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Réseau de Transport d'Électricité (RTE) : le gestionnaire des lignes à haute tension en France

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RTE est le réseau de transport d'électricité en France. Il permet le transport de l'électricité sur tout le territoire alors qu'Enedis permet la distribution de l'électricité dans les foyers. RTE ne peut pas couper l'alimentation en électricité d'un seul logement, contrairement à Enedis. Les consommateurs ne contactent pas en général directement RTE, sauf en cas d'anomalies au niveau des lignes de tensions électriques.

Qu'est-ce que RTE ?

Définition

L'entreprise RTE détient le monopole de la gestion des lignes à haute tension en France. Elle constitue le chaînon indispensable entre, d'une part, les quelque 630 unités de production d'électricité que compte le pays (centrales nucléaires, centrales thermiques, parcs éoliens…) et, d'autre part, en aval des transformateurs, le réseau de distribution d'électricité proprement dit, géré par Enedis (ex-ERDF) et diverses entreprises locales de distribution (ELD). Elle est chargée, comme ces dernières, d'assurer un accès équitable au réseau à tous les fournisseurs.

À noter que le réseau haute tension relie certains gros sites industriels. En dehors de ce cas particulier, l'entreprise tire l'essentiel de ses revenus du Tarif d'Utilisation du Réseau Public d'Électricité (TURPE), acquitté par tous les consommateurs et prélevé puis reversé par les fournisseurs.

Le domaine d'intervention de RTE se révèle particulièrement sensible : avec des lignes dont la tension est comprise entre 63 000 et 400 000 volts, l'entreprise porte une lourde responsabilité concernant l'entretien du réseau et la garantie de la sécurité des personnes et des biens.

Origines

L'entreprise RTE correspond en réalité à l'ancien « Service du Transport » au sein d'EDF. Sa naissance s'est opérée en deux temps :

  • La création de RTE, le 1ᵉʳ juillet 2000, répond aux exigences de la directive européenne n °96/92/CE relative à la libéralisation du marché de l'électricité, afin notamment de distinguer la mission de production et celle du transport proprement dit. Elle reste toutefois, à l'époque, entièrement intégrée à sa maison-mère.
  • La véritable séparation juridique intervient le 1ᵉʳ septembre 2005, lorsque RTE devient officiellement une société anonyme à capitaux publics. Ce qui ne l'empêche pas de rester une filiale d'EDF.

Statut

En tant que société anonyme, RTE fait l'objet d'une gouvernance bicéphale. Elle compte d'un côté un directoire de trois membres, présidé depuis 2007 par Dominique Maillard, et de l'autre un conseil de surveillance. Ce dernier, composé de douze membres, représente les intérêts du producteur, des salariés et de l'État.

Les missions de RTE

L'équilibre entre production et consommation

En tant que relais principal entre les producteurs et les consommateurs, RTE a pour mission principale d'assurer en permanence l'équilibre subtil entre l'offre et la demande sur le réseau, afin d'éviter toute pénurie ou toute surcharge due à une mauvaise orientation des flux, chacune de ces deux situations pouvant mener potentiellement au fameux « blackout » tant redouté. 

L'impossibilité de stocker l'électricité de manière satisfaisante implique, en effet, que la production doit suivre les courbes de consommation. Il incombe ainsi à RTE d'utiliser des modèles prévisionnels et des courbes d'anticipation (horaires, météo, saison…) pour prévoir les pics de consommation et solliciter les producteurs en fonction.

L'entretien d'un réseau gigantesque

RTE : l'entretien d'un réseau gigantesque

Le réseau placé sous la responsabilité de RTE se divise entre la très haute tension et la haute tension. La première est dédiée aux transports sur longue distance et aux liaisons transfrontalières. Quant à la deuxième, elle permet l'acheminement de l'énergie jusqu'aux 4 700 transformateurs et points de livraison

Les obligations de RTE impliquent non seulement l'entretien courant et « préventif » (élagage, peinture…) mais aussi un entretien dit « patrimonial », plus lourd et destiné à lutter contre le vieillissement du réseau.

L'amélioration des performances du réseau

Par ses investissements dans le domaine de la recherche et du développement, RTE doit constituer la tête de pont dans l'amélioration des performances du réseau électrique français. Les enjeux sont importants, puisqu'il s'agit de concilier une sécurité d'approvisionnement toujours plus grande avec la réduction des nuisances. Câbles souterrains, nouveaux pylônes : l'entreprise, en contrepartie du monopole dont elle dispose, a l'obligation d'anticiper les évolutions du marché et d'investir en conséquence.

Assurer la sécurité des personnes et des biens

La création de RTE est intervenue à peine quelques mois après la grande tempête de décembre 1999. Celle-ci avait occasionné des dégâts considérables sur les forêts et le réseau électrique du pays. L'entreprise intègre donc parmi ses objectifs de service public la protection de la sécurité des personnes et des biens. Cela implique la surveillance constante du réseau physique (lignes et pylônes). Il y a aussi le maintien d'importants moyens d'intervention en cas de crise.

Garantir un accès non discriminé au réseau

En tant que responsable de l'acheminement de l'électricité sur de longues distances, RTE est en première ligne pour garantir l'égalité de traitement entre tous les fournisseurs d'électricité et entre tous les consommateurs. Concrètement, le tarif d'utilisation du réseau public d'électricité obéit au principe du « timbre-poste ». Il implique que le tarif est indépendant de la distance parcourue jusqu'au consommateur final. Il appartient à RTE de maintenir cette stricte neutralité tarifaire.

Les fournisseurs alternatifs d'énergie, nouveaux entrants sur le marché de l'électricité (TotalEnergies, Mint Energie, OHM Energie…), pour d'évidentes raisons de coût et de commodité, utilisent le même réseau que l'opérateur historique EDF pour fournir leurs services à leurs clients. Ce réseau, dont la gestion constitue un monopole naturel de service public, se segmente entre la distribution basse tension, gérée principalement par Enedis (ex ERDF), et pas moins de 105 000 km de lignes à haute et très haute tension (HT et THT). C'est pour ces dernières qu'intervient Réseau de Transport d'Électricité (RTE).

Quelles perspectives pour RTE ?

Continuer d'investir et maintenir l'équilibre offre-demande

Dans son dernier bilan prévisionnel relatif à l'évolution de l'équilibre offre-demande d'électricité en France, publié en 2013, RTE estime que les conditions actuelles garantissent l'absence de problème majeur jusqu'en 2018.

Il sera toutefois nécessaire de réaliser des investissements majeurs avant cette échéance au vu de l'évolution de la consommation. Avec l'obsolescence programmée de quelques centrales thermiques, la production ne sera malgré tout que partiellement compensée par les énergies renouvelables. En cas de déséquilibre, les premières régions touchées seront les « péninsules électriques », où la consommation est déjà largement supérieure à la production (la Bretagne ou la région PACA, par exemple).

Un réseau plus intelligent

Le fait de favoriser l'émergence des énergies renouvelables fait partie du cahier des charges de RTE. Ces nouvelles sources d'électricité se caractérisent cependant par une plus grande intermittence de leur production.

L'entreprise doit donc perfectionner ses modèles d'anticipation. De même, elle doit investir dans la flexibilité, la réactivité et la sécurité d'approvisionnement sur ses réseaux. À ce titre, on évoque de plus en plus l'intégration de nouvelles technologies reposant sur l'idée des réseaux intelligents (« smart grids » en anglais) : un défi majeur pour l'entreprise.