Bilan de l'ouverture des marchés de détail de l'énergie au T1 2015

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L'observatoire trimestriel de la commission de régulation de l'énergie (CRE) constitue une ressource précieuse pour comprendre les forces et les limites de l'ouverture à la concurrence de l'énergie en France. Pour le premier trimestre 2015, et si les chiffres sont globalement bons, de nombreux clients non-résidentiels peinent à se mettre en conformité avec les prochaines échéances fixées par la loi.

Chez les particuliers : un rythme toujours soutenu

Lentement mais sûrement : le basculement des consommateurs particuliers depuis les tarifs réglementés de vente jusqu'aux offres de marché semble décidément obéir à cet adage !

L'électricité demeure, de loin, le marché le plus concentré. Au 31 mars 2015, 89,9 % des clients sont toujours abonnés aux tarifs réglementés proposés par l'opérateur historique EDF. On note cependant une évolution favorable : le rythme de recrutement des offres de marché reste en effet assez soutenu, avec 174 000 clients supplémentaires enregistrés au premier trimestre 2015, contre 178 000 recensés au dernier trimestre de l'année précédente. En seulement trois mois, le nombre d'abonnés aux offres de marché a ainsi augmenté de 5,7 %. Une écrasante majorité d'entre eux continuent par ailleurs à plébisciter les fournisseurs alternatifs, au détriment des offres de marché peu intéressantes d'EDF, qui ne comptent toujours que 9 000 clients au total (inchangé depuis le 31 décembre 2014).

Le gaz naturel connaît une situation plus ouverte : 35,24 % des foyers ont déjà opté, au 31 mars 2015, pour une offre de marché. Parmi ces derniers, très exactement 50 % ont opté pour un fournisseur alternatif tandis que l'autre moitié reste fidèle à Engie (ex-GDF Suez), avec 1,874 million de sites dans les deux cas. Une réussite remarquable pour l'opérateur historique qui, en plus de conserver son monopole sur les clients aux tarifs réglementés, bénéficie donc d'une position de plus en plus dominante sur le marché libre du gaz. Sur le détail, le rythme de recrutement des nouveaux clients en tarif libre (tous opérateurs confondus) était déjà satisfaisant mais s'accélère encore : 296 000 clients ont rejoint les offres de marché au premier trimestre 2015, contre 254 000 au trimestre précédent.

Clients non résidentiels : un paysage plus contrasté…

Sur le marché de l'électricité, les évolutions sont nettement plus timides en ce qui concerne les clients non-résidentiels (professionnels et institutionnels). Au 31 mars 2015, 715 000 sites bénéficient d'une offre au tarif libre (dont 461 000 chez un fournisseur alternatif) sur un total de 4 967 000, soit seulement 9,3 % de l'ensemble. C'est moins que chez les particuliers, sans compter que le rythme de recrutement est également moins important : on compte seulement 17 000 clients supplémentaires sur le premier trimestre 2015.

La situation est inverse sur le marché du gaz naturel : une majorité des clients a déjà migré vers les offres de marché, puisque 474 000 sites sur 668 000 (soit pas moins de 70,95 %) ont déjà franchi le pas. La minorité encore abonnée aux tarifs réglementés continue par ailleurs à basculer à un rythme soutenu : on compte 75 000 clients supplémentaires au premier trimestre 2015, à comparer avec les 12 000 et 33 000 recrutements enregistrés respectivement pour les troisième et quatrième trimestre 2014. Un effet direct de l'échéance légale intervenue au 1er janvier 2015.

…malgré de nombreuses échéances imminentes

La faible évolution de l'ouverture à la concurrence sur le marché de l'électricité interpelle tout particulièrement la commission de régulation de l'énergie. Une échéance importante a en effet été fixée au 1er janvier 2016, date à laquelle les tarifs réglementés de vente vont disparaître pour tous les détenteurs d'un compteur d'une puissance supérieure à 36 kVA, c'est-à-dire essentiellement les gros clients non-résidentiels.

Même le marché du gaz naturel, malgré sa plus grande ouverture, marque une certaine inertie. Rappelons tout d'abord que les tarifs réglementés de vente ont disparu depuis le 1er janvier 2015 pour toutes les consommations supérieures à 200 MWh par an : du moins en théorie, puisque de nombreux sites n'avaient pas rempli leurs obligations à la date fatidique (pas moins de 27 % !). Par ailleurs une nouvelle échéance au 1er janvier 2016, cette fois pour les consommations supérieures à 150 MWh par an, pourrait à nouveau se traduire par des retards importants chez les derniers professionnels concernés.

Les offres de marché restent nettement plus compétitives

Qu'il s'agisse de l'électricité ou du gaz, les fournisseurs alternatifs et historiques restent en mesure de proposer des offres de marché à un tarif nettement plus attractif que les prix fixés par les autorités publiques. En prenant le cas d'un client parisien au profil moyen, abonné en tarif base à une puissance de 6 kVA, les économies réalisées peuvent atteindre chez certains fournisseurs jusqu'à 5 % avec une offre indexée sur les tarifs réglementés. Plus intéressant encore, les meilleures offres à prix fixe proposent actuellement une remise du même ordre, mais avec en plus la garantie d'un tarif inchangé pendant une voire plusieurs années.

Pour les consommateurs de gaz naturel, la commission de régulation de l'énergie étudie (toujours en Île-de-France) deux hypothèses distinctes : d'une part un client abonné pour la seule cuisson et consommant 750 kWh par an, et d'autre part un client chauffé au gaz (profil B1) dont la consommation annuelle atteint 17 MWh par an. Dans les deux cas, les offres de marché à prix indexé sont inférieures de 5 à 6 % aux tarifs réglementés. Certaines offres à prix fixe, quant à elles, proposent une réduction allant jusqu'à 9 %.