Nouveau trou d'air pour le livret A et le LDD en septembre

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Non seulement le phénomène de décollecte observé depuis le début de l'année se confirme, mais il tend même à s'aggraver et à devenir massif, notamment pour le livret A. Les raisons de ce désamour, qu'il s'agisse du faible taux de rémunération ou encore de la pression fiscale, sont bien connues et ne laissent guère espérer un redressement à court terme.

Une décollecte record pour le mois de septembre…

Le mois de septembre est traditionnellement mauvais pour l'encours de l'épargne réglementée, mais l'année 2014 aura battu tous les records à ce sujet. L'encours du livret A affiche une diminution sèche de 2,37 milliards d'euros, pour revenir à un total de 264,5 milliards. À titre de comparaison, la diminution est beaucoup plus forte qu'en septembre 2013 (-1,56 milliard) ou qu'en septembre 2009 (-880 millions d'euros), alors que la crise financière battait pourtant son plein.

Le livret de développement durable connaît une tendance similaire : l'épargne des Français sur les LDD diminue ainsi de 780 millions d'euros et n'atteint plus que 101,9 milliards.

Au total, les deux principales enveloppes d'épargne réglementée connaissent donc une baisse d'encours estimée à 3,15 milliards d'euros.

…qui confirme une tendance négative sur l'année

En ce qui concerne le livret A, la tendance à la baisse a commencé en réalité à se manifester depuis un certain temps : il s'agit ainsi du cinquième mois consécutif de baisse de l'encours, même si le phénomène est resté beaucoup plus timide pendant l'été. Les mauvais chiffres de septembre confirment la diminution sur l'année : l'encours était encore de 267,8 milliards d'euros en janvier, et a donc connu depuis une baisse cumulée de 1,24 %.

Pour le livret de développement durable, septembre constitue en revanche le premier mois de repli. D'où un solde qui reste positif sur l'année, puisque l'encours passe de 101,6 milliards d'euros en janvier à 101,9 milliards neuf mois plus tard (+0,3 %). Une tendance très modeste, donc, qui n'empêche pas le total du livret A et du LDD de connaître sur la période une baisse de 0,81 %.

Comment expliquer le phénomène ?

La désaffection des Français pour leur épargne réglementée, en septembre, ne constitue pas une surprise, loin de là : dans un contexte de faible inflation, la diminution du taux d'intérêt des deux livrets à 1 % au 1er août 2014, soit un niveau historiquement bas, a visiblement entraîné une fuite des capitaux vers des placements qui restent un peu plus compétitifs, comme le Plan d'Épargne Logement (PEL) et surtout l'assurance-vie.

Mais la tendance a sans doute été aggravée par d'autres facteurs : les Français, ainsi, ont visiblement puisé dans leur épargne pour faire face aux dépenses de la rentrée et au paiement du dernier tiers de l'impôt sur le revenu.

Les encours restent néanmoins confortables

Le secteur du logement social, dont le financement repose sur l'épargne du livret A, est-il exposé au risque d'une pénurie de capitaux ? Une telle perspective est encore loin d'avoir une quelconque réalité selon la Caisse des Dépôts, notamment si l'on considère la hausse spectaculaire des encours sur cinq ans, stimulée par la hausse des plafonds de versement : livret A et LDD représentaient en 2009 un encours de 254,6 milliards d'euros, et on peut estimer qu'avec 366 milliards en septembre 2014, la marge est plus que confortable.

Dans le pire des cas, la Caisse des Dépôts ne s'interdirait pas de moduler le taux de centralisation du livret, c'est-à-dire la part des dépôts que les banques doivent lui consigner.

Vers une embellie de l'assurance-vie ?

La décrue de l'épargne réglementée ne signifie pas pour autant que l'épargne des Français s'est tarie. On observe une importante réallocation des capitaux en faveur des contrats d'assurance vie, dont les fonds euros ont continué à verser en moyenne une rémunération de 2,8 % en 2013 (avant prélèvements sociaux). La collecte nette s'élève pour les assureurs, au cours des huit premiers mois de l'année, à la somme de 15,3 milliards d'euros : une bien meilleure performance que l'année précédente, et qui doit sans doute beaucoup à un jeu de vases communicants avec le livret A.

Pour aller plus loin : Livret A ou assurance-vie ?