Fraude à la complémentaire santé : le carton rouge de l’UFC aux opticiens

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La fraude des opticiens à la complémentaire santé

L'UFC a rendu publiques ce mardi les conclusions d'une enquête menée auprès de 1 188 opticiens par le biais de clients mystères. Et, de la bouche de l'association, il s'agit là de « résultats accablants ». Dans 17,9 % des cas relevés, soit près d'un sur cinq, l'opticien a proposé de falsifier la facture pour que le client soit mieux remboursé par sa mutuelle. Explications.

La fraude comme solution proposée pour réduire le reste-à-charge des consommateurs

L'enquête de l'UFC-Que Choisir, réalisée au mois de novembre 2013 porte sur quelques 2 000 points de vente disséminés dans plus de 80 départements français. L'association désirait quantifier l'étendue réelle des fraudes à la complémentaire santé dont se font complices les opticiens. Et, pour ce faire, a mis en place un scenario bien huilé. Les clients mystères de l'UFC devaient se rendre en points de vente, sélectionner une monture plus coûteuse que le maximum remboursable par leur mutuelle et en informer le vendeur en vue d'observer sa réaction.

Selon le décompte enregistré par l'UFC, dans près d'un cas sur cinq (17,9 %), l'opticien aurait spontanément proposé au client-enquêteur de falsifier la facture adressée à sa mutuelle dans le but d'augmenter le remboursement perçu. Dans le détail, l'incitation à la fraude serait la deuxième solution avancée par les opticiens, derrière le fait d'orienter le client vers une monture moins chère (27,5 %) mais loin devant la proposition de gratifier le client d'un geste commercial (15,7 %) ou de procéder à un paiement en plusieurs fois (13,3 %).

« Des petits arrangements entre amis » qui nuisent paradoxalement au pouvoir d'achat des Français

La pratique était connue, ne restait qu'à la quantifier. Ce que s'est essayée à faire l'union fédérale, qui note toutefois des disparités entre régions françaises, mais également selon la nature du point de vente. Ainsi, l'UFC souligne que des écarts de 1 à 7 existent entre régions, le taux de fraude à la complémentaire santé variant de 5 % en Bourgogne à 35 % en Languedoc-Roussillon. De même, le comportement des opticiens quant à la fraude diffère singulièrement selon les types de magasin, les indépendants ayant en moyenne un taux de fraude 2,5 fois supérieur aux enseignes nationales.  

Forte de ces résultats, l'association entend tirer la sonnette d'alarme face à des dérives qui pénalisent paradoxalement et en premier lieu... le consommateur. En effet, « les clients croient tirer profit de ces petits arrangements entre amis. En réalité, les opticiens sont les vrais bénéficiaires de ces fraudes aux mutuelles [...] », dénonce l'UFC. Car la fraude encouragée par une minorité – rappelons-le – d'opticiens a pour effet mécanique de renchérir les cotisations des consommateurs Français et contribue par ce biais à l'inflation du prix des lunettes. 

« Des mutuelles co-responsables » d'une pratique préjudiciable à la collectivité

Toutefois, toujours selon l'association, les opticiens ne seraient pas les seuls responsables de ces dérives. À l'en croire, les mutuelles seraient également fautives : « les garanties optique haut de gamme, qui concernent 40 % des assurés, ont enclenché un cercle vicieux entre remboursements en optique et prix pratiqués par les opticiens ». Soit l'une des raisons qui expliquerait le sévère constat dressé il y a quelques mois par la Cour des comptes, laquelle consacrait dans un rapport la France comme championne européenne de la cherté concernant les dépenses d'optique.

Les conclusions dressées par l'UFC ne surprennent pas outre mesure Alexis Debut, responsable du Pôle Assurance du Groupe jechange. « Différentes professions médicales peuvent aligner leurs tarifs sur les montants maximum des complémentaires santé ». Et de souligner que de telles pratiques sont tout aussi bien répandues dans le domaine des soins d'optique que des soins dentaires. « Il arrive que des dentistes baissent le montant facturé pour une prothèse par exemple, l'alignant sur le plafond pris en charge par la complémentaire en vue d' « arranger » leur clientèle », note-t-il.