Peut-on emprunter après 60 ans ?

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Faire un emprunt après 60 ans est-il envisageable ? Oui, un prêt à la consommation par exemple ne pose généralement aucun souci car les séniors présentent un profil intéressant pour les organismes prêteurs : situation stable, moins de charges, constitution d’un patrimoine acquis, etc. Cependant, les plus de 65 ans ont des risques plus élevés de développer des maladies ce qui oblige les établissements prêteurs à muscler leur couverture par des surprimes. Celles-ci peuvent s'avérer difficilement finançables pour les retraités aux revenus modestes. Quelles sont les solutions qui s'offrent à eux ? Peuvent-ils emprunter après 60 ans pour acheter une maison ou un appartement ? Outre les prêts séniors adaptés, d'autres possibilités de financement sans assurance existent. Explications.

Quels sont les freins au prêt immobilier après 60 ans ?

Parmi les obstacles qui se dressent pour emprunter après 60 ans, l'âge est justement un critère qui peut poser problème. En effet, les organismes prêteurs fixent généralement à 75 ans au plus tard l'échéance des remboursements du crédit immobilier. Toutefois, la hausse de l'espérance de vie en bonne santé incite les établissements bancaires à revoir leur offre et à repousser cette limite à 80 ans.

L'autre défi majeur pour disposer d'un crédit immobilier à plus de 60 ans concerne l'assurance emprunteur. Cette assurance décès-invalidité est onéreuse pour les séniors qui font face, l'âge avançant, à des soucis de santé. Or, les organismes prêteurs veulent se prémunir de ce risque et acceptent de faire une offre d'emprunt. En contrepartie, elle est adossée à une tarification de l'assurance emprunteur conséquente.

Pour établir le montant de la prime (la surprime peut aller de +25 % à +300 % par rapport au tarif de base), la compagnie d'assurances se réfère à l'état général de santé du souscripteur via des questionnaires voire des examens médicaux plus poussés. Tout mensonge ou oubli peut rendre caduque la couverture, et même entraîner des pénalités financières. Au final, la prime oscille en moyenne entre 0,60 % et 1,96 %.

Ainsi, un retraité est susceptible de payer autant d'assurance que d'intérêts. L'idée est de répartir la charge de ce coût sur les deux époux, ou sur l'époux le plus jeune ou en meilleure santé. Deux solutions existent : solliciter le contrat groupe de la banque prêteuse qui s'appuie sur la mutualisation des risques, ou demander une délégation d'assurance pour sélectionner un contrat individuel et personnalisé.

Y a-t-il un âge limite pour un emprunt immobilier ?

L'âge limite pour un emprunt immobilier n'existe pas en théorie. Mais l'assurance-emprunteur fait office de barrière. En effet, les contrats groupe des banques fixent la fin de remboursement à 70 ans, ce qui restreint les marges de manœuvre lorsqu'on entre dans la soixantaine. De plus, certaines maladies peuvent même être exclues des garanties formulées dans le contrat d'assurance-emprunteur.

La délégation d'assurance permet de contourner cette rigidité à condition de payer plus. Certains établissements proposent une couverture accessible jusqu'à 85 ans, incluant un remboursement du prêt jusqu'à 90 ans. Cette solution de prêt sénior dédié permet donc d'emprunter à 70 ans sur une durée de 20 ans.

En ce qui concerne les risques couverts, le retraité a tout intérêt à se focaliser sur le seul décès. Il est inutile de prendre une assurance superflue couvrant la perte d'autonomie et d'incapacité de travail, l'invalidité et la perte d'emploi. Néanmoins, certaines situations préconisent de muscler sa couverture notamment quand les plus de 60 ans résident dans des pays à risque ou pratiquent des activités sportives dangereuses.

Bon à savoir : pour leurs clients solvables, les banques proposent des prêts à paliers modulant les mensualités selon la capacité de remboursement. Par exemple, cette charge peut baisser de 30 % au moment du départ à la retraite, synonyme de baisse de revenus.

Quel est le taux d'assurance immobilier après 60 ans ?

Pour bénéficier d'une assurance décès-invalidité avantageuse alors que le sénior ne dispose pas de revenus suffisants, il peut recourir au financement sans assurance. C'est le cas du nantissement d'un placement financier (assurance-vie, Plan d'épargne en actions, portefeuille boursier, etc.).

En cas de décès, l'organisme prêteur en est le bénéficiaire et se rembourse sur cette épargne. Nantir une assurance-vie permet de continuer les versements sans détruire le produit bancaire, donc de jouir de sa fiscalité avantageuse. Le nantissement ne provoque pas de frais supplémentaire sur le crédit immobilier après 60 ans, l'emprunteur ne s'acquittant uniquement que des intérêts.

Parmi les autres solutions pour emprunter après 60 ans, il est possible de passer par le prêt sur gage. La démarche consiste à placer en dépôt des objets de valeurs (bouteilles millésimées, objets de valeurs, bijoux, etc.). Un expert évalue le bien et formule une offre de prêt d'une durée d'un an. Le montant équivaut entre 50 % et 70 % de la valeur du bien gagé moyennant le versement d'intérêts. Si la personne ne peut rembourser le crédit, le bien est vendu aux enchères, un reliquat lui revenant en cas d'offre supérieure au montant du prêt.

Prêt immobilier après 60 ans : qu'est-ce que le prêt viager hypothécaire ?

Autre porte d'entrée vers l'emprunt après 60 ans : le prêt viager hypothécaire. C'est une solution qui permet d'obtenir rapidement des liquidités. Il prend la forme d'un prêt remboursable au décès du bénéficiaire. Cette solution est préconisée pour les séniors propriétaires d'un bien immobilier qui désirent acquérir un nouveau logement plus spacieux ou situé dans une zone géographique dont le mètre carré est plus élevé.

La banque verse une rente ou un capital à l'emprunteur dont la somme est fixée en fonction de la valeur du bien et de l'âge de ce dernier. Au moment du décès, les héritiers peuvent rembourser le capital et les intérêts pour garder le bien immobilier. Dans le cas contraire, la banque récupère le bien pour le mettre en vente. Là encore, un reliquat est versé aux ayants droit si le fruit de la vente est supérieur à la dette.

Bon à savoir : le prêt hypothécaire cautionné est une variante, l'emprunteur remboursant le prêt par mensualité. Celui-ci est limité à 70 % du prix de vente, ne requiert pas d'assurance-emprunteur mais est plus onéreux.

Y-a-t-il un âge limite pour un prêt personnel ?

L'âge n'est pas un frein pour souscrire un prêt personnel ni pour décrocher un taux raisonnable. Il faut dire que les plus de 60 ans disposent de sérieux atouts pour obtenir la confiance de leur banque : situation stable, patrimoine, plus d'enfants à charge, etc. Ils n'ont que l'embarras du choix pour disposer d'un prêt personnel de 5.000 € de 1 à 2 ans par exemple.

Bon à savoir : pour un crédit classique, les banques s'intéressent au montant de l'apport et à la durée qui doit être la plus courte possible.

Avec l'âge, l'aménagement de la résidence principale s'avère judicieux. Des travaux sont souvent nécessaires pour refaire la salle de bain, la cuisine ou l'accès à l'étage. Les retraités n'auront aucun souci à bénéficier de crédits à taux bonifiés.

Si leurs montants sont plafonnés, il est possible de les cumuler avec certaines aides financières sous conditions :

  • prime énergie ;
  • aides de l'Anah ;
  • éco-prêt à taux zéro ;
  • aide aux travaux d'amélioration de l'habitat attribué par la caisse de retraite ;
  • etc...

Les séniors peuvent aussi les compléter avec un crédit classique, notamment quand le coût des travaux ne dépasse pas 21.500 €. Au-delà de cette somme, le crédit bancaire bascule en prêt immobilier. Notez que lorsque l'emprunt finance des travaux pour un bien immobilier acquis à l'aide d'un crédit immobilier en cours, l'établissement bancaire prêteur peut renoncer à garantir le crédit travaux (donc à l'assurance-emprunteur exigée pour les prêts immobiliers).

Bon à savoir : l'assurance-emprunteur est facultative pour les emprunts inférieurs à 21.500 €. En son absence, l'organisme prêteur peut vous dissuader de souscrire un crédit sans cette couverture en fixant des taux majorés. Si le souscripteur refuse de prendre une assurance-emprunteur, en cas de décès, l'organisme prêteur réclamera les mensualités manquantes aux héritiers.