Inégalité des Français devant l'accès à la propriété : le rôle de la hausse des prix

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Si l’augmentation des prix de l’immobilier a permis à certains de s’enrichir, c’est une barrière toujours plus haute à franchir pour les autres. En effet, l’évolution des revenus des ménages français n’est plus calée sur le prix de la pierre depuis vingt ans. Celui-ci a ainsi connu une croissance deux fois supérieure aux revenus entre 2000 et 2016, accentuant le creusement des inégalités.

Une inégalité entre les générations

Le schéma est simple : les biens immobiliers vendus appartiennent statistiquement aux plus âgés et aux plus aisés financièrement. A qui sont-ils vendus ? Á des acheteurs plus jeunes dans l’obligation de s’endetter pour réaliser leur projet.

Cette dynamique crée une redistribution inégalitaire, enrichissant les plus aisés au profit de l’endettement des ménages jeunes et moins solides financièrement. Les propriétaires détenteurs d’un patrimoine immobilier s’enrichissent sans fournir d’effort, quand les primo-accédants payent plus cher leur investissement ou acceptent de revoir leurs prétentions à la baisse (éloignement géographique de leur lieu de travail, surface habitable plus faible).

Une inégalité entre les territoires

Les prix de l’immobilier n’évoluent pas de façon harmonieuse sur l’ensemble du territoire national. Le cas parisien est le plus remarquable puisque même des ménages aux revenus importants sont exclus du marché immobilier.

Constat identique dans les grandes métropoles qui concentrent emplois, sièges des entreprises, centres universitaires, administrations et réseaux de transport. Les propriétaires y ont particulièrement profité de la hausse des prix immobiliers.

En revanche, les petites et les moyennes villes souffrent de bassins d’emploi déprimés et les biens immobiliers mis sur le marché ne trouvant plus preneurs voient leur prix s’effriter.

L’impact des politiques publiques

Les politiques publiques dispendieuses et mal pensées ont une influence sur l’aménagement du territoire, donc sur le marché de l’immobilier. Certains dénoncent le biais qu’impliquent les droits de mutation (immeubles, fonds de commerce, droits au bail, etc.) ponctionnés par la commune, le département et la région.

Ce sont des sommes d’argent perçues par un notaire pour le compte des collectivités territoriales (Etat, région, département, commune) à chaque enregistrement de changement de propriétaire (immeubles, fonds de commerce, etc.). Cette manne financière incite les collectivités locales à attirer les investisseurs dans l’espoir d’entretenir la croissance du marché immobilier sur leur territoire d’élection.

Autre ingrédient de la hausse des prix immobiliers : la demande artificiellement dopée par la politique monétaire de la Banque centrale européenne qui promeut le crédit à bas coût.