Le mouvement d’abandon des tarifs réglementés de l’énergie ne faiblit pas

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C'est le constat sans appel dressé avec une certaine satisfaction, ce 17 septembre, par la CRE, gendarme de l'énergie dans son dernier bilan relatif à l'ouverture des marchés du détail de l'énergie, qui s'intéresse aux chiffres du second trimestre 2014.

Un marché encore largement dominé par les tarifs réglementés

Malgré l'avancée sensible de l'ouverture à la concurrence, il convient de rappeler en premier lieu, comme le fait la CRE, que les marchés du gaz et de l'électricité restent tous deux largement dominés par les tarifs réglementés, fixés par les pouvoirs publics.

C'est tout particulièrement le cas pour l'électricité, qui reste le secteur le plus fermé : 90 % des 36,2 millions de clients, particuliers et professionnels confondus, choisissaient toujours les tarifs réglementés d'EDF au 30 juin 2014. Les clients du marché libre tendent toutefois à être en moyenne de plus gros consommateurs, puisqu'ils représentent malgré tout 29 % de la consommation électrique totale. Cela s'explique par une plus grande proportion d'offres du marché libre chez les industriels et les entreprises.

Répartition des sites électricité par type d'offre au 30 juin 2014

Au 30 juin 2014, un peu moins de 10 % des sites fournis en électricité sont en offre de marché. Parmi eux, environ 92 % ont fait le choix d'un fournisseur alternatif.

Le marché du gaz fait un peu mieux : « seuls » 70 % des 11,3 millions de clients particuliers et professionnels restent abonnés aux tarifs réglementés de GDF Suez, la clientèle restante se répartissant entre 14 % d'offres de marché chez l'opérateur historique et 16 % chez les nouveaux fournisseurs. Toutefois, et malgré leur faible poids numérique, ces clients représentent 68 % de la consommation totale ! Une performance à mettre évidemment en rapport avec la disparition progressive des tarifs réglementés pour les plus gros clients.

Répartition des sites gaz par type d'offre au 30 juin 2014

Au 30 juin 2014, environ 30 % des sites fournis en gaz sont en offre de marché, dont 16 % auprès d'un fournisseur alternatif.

Particuliers : une évolution rapide

En ce qui concerne les particuliers, et malgré un léger ralentissement par rapport au premier trimestre, les marchés de l'électricité et du gaz continuent leur progression, certes lente mais inexorable vers les tarifs libres.

127 000 foyers supplémentaires ont ainsi choisi de renoncer aux tarifs réglementés d'EDF entre le 1er avril et le 30 juin 2014, contre 135 000 au premier trimestre. Le nombre total de particuliers ayant changé de fournisseur pour s'abonner à un tarif libre passe à 2,738 millions, soit une augmentation de 4,9 % sur le trimestre. Et dans une écrasante majorité des cas, ces particuliers choisissent par ailleurs de quitter EDF pour faire confiance à un autre fournisseur : sur les 2,738 millions cités plus haut, à peine 7 000 clients ont en effet choisi les tarifs libres de l'opérateur historique ! Un revers cinglant pour l'offre EDF en la matière, jugée très peu compétitive.

Le marché du gaz naturel affiche la même tendance en termes de changement de fournisseur. Sans doute attirés par la baisse tendancielle des prix, 226 000 clients supplémentaires ont abandonné les tarifs réglementés au deuxième trimestre 2014, contre 263 000 au premier trimestre. Une performance qui reste donc remarquable, et qui porte le total à 2,976 millions de foyers en tarif libre, soit une augmentation de 8,2 %.

GDF Suez, toutefois, s'en tire beaucoup mieux que son homologue du marché de l'électricité, et arrive à retenir une bonne part des clients passant aux tarifs libres, en raison d'une politique commerciale très active : 41 % des clients ont choisi ainsi de rester chez l'opérateur historique avec une nouvelle formule, contre 59 % qui se sont tournés vers les concurrents.

Cette tendance pourrait toutefois se modifier si GDF Suez, conformément à une décision récente de l'Autorité de la concurrence, était amené à partager ses fichiers clients avec les autres fournisseurs.

Clients non résidentiels : des tendances modestes appelées à s'amplifier

Le marché dit « non résidentiel » regroupe tous les clients qui ne sont pas des particuliers, soit les petits professionnels, les TPE et PME, les industries ou encore les administrations.

Les tarifs libres de l'électricité, bien qu'un peu plus répandus que chez les particuliers (13,62 % du total) peinent à se diffuser davantage et affichent même une légère décrue de -0,4 % au second trimestre, pour un total de 681 000 sites au 30 juin. La tendance pourrait cependant être appelée à s'inverser au cours des prochains trimestres, puisque l'intégralité des clients ayant souscrit des puissances annuelles supérieures à 36 kVA devront avoir migré vers les offres de marché avant le 1er janvier 2016.

L'augmentation plus sensible des tarifs libres sur le marché du gaz (+1,8 % de clients) est à mettre essentiellement sur le compte de l'évolution réglementaire, qui, tout comme pour l'électricité, supprime progressivement les tarifs réglementés pour les gros consommateurs.

Le 19 juin 2014, ce fut par exemple le cas pour tous les clients directement raccordés au réseau de transport de gaz de GRDF. Au 1er janvier 2015, ce sera le tour de tous les sites non résidentiels dont la consommation annuelle est supérieure à 200 MWh. Puis, au 1er janvier 2016, de tous ceux dont la consommation dépasse 30 MWh, ce qui représente encore bien davantage de nouveaux clients pour le marché libre.