Le gaz naturel n'est pas considéré comme une source d'énergie particulièrement écologique. Il s'agit d'une énergie fossile dont les réserves planétaires ne sont pas inépuisables, et, surtout, chaque kilowatt-heure de gaz consommé par votre foyer entraîne le rejet dans l'atmosphère d'environ 186 grammes de CO2, contribuant ainsi à l'effet de serre. Certaines offres de gaz proposent cependant aujourd'hui de contrebalancer cet impact environnemental négatif.
Le gaz compensé carbone : payer pour compenser vos émissions de CO2
Contrairement à ce qui existe déjà sur le marché de l'électricité, on ne compte pour l'instant aucune offre de « gaz vert » : le réseau gazier français bénéficie certes de l'injection de biogaz à base de méthane, mais en quantité trop limitée pour permettre la commercialisation d'offres spécifiques. Un foyer abonné au gaz naturel continue donc à avoir nécessairement un impact négatif sur l'environnement (une « empreinte écologique »), qui sera proportionnel à sa taille et à son niveau de consommation. Une consommation annuelle de 15 000 kWh équivaut ainsi à près de 2,79 tonnes de C02 relâchées dans l'atmosphère !
À défaut de supprimer ces émissions nocives, un consommateur peut accepter de payer son énergie plus cher pour les neutraliser. C'est tout l'intérêt du gaz compensé carbone : les fournisseurs, contre un tarif un peu plus élevé, s'engagent à investir dans des projets liés à la défense de l'environnement et à la lutte contre le réchauffement climatique, qui viennent compenser exactement les émissions de C02 de leurs clients.
Le mécanisme : un échange de crédits carbone
En échange du financement d'un projet permettant de diminuer les émissions de CO2, un fournisseur reçoit un certain nombre de « crédits carbone » via le marché international des permis d'émission. Un crédit carbone correspond exactement à une tonne d'équivalent CO2. Si, par exemple, la rénovation d'une centrale à charbon en Asie permet d'éviter le rejet de 10 000 tonnes de C02 par an dans l'atmosphère, le fournisseur reçoit 10 000 crédits carbone. Il pourra ensuite répartir ces crédits entre ses différents clients abonnés à une offre de gaz compensé carbone.
Du point de vue du client, le crédit carbone constitue donc une sorte de certificat, qui lui prouve que son effort financier a été utilisé à bon escient pour préserver l'environnement.
Il est tout à fait possible de compenser les émissions de CO2 du consommateur français de gaz par le financement d'un projet hors du pays, voire même à l'autre bout du monde. Depuis la signature du protocole de Kyoto en 1997, le principe de neutralité géographique permet en effet de considérer les émissions de gaz polluants au niveau mondial.
Quelques exemples de projets liés aux offres de gaz compensé carbone
Les projets financés par les principaux fournisseurs de gaz naturel en France sont particulièrement variés, mais se concentrent surtout en Asie et en Afrique. La formule Astucio Planète, commercialisée par le fournisseur alternatif Eni, met ainsi en avant deux chantiers importants :
- En Thaïlande, le fournisseur finance des travaux d'aménagement dans une grande décharge à ciel ouvert. Le but consiste à capter les émanations de méthane générées par les déchets en décomposition, pour empêcher leur rejet dans l'atmosphère mais aussi pour les transformer en énergie électrique bon marché. Le chantier contribue donc, simultanément, à offrir une source d'énergie supplémentaire aux habitants locaux, à limiter les risques d'explosion ou d'incendie autrefois très élevés et enfin à éviter l'émission d'environ 47 000 tonnes de CO2 par an.
- Au Ghana, Eni participe à la modernisation de nombreux fourneaux à charbon de bois. Les fourneaux de nouvelle génération permettent une consommation moindre de charbon pour le même rendement énergétique : une famille moyenne a besoin de 300 kilogrammes en moins à l'année, d'où une réduction très significative des émissions de CO2 (jusqu'à 65 000 tonnes économisées par an) mais aussi un effet favorable sur le phénomène de déforestation.
À noter que d'autres fournisseurs, même s'ils proposent des offres de gaz compensé carbone, préfèrent ne pas communiquer sur la nature des projets financés. C'est le cas en particulier d'Engie (ex-GDF Suez), qui est pourtant le premier opérateur à s'être lancé sur ce marché.
Avantages et inconvénients d'un marché encore embryonnaire
Une formule d'abonnement au gaz compensé en carbone comporte un avantage évident pour les foyers les plus soucieux de l'environnement : la satisfaction de contribuer à la préservation de l'environnement et de compenser leur empreinte écologique.
Pour autant, ces offres restent marginales dans le paysage énergétique français en raison de leur prix, sensiblement plus élevé que celui des autres contrats. Au 1er juillet 2015, l'offre Astucio Planète du fournisseur Eni facturait ainsi le kilowatt-heure de gaz à 0,05 472 € contre 0,05 176 € pour l'offre standard Astucio Eco : un différentiel significatif de 5,7 %, même si le coût de l'abonnement reste quant à lui identique. Ce prix est aussi plus élevé que celui des tarifs réglementés de vente proposés par Engie.
Il est toutefois possible d'atténuer l'impact sur la facture, à moyen terme, en optant pour une offre d'énergie à prix fixe. Des opérateurs comme Eni ou Direct Energie garantissent notamment un prix du kilowatt-heure HT inchangé pendant trois voire quatre ans à compter de la signature du contrat : au bout d'un an à peine, votre facture de gaz compensé carbone pourra donc déjà vous revenir moins cher qu'une offre classique.
Biogaz, réduction de la consommation... Les autres pistes pour un gaz plus écologique
Le gaz compensé carbone doit être bien distingué du biogaz, ou « gaz renouvelable ». Ce dernier est en fait un gaz obtenu par un procédé de méthanisation, généré par exemple via la récupération de déchets, et injecté ensuite dans le réseau gazier. Sachant que les méthodes de production de biogaz sont encore onéreuses et peu répandues, il est impossible de le commercialiser en tant que tel. Les producteurs compensent ce coût par la perception d'une taxe, la contribution au service public du gaz (CSPG).
Au-delà du biogaz et des crédits carbone, rappelons que la meilleure manière d'adopter au quotidien un comportement plus citoyen et éco-responsable reste... de minimiser votre consommation d'énergie ! En réglant soigneusement votre thermostat pour l'adapter aux horaires de présence à votre domicile, en diminuant légèrement votre température de confort et en améliorant l'isolation thermique du logement, vous consommerez (et paierez) nettement moins de gaz naturel.