Les tarifs de l'énergie vont augmenter ces prochaines semaines

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Un sentiment largement dû, dans les deux cas, à la modification de la formule de calcul et à une véritable politisation des enjeux, dans un contexte de faible pouvoir d'achat. Seule certitude : les prix de l'énergie vont connaître une augmentation sensible avant le début de l'hiver et de la « période de chauffe », de l'ordre de 4 à 5 %.

Gaz : une augmentation sur fond de passe d'armes entre fournisseurs

Une volatilité importante des tarifs réglementés du gaz…

Les quelques 7,9 millions de foyers abonnés aux tarifs réglementés du gaz devraient subir une augmentation de 3,9 % du prix au kWh à compter du 1er octobre 2014. Il est facile d'imaginer à quel point la nouvelle sera mal reçue par l'opinion publique.

Pourtant, le tarif réglementé affiche une importante baisse tendancielle depuis le début de l'année, de -6,7 % entre le 1er janvier et le 1er septembre. Au total, la facture annuelle du consommateur devrait connaître une baisse moyenne de 3,6 % par rapport à 2013.

À moins que des éléments extérieurs, comme une éventuelle crise d'approvisionnement provoquée par la crise ukrainienne, n'entraînent une nouvelle hausse en novembre et en décembre, ce qui est loin d'être impossible.

…causée par la modification de la formule de calcul

La volatilité des tarifs réglementés, nettement plus importante que par le passé, ne doit rien au hasard. Rappelons en effet que, dans un contexte marqué par une forte baisse des prix du gaz sur le marché libre et par une hausse des cours du pétrole, le gouvernement avait pris la décision d'infléchir légèrement la méthode de calcul en vigueur.

Alors que le cours du gaz sur les marchés « spot » représentait auparavant 45 % du tarif réglementé, cette proportion est passée à 60 %. Une manipulation qui permet certes de profiter de la baisse des prix sur ce marché, mais qui entraîne aussi une plus forte sensibilité aux variations saisonnières.

Respect de la concurrence : GDF fait appel

C'est dans ce contexte assez précaire qu'intervient une décision importante de GDF Suez. Le fournisseur historique annonce en effet qu'il fait appel d'une récente décision de l'Autorité de la concurrence, qui l'obligeait à communiquer à ses concurrents le fichier des clients abonnés aux tarifs réglementés, et ce afin d'assurer une égalité d'information.

GDF Suez devrait soutenir sa requête avec de nombreux arguments, en soulignant notamment l'absence d'urgence et la réalité déjà effective de la concurrence. Dans tous les cas, ces tensions juridiques entre fournisseurs ne font qu'ajouter aux incertitudes qui pèsent actuellement sur le marché.

Electricité : une hausse imminente dans la plus grande confusion

L'annulation de la hausse du mois d'août est confirmée…

La fameuse question de la hausse de 5 % des tarifs réglementés de l'électricité à compter du mois d'août 2014 semble réglée, du moins pour le moment... Le 12 septembre 2014, le Conseil d'État a en effet rejeté un référé suspension déposé par l'Anode (l'association des concurrents d'EDF) et qui visait à annuler un arrêté de juillet 2014.

Ce dernier, fruit de la volonté de la ministre Ségolène Royal, annulait lui-même les dispositions d'un autre arrêté pris un an plus tôt, et qui prévoyait ces 5 % d'augmentation.

Les concurrents d'EDF, autrement dit, exigent que l'augmentation soit bien appliquée, au risque sinon que le tarif réglementé représente une concurrence déloyale par rapport aux offres de marché. Et ils pourraient obtenir gain de cause au final, car cette première décision du Conseil d'État, prise en urgence, ne préjuge pas de la décision finale sur le fond du dossier, qui interviendra plus tard.

…mais n'empêchera pas un rattrapage à l'automne !

Du fait de la cacophonie ambiante, il est difficile encore de prévoir le niveau de l'augmentation des tarifs réglementés de l'électricité au début de l'automne. Cette hausse, en tout cas, devrait bien avoir lieu, conformément à la déclaration tenue pendant l'été par le Premier ministre Manuel Valls, et se situerait entre 2 et 5 %.

Tout dépendra, en réalité, de la méthode de calcul qui sera retenue. Le gouvernement examine actuellement toutes les options, et notamment la possibilité d'appliquer dès maintenant une révision de la formule de calcul, prévue au départ pour entrer en vigueur en 2015 seulement. Cette réforme, pour rappel, pourrait laisser une plus grande marge de manœuvre aux autorités publiques, et autoriser une fixation du tarif « en fonction des coûts », et non plus par simple « addition des coûts » de nature comptable.

À noter aussi qu'une commission d'enquête parlementaire vient d'être créée sur proposition du groupe de députés « Socialiste, Républicain et Citoyen » (SRC), et travaillera sous l'égide de la commission des affaires économiques. Son but : livrer des pistes de réforme pour clarifier le mécanisme de fixation des tarifs réglementés de l'électricité, devenus opaques et illisibles.