Big data : Axa fait un pas de plus vers l’assurance connectée

Mis à jour le
minutes de lecture
Le podomètre "Pulse" de Withings

Conjuguer prévention santé et digital, voilà l'ambition du groupe Axa, formulée à l'occasion du lancement de « e-Modulango », première offre santé du groupe liée à l'usage d'un objet connecté.

e-Modulango : outil de prévention ou de surveillance ?

L'initiative est le fruit d'un partenariat noué entre AXA et le fabricant français Withings, spécialiste de l'Internet des objets. Axa offre à ses nouveaux clients souscripteurs d'un contrat santé e-Modulango un tracker d'activité : le Pulse. Ce podomètre, connecté à un smartphone, permet à son utilisateur de mesurer son activité physique en temps réel : nombre de pas réalisés, distance parcourue, nombre de calories brûlées, niveau d'oxygène dans le sang, rythme cardiaque... En vue de s'assurer de l'usage effectif de ce nouveau « gadget », Axa a pensé à tout. Des chèques d'une valeur de 50 € permettant de bénéficier de médecine douce (ostéopathie, acupuncture...) seront adressés aux assurés ayant réalisé un nombre déterminé de pas durant un mois. Pour recevoir la carotte, comptez une moyenne de 7 000 pas par jour, voire 10 000 pas par jour dans l'espoir de recevoir un second chèque. Ce tournant de la m-santé pris par le groupe s'inscrit dans la volonté de l'assureur d'encourager « les comportements vertueux des Français en associant l'usage d'un objet connecté à [l'offre santé] ». Plus prosaïquement, les bienfaits de la pratique d'une activité physique régulière sur la santé sont bien connus, diminuant de fait les risques d'attaque cérébrale ou encore de diabète. Ainsi que le risque pour Axa de devoir rembourser les traitements médicaux des maladies concernées.

Le fonctionnement du tracker Pulse

Vers une assurance sur mesure pour une tarification modulée

Sauf que voilà : la santé connectée connaît également ses détracteurs, et le phénomène du Big data n'est jamais sans ramener sur le tapis d'épineuses questions d'ordre éthique. L'assureur se défend de viser, à terme, une tarification des contrats en fonction du comportement des assurés. « Notre objectif est de récompenser les comportements vertueux, l'usage ou non de Pulse n'a aucune incidence sur le contrat d'assurance », argue David Dorn, Directeur du marché santé, prévoyance et dépendance individuelles d'Axa France auprès de l'Argus de l'assurance. Si cette initiative demeure à ce stade anecdotique, elle a cependant aux yeux de l'assureur valeur de test. Les professionnels de l'assurance auront ainsi l'occasion d'apprécier le potentiel du Big data lié à la santé. Axa va collecter directement des données personnelles relatives à la santé de ses clients, lesquelles lui seront communiquées de manière volontaire. Et de cette expérimentation pourraient naître nombre d'évolutions au sein des formules d'assurance. Les impacts liés à l'assurance connectée seront particulièrement tangibles au niveau des prix. L'émergence d'une tarification modulée en fonction de l'activité physique effective de l'usager est une piste sur laquelle planchent nombre d'experts. Outre-Atlantique, plusieurs assureurs ont franchi le Rubicon, proposant à leurs assurés des « tarifs sur mesure ». Au Royaume-Uni, l'entreprise British Petroleum fournit à ses salariés des bracelets connectés Fitbit et les incite à réaliser de l'exercice dans l'optique d'une réduction du coût de leur mutuelle santé.

L'intérêt d'Axa pour le Big data ne connaît pas de limites

L'assureur, qui a fait de la digitalisation un levier de croissance majeur au sein de sa stratégie d'entreprise, ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. Pour s'offrir les moyens de ses ambitions, le groupe a créé un un « data lab » consacré à l'exploitation des données provenant de ses assurés. L'idée est de recueillir puis pleinement exploiter l'ensemble des informations personnelles fournies par les clients du groupe, avec leur accord il s'entend. Cette stratégie d'utilisation des « datas » prend tout son sens pour le métier de l'assurance auto par exemple. Par la mise en place d'un boîtier dont serait doté le véhicule de l'assuré, l'assureur pourrait mesurer la qualité réelle de la conduite de son client au volant. Et ainsi lui proposer un tarif ajusté. Les « bons conducteurs » pourraient prétendre en conséquence à une assurance moins chère quand les assurés présentant une « conduite à risque » se verraient inversement pénalisés. Aux États-Unis, ce système porte un nom : il s'agit du « pay how you drive » ou « payez comme vous conduisez » en bon français. Et Axa entend bien être à la pointe dans ce type d'innovation. Après une phase d'expérimentation concluante, la commercialisation de ces offres pourrait être effective dans « moins de quatre ans », confie Véronique Weill, Directrice des opérations du groupe à La Tribune. Laquelle entend lourdement insister : « nous avons une vision vraiment éthique dans ce dossier ». L'avenir en sera juge.