Un Français sur deux est endetté

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Un sondage réalisé au mois de novembre 2015 par l'observatoire des crédits aux ménages (OCM), une émanation de la FBF, renseigne quant à l'évolution du recours des particuliers au crédit.

L'interrogation de 13 000 ménages par l'agence TNS Sofres révèle que le recours au crédit à la consommation ou au crédit immobilier reste une pratique minoritaire, bien loin des niveaux atteints avant la crise de 2008. Un retour de la confiance est cependant déjà perceptible et devrait se confirmer en 2016 par un regain de l'endettement des ménages.

La détention de crédit se stabilise à un faible niveau en 2015

En 2015, 46,5 % des ménages ont déclaré détenir au moins une forme de crédit (crédit immobilier, crédit à la consommation, crédit renouvelable…). Il s'agit exactement de la même proportion que celle atteinte en 2014. Cette stabilisation s'opère cependant à un niveau historiquement bas.

Depuis la création de l'OCM et les premiers sondages de ce type en 1989, jamais aussi peu de ménages n'avaient eu recours à l'endettement. Le niveau le plus haut a été enregistré en 2008 juste avant la crise, avec un taux de 52,6 %. Le repli durable du crédit apparaît donc comme le signe d'une crise de confiance en l'avenir, qui sévit depuis maintenant huit ans.

Les ménages s'endettent moins souvent et veillent de plus en plus à aménager l'amortissement de leur crédit de manière à se préserver des marges de manœuvre confortables. Parmi les personnes interrogées et détenant au moins un crédit, 84,6 % estiment ainsi que la charge de leurs mensualités de remboursement reste « supportable ». Elles n'étaient que 83,6 % à le penser en 2014. Si la plupart des personnes interrogées reconnaissent malgré tout un alourdissement de leurs charges, elles l'attribuent plutôt à des facteurs exogènes comme par exemple la fiscalité ou la hausse des prix de l'énergie.

Ce recours modéré à l'endettement se traduit par un maintien du moral des ménages à un niveau correct. 47,7 % des interrogés estiment que leur situation financière est restée stable en 2015. 11 % vont même jusqu'à penser qu'elle s'est améliorée.

L'embellie du crédit à la consommation…

Lorsqu'on les analyse dans le détail, les chiffres évoqués plus haut cachent un retour discret du crédit à la consommation en 2015. Cette tendance était d'ailleurs perceptible dès la fin 2014 si l'on en croit l'OCM. 26 % des ménages interrogés ont déclaré détenir au moins un crédit conso en 2015, soit une légère augmentation par rapport aux 25,6 % recensés en 2014. Cet inversement de tendance est donc modeste, mais constitue une première depuis 2008.

Parmi les crédits à la consommation détenus par les ménages en 2015, 69,6 % ont été souscrits en direct auprès d'un établissement bancaire ou d'un organisme de crédit et non, par exemple, de façon indirecte dans une enseigne de la grande distribution. Cette proportion n'était que de 67,2 % en 2014.

Dans leur écrasante majorité, les Français qui ont recours au crédit à la consommation réservent cet outil aux achats et investissements les plus stratégiques. 91,5 % des interrogés le dédient exclusivement aux « projets de consommation durable ou d'amélioration des logements ». Bien qu'élevé, ce chiffre signe néanmoins une baisse par rapport aux 92,4 % de 2014.

Sur le total des personnes interrogées, 14 % précisent détenir un prêt auto, 6 % un prêt conso pour les biens d'équipement de la maison et enfin 3,8 % pour les travaux d'amélioration de l'intérieur.

…est compensée par l'effritement du crédit immobilier

En 2015, la baisse des taux des emprunts immobiliers - qui devrait se poursuivre en 2016 - semble avoir surtout profité à ceux qui souhaitaient négocier le rachat de leur prêt immobilier plutôt qu'aux nouveaux emprunteurs. En effet, malgré l'augmentation du nombre de prêts immobiliers souscrits en 2015, le taux de détention de crédit immo parmi les ménages passe de 30,6 % en 2014 à seulement 30,2 % en 2015. Au total, l'OCM estime que les rachats ont représenté pas moins de 40 % des nouveaux crédits accordés depuis 2013, pour un encours cumulé de 130 milliards d'euros sur trois ans.

Le sondage confirme un relatif embourgeoisement du primo-accédant moyen, plus âgé et plus aisé, tendance déjà soulevée par d'autres études. Depuis 2013, l'OCM montre ainsi une forte augmentation du niveau moyen des remboursements en capital et des rachats de créances, « bien au-delà des niveaux constatés auparavant » selon la FBF.

Vers un – modeste – regain de vigueur du crédit en 2016 ?

Les ménages ayant participé au sondage se montrent, dans l'ensemble, un peu plus optimistes pour l'avenir. Ils révisent en conséquence leurs perspectives d'emprunt à la hausse. 4,6 % des personnes interrogées envisagent de souscrire un crédit immobilier au cours du premier semestre 2016. Ils n'étaient que 4,2 % à nourrir les mêmes intentions pour les six premiers mois de l'année 2015.

De même, 3,9 % des ménages se verraient bien signer un crédit à la consommation au cours des mois à venir, alors que 3,6 % seulement y songeaient il y a un an. Ces évolutions sont certes timides, mais elles pourraient suffire à inverser la tendance et à faire repartir à la hausse le taux d'endettement des ménages.