Déremboursement des pilules de 3e génération

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Bref rappel des faits

L'affaire a fait grand bruit. En décembre 2012, une jeune femme portait plainte contre le laboratoire Bayer et la pilule contraceptive Meliane dite de 3ème génération, l'accusant d'être à l'origine d'un AVC qui, en 2006, la laissait handicapée.

Reprise à grand renfort de médias et relayée par de nouvelles plaintes de femmes pourtant jeunes et en bonne santé, victimes de phlébites, d'AVC ou d'embolies pulmonaires, cette affaire déclencha la décision de la Ministre de la Santé, Marisol Touraine, le 3/01/2013, d'avancer au 31 mars 2013 le déremboursement de cette catégorie de pilules, prévu initialement en septembre 2013.

Une affaire qui remonte

Les premiers soupçons sur les effets supposés de ce contraceptif datent de 1995, suite aux conclusions rendues publiques par l'Organisation Mondiale de la Santé qui dénonçait les riques accrus de thrombophlébite veineuse et d'embolies pulmonaires. Ces rapport signèrent, dès lors, le début d'un bras de fer entre scientifiques et certains industriels pharmaceutiques ayant intérêt à minimiser les risques...

Des plaintes furent déposées en 2001, en France, par une centaine de femmes avant qu'en 2007, la pétition citoyenne de 100 000 américaines n'enfonce le clou.

Malgré cela ces pilules continuèrent d'être largement prescrites par la plupart des médecins pour représenter actuellement 25 % des contraceptifs oraux remboursés, alors que, selon les recommandations édictées par la Haute Autorité de Santé en 2007 elles devaient être essentiellement réservées aux femmes ne supportant aucune autre forme de pilule et de moyen de contraception en général.

Des mesures jugées insuffisantes

La décision d'avancer le déremboursement de ces pilules n'a pas été jugée suffisante par la Fédération des Médecins de France qui estime aujourd'hui que le fait que ces contraceptifs ne soient plus remboursés par la sécurité sociale n'enlève en rien leur dangerosité.

Par ailleurs, un groupement de spécialistes libéraux et un syndicat de médecins généralistes ont décidé de porter plainte le 03/01 contre l'ANSM, l'Agence Nationale de Sécurité du Médicament pour obtenir le retrait sans concession des pilules de 3ème génération. Le but est de contraindre l'ANSM à argumenter sa position. En d'autres termes, pourquoi un médicament réputé dangereux n'est pas automatiquement retiré de la vente et pourquoi un tel laxisme depuis 10 ans alors que des rapports lançaient déjà les premières alertes ?

Le déremboursement est-il la solution au problème ?

Il semble urgent que les autorités sanitaires se penchent sur la surabondance des pilules contraceptives en surveillant d'un peu plus près les autorisations de mise sur le marché.

Par ailleurs une prise de conscience et une meilleure formation des médecins prescripteurs assorties d'une information claire auprès des utilisatrices pourraient peut-être suffire à réhabiliter ce type de pilule qui, malgré ses risques, s'avère parfois la seule alternative contraceptive pour certaines femmes.