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Le rêve américain de Free douche les espoirs d'une consolidation en France

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La nouvelle est tombée mardi 5 août, au soir : l'opérateur américain Sprint a renoncé à son offre de rachat de T-Mobile US. Le groupe français Iliad se retrouve désormais seul en lice. Ayant misé avec brio sur un veto des autorités antitrust américaines sur l'offre de Sprint, Free doit désormais s'armer de patience.

Si en effet, l'offre de rachat initiale d'Iliad a été jugée par Deutsche Telekom insuffisante, elle demeure cependant pour la maison-mère de l'opérateur américain l'une des seules options crédibles encore présentes sur la table des négociations.

T-Mobile US : un rachat rendu nécessaire mais complexe

Il n'est un secret pour personne que Deutsche Telekom, depuis de nombreuses années, cherche à se délester (à bon prix) de sa filiale américaine T-Mobile US, qui, avec ses 12 % de parts de marché et ses cinquante millions de clients, n'a jamais réussi à atteindre le poids critique des deux « géants » Verizon et AT&T. Ces derniers cumulent en effet 70 % des parts de marché et 300 millions de clients en Amérique du Nord…

Après une première tentative avortée en 2011, des discussions sont donc à nouveau en cours pour un rachat de T-Mobile par Sprint, lui-même filiale du groupe japonais Softbank : à eux deux, les numéros 3 et 4 du marché des télécoms américains seraient alors de taille à rivaliser avec leurs deux gros concurrents.

Une perspective toutefois vue d'un très mauvais œil par les autorités américaines de la concurrence, qui craignent un passage de quatre à seulement trois acteurs dominants : les télécoms, aux Etats-Unis, représentent en effet un secteur déjà très peu concurrentiel, et marqué par des tarifs exorbitants par rapport à l'Europe (cf. infra).

Iliad : les détails d'une offre inattendue

Flairant sans aucun doute une opportunité à saisir, le groupe français Iliad annonçait publiquement, ce vendredi 1er août, une offre de rachat de T-Mobile US. Xavier Niel, concrètement, se propose d'acheter une participation à hauteur de 56,6 % du capital de l'entreprise, pour un investissement total de 15 milliards de dollars (11,2 milliards d'euros) ou 33 dollars par action.

Pour se permettre le rachat d'un opérateur représentant plus de trois fois sa taille en termes d'EBITDA (excédent brut d'exploitation), Xavier Niel mise sur un savant montage financier. Tout d'abord une augmentation de capital d'Iliad à hauteur de 2 milliards d'euros, sur laquelle le groupe pourra s'adosser pour un emprunt complémentaire de 4 milliards auprès des marchés financiers.

Les 6 milliards, injectés dans une holding d'acquisition détenue par Iliad, serviront ensuite à lever 5 milliards complémentaires, avec la participation déjà actée de plusieurs banques comme BNP Paribas ou HSBC. Pour un ratio d'endettement final estimé à 4 fois l'EBITDA, soit un niveau encore gérable. Sur le papier, l'opération est donc possible.

Un marché américain alléchant pour Iliad

Si les chances de réussite de Xavier Niel, soutenu notamment par le ministre Arnaud Montebourg, suscitent toutes les interrogations, ses motivations ne font en revanche aucun doute : l'implantation d'Iliad aux États-Unis permettrait au groupe de bénéficier de conditions diamétralement opposées à celles que présente le marché français.

En raison d'une trop faible concurrence, les consommateurs américains n'ont en effet pas encore eu la chance de connaître une véritable baisse des tarifs pour les communications téléphoniques ou encore la 3G/4G, bien au contraire : il a été estimé que le coût de 500 Mb de données mobiles, aux États-Unis, est facturé en moyenne à 85 dollars ! À titre de comparaison, ce chiffre n'est que de 34,60 dollars en France.

Ces marges confortables ont des conséquences : en 2013, le bénéfice des opérateurs américains a augmenté en moyenne de 3 à 4 %, alors qu'il diminuait de 14 % en France en raison de la concurrence féroce qui y règne. On imagine donc sans peine les ravages qu'une politique commerciale équivalente à celle de Free pourrait faire aux États-Unis.

Comparaison du revenu généré par le secteur de la téléphonie mobile aux États-Unis et en Europe
Infographie Les Échos - Source : Bloomberg, GSMA

Les marchés restent sceptiques

Sans aller jusqu'à parler de panique, l'annonce surprise de Xavier Niel a quelque peu déboussolé les marchés boursiers, signe que les investisseurs estiment pour l'instant le projet assez peu crédible. Le groupe Iliad lui-même cédait ainsi 7,01 % à la fermeture de la bourse de Paris vendredi.

En raison des implications possibles sur la consolidation des télécoms français, Orange perdait également 2,81 %. Quant à Bouygues, la maison-mère de Bouygues Télécom, elle perdait 4,28 % et affichait la plus forte baisse du CAC 40 pour ce jour-là.

Quelles conséquences possibles pour les télécoms en France ?

Le marché français des télécoms est actuellement à l'opposé de son voisin américain. Les trois opérateurs « historiques » (Orange, SFR et Bouygues) se sont livrés une guerre des prix sans merci depuis le séisme provoqué par l'arrivée de Free sur le marché. La situation est ainsi devenue plus favorable pour le consommateur mais moins pour les opérateurs, qui sortent assez affaiblis de ces épreuves. Ce qui constitue en germe un vrai problème, dans la mesure où ces entreprises ont notamment besoin de capitaux importants pour continuer à investir dans les infrastructures de réseau et améliorer la qualité du service.

Avec 13 millions de clients et la plus faible marge brute opérationnelle du marché (19 % en 2013), Bouygues Télécom apparaît incontestablement comme le nouvel homme malade du secteur. Une nouvelle « consolidation » du marché, c'est-à-dire la fusion de Bouygues avec l'un des trois autres opérateurs, est donc pressentie et anticipée par les marchés depuis près de six mois, et aurait l'avantage de redonner de l'oxygène au secteur.

La première hypothèse, à savoir le rachat de SFR par Bouygues Télécom, a été abandonnée lorsque Numericable a finalement remporté la mise. Restent alors Free et Orange. Ce dernier, toutefois, a déjà fait savoir qu'il ne pourrait entreprendre seul une telle opération : le numéro 1 français risquerait en effet d'être épinglé par les autorités de surveillance de la concurrence.

Le dernier scénario retenu, celui d'un rachat de Bouygues Télécom par Iliad, a donc été sérieusement envisagé par tout le monde, y compris par Iliad lui-même. Xavier Niel, toutefois, se serait lassé du prix trop élevé demandé par Bouygues et de discussions en coulisses qui n'aboutiraient à rien de concret…

En d'autres termes, l'avenir du marché des télécoms français souffre désormais d'un important manque de visibilité pour les investisseurs.

Et ce manque de visibilité autorise alors l'expression de spéculations : une offre revalorisée soumise par Iliad aurait-elle finalement une chance d'aboutir auprès de T-Mobile US ? En cas de réussite, Xavier Niel aura-t-il encore les reins assez solides pour mener à bien ses ambitions en France, dont l'éventuelle participation à une acquisition d'actifs de Bouygues Télécom et, surtout, l'extension de son propre réseau mobile ? A contrario et en cas d'échec, les discussions entre Iliad et Bouygues pourraient-elles reprendre de plus belle et aboutir ?

Nul doute que le feuilleton n'est pas terminé et pourrait encore amener, à l'image du rachat de SFR au printemps, son lot de rebondissements.