Peut-on changer de syndic en cours d’année ?

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La gestion d'une copropriété repose en grande partie sur le syndic, qu'il soit professionnel ou bénévole. Mais que faire lorsque la confiance est rompue ? Nombreux sont les copropriétaires qui s'interrogent sur la possibilité de changer de syndic avant la fin de son mandat. Est-ce juridiquement possible ? Quelles démarches entreprendre ? Et quelles précautions prendre pour éviter un vide de gestion ? Cet article fait le point, en détail, sur la révocation d'un syndic en cours d'exercice.

Une révocation encadrée par la loi

Oui, la loi du 10 juillet 1965 autorise les copropriétaires à révoquer leur syndic en cours d’année, à condition de respecter un cadre strict. Pour éviter les abus, la jurisprudence exige que la révocation repose sur un motif légitime, apprécié au cas par cas par les tribunaux en cas de litige. Il peut s'agir d'un manquement grave à ses obligations : défaut de transparence comptable, non-respect des décisions de l'assemblée, absence de réactivité ou de suivi des sinistres, etc.

Comment convoquer une assemblée pour révoquer son syndic de copropriété ?

Changer de syndic en cours d’année implique d'inscrire la question à l'ordre du jour d'une assemblée générale. Or, c'est précisément le syndic en place qui est chargé de convoquer l'assemblée… ce qui peut poser problème. Deux solutions sont alors possibles.

La première consiste à demander au conseil syndical d'intervenir. Celui-ci peut, en vertu de l'article 8 du décret du 17 mars 1967, demander au syndic de convoquer une assemblée extraordinaire. Si le syndic refuse ou tarde, les copropriétaires peuvent passer à la seconde option : saisir le président du tribunal judiciaire en référé pour obtenir l'autorisation de convoquer eux-mêmes une assemblée.

Dans tous les cas, la convocation devra mentionner clairement à l'ordre du jour la révocation du syndic actuel, mais aussi la désignation d'un nouveau syndic. En effet, la copropriété ne peut pas rester sans syndic, même temporairement.

Les précautions pour éviter un vide de gestion

L'une des erreurs les plus fréquentes consiste à voter la révocation d'un syndic sans solution de remplacement. Le syndic se retrouve dans un vide de gestion, qui conduit à un vide juridique et organisationnel qui bloque toutes les opérations : paiements, appels de fonds, travaux, assurance, etc.

Il est donc impératif de préparer en amont la candidature d'un ou plusieurs syndics alternatifs. Ces propositions doivent figurer dans la même convocation que celle de la révocation. Il est obligatoire de présenter ces syndics alternatifs aux copropriétaires lors de la réunion de l'assemblée générale.

Le vote en assemblée : majorités et formalités

La dissolution du syndic de copropriété actuel doit être votée en assemblée générale. Pour que la dissolution soit acceptée, il faut que plus de la moitié des copropriétaires aient voté pour. Les copropriétaires qui ne peuvent pas être présents le jour J peuvent faire une dérogation pour demander à être représentés.

En cas de désaccord, il ne sera possible de demander la dissolution du syndic de copropriété que lors d'une prochaine assemblée générale, tenue dans un délai de trois mois minimum. À la différence que celle-ci pourra être acceptée à une majorité simple, selon l'article 24.

Peut-on changer de syndic à distance ?

Depuis que l'informatique a débarqué dans la gestion des syndics de copropriété, il est normal de se demander s'il est possible de changer de syndic à distance. Depuis l'ordonnance du 30 octobre 2019 et la réforme de la copropriété entrée en vigueur en 2020, les copropriétés peuvent organiser des assemblées en visioconférence, voire voter par correspondance. Cela permet, même en cas de situation tendue ou de syndic peu coopératif, de faciliter la tenue d'une assemblée.

Ces modalités doivent néanmoins être prévues dans le règlement de copropriété ou décidées lors d'une précédente assemblée. Le vote par correspondance doit s'appuyer sur le formulaire officiel CERFA n° 15215*01, dûment rempli et envoyé dans les délais légaux (source : Legifrance.gouv.fr).

L'usage du numérique permet donc aujourd'hui de fluidifier certaines situations complexes et d'éviter les blocages liés à la convocation physique. C'est pour cela que l'offre en ligne Matera existe ! Cette plateforme propose la gestion dématérialisée du syndic 100 % en ligne, assurant la gestion quotidienne et aux normes de votre syndic.

Les suites après la révocation

Dès lors que le syndic de copropriété est dissous, il faut que ce dernier transmette l'ensemble des informations concernant sa gestion au nouveau syndic désigné lors de l'assemblée générale. Cela comprend les comptes bancaires, les contrats en cours, les fichiers de copropriétaires, les documents comptables et juridiques.

Il est fortement conseillé d'organiser une réunion de passation en présence du conseil syndical pour vérifier l'exhaustivité des documents remis. En cas de difficulté ou de rétention, le nouveau syndic peut saisir le juge pour forcer la remise des pièces.

En cas de litige, quelles solutions ?

Si la révocation du syndic est contestée ou si le syndic refuse de quitter ses fonctions malgré le vote de l'assemblée, les copropriétaires peuvent saisir le juge judiciaire pour faire valoir leurs droits. Dans les cas les plus graves, une procédure en référé permet d'obtenir une décision rapide.

Pour éviter d'en arriver là, il est recommandé de documenter tous les échanges, d'envoyer les convocations et courriers en recommandé avec accusé de réception, et de faire valider les démarches par un avocat spécialisé en droit de la copropriété. Ces précautions renforcent la légitimité des copropriétaires et limitent les risques de contestation.

Changer de syndic de copropriété : ce qu'il faut retenir avant de se lancer

Changer de syndic en cours d’année est tout à fait possible, mais doit se faire dans un cadre légal précis. Il ne suffit pas de le vouloir — encore faut-il justifier la décision, suivre les étapes réglementaires, organiser l'assemblée dans les règles et anticiper la transition avec un nouveau syndic prêt à prendre la relève. Bien mené, ce processus permet de rétablir une gestion saine et conforme aux attentes des copropriétaires, sans rupture de fonctionnement.

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