y parvenir ?

Une augmentation de capital conséquente

Le changement de modèle annoncé par BforBank va requérir des investissements assez lourds, notamment pour doter la banque de fonds propres suffisants et qui lui permettront de respecter les règles prudentielles de solvabilité. Le plan de développement s'accompagne donc de l'annonce d'une augmentation de capital d'un montant total de 40 millions d'euros. Cette dernière sera prise en charge intégralement par les deux actionnaires existants de la filiale : 34 millions pour Sacam Avenir, la holding de détention de BforBank, et les 6 millions restants pour Crédit Agricole SA.

Des dépenses accrues en perspective

Un exemple de publicité de BforBank
Cet argent frais devrait être rapidement mis à contribution pour accompagner et favoriser la mutation de BforBank. Rien que pour les dépenses liées à la communication, à la publicité et au marketing, la nouvelle banque en ligne a fixé un budget conséquent de 12 millions d'euros par an. De quoi être en mesure de truster les bandeaux de publicité sur Internet et les spots télévisés des grandes chaînes, comme la filiale en avait déjà l'habitude pour vanter ses produits d'épargne. Les dépenses nécessaires en matériel informatique devraient par ailleurs atteindre un total de 15 millions d'euros. L'élargissement de l'activité, enfin, va requérir l'embauche d'au moins trente personnes dès l'an prochain.

Vers un retour à l'équilibre financier en 2018

Ces différents investissements ne seront pas sans conséquence sur les résultats financiers de BforBank, qui devraient logiquement devenir déficitaires à compter de 2015. Grâce à la rémunération croissante tirée des comptes courants, des cartes bancaires et de l'octroi de crédits immobiliers, la banque en ligne espère toutefois remonter progressivement la pente, et revenir dans le vert d'ici à 2018 dans l'hypothèse où ses objectifs commerciaux seraient atteints.

Une restructuration nécessaire pour BforBank

Pourquoi un tel changement de stratégie ?

L'extension d'activité prévue par BforBank ne vise pas simplement à conquérir de nouveaux marchés, mais obéit aussi à une logique de survie pour la filiale. Cette dernière estime en effet que son cœur d'activité (livrets, produits boursiers et assurance-vie) va progressivement perdre en rentabilité au cours des années à venir, avant même de devenir déficitaire vers 2018. La faute, selon elle, à des conditions fiscales et économiques qui n'encouragent guère les Français à la souscription de ce genre de produits dans l'immédiat. En effet les nouvelles règles de taxation des plus-values mobilières, de même que la faiblesse persistante des taux d'intérêt, n'encouragent guère la banque à l'optimisme. Le flux des nouveaux clients, comme pour lui donner raison, a déjà commencé à se tarir, et oblige donc BforBank à une réorientation rapide.

Une concurrence toujours plus rude

Le Crédit Agricole n'est pas le seul à nourrir de grandes ambitions pour sa filiale en ligne. Rappelons que chaque grand réseau bancaire, à l'exception de BPCE, dispose désormais de son alter ego sur le web, avec par exemple l'arrivée récente de Hello bank ! de BNP Paribas. Le principal concurrent, toutefois, reste évidemment Boursorama, filiale de la Société Générale, qui poursuit la même stratégie de développement et table à l'horizon de 2020 sur un triplement de sa clientèle, laquelle comptait déjà plus de 530 000 personnes fin mars.