En 2015, les Français ont misé sur le PEL et l'assurance-vie

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Chaque année, l'Observatoire de l'épargne réglementée présidé par le gouverneur de la Banque de France rend compte de l'évolution des placements financiers des Français. Selon le septième rapport publié le 07 juillet dernier, les particuliers continuent de mettre de l'argent de côté. Le montant total de leurs placements financiers pour 2015 s'élève à pas moins de 4 461 milliards d'euros, soit 200 milliards de plus qu'en 2014 !

Quels moyens d'épargne les Français ont-ils privilégiés en 2015 ? De plus en plus de Français choisissent d'opter pour l'assurance-vie et plus particulièrement les fonds en euros. L'épargne réglementée n'en conserve pas moins une place importante, notamment grâce à l'essor du PEL . L'Observatoire souligne également une progression de la détention de titres… mais aussi de l'encours des comptes bancaires courants.

Les Français préfèrent la sécurité à la rémunération

Sur les 4 460,6 milliards d'euros placés par les Français au 31 décembre 2015, plus de 2 769,8 milliards d'euros (62 % du montant total) reposent sur des supports ne présentant aucun risque. Ces placements enregistrent un flux net annuel de 81 milliards d'euros en 2015. En comparaison, les actifs dits risqués représentent 1 690,8 milliards d'euros. Ils n'ont engrangé que 22,7 milliards d'euros supplémentaires, dont la majorité (16,1 milliards d'euros) provient du développement des assurances-vie en unités de compte.

Malgré la perspective d'une rémunération plus élevée offerte par les actifs risqués, les ménages continuent donc à privilégier l'épargne sécurisée. Face à l'effondrement des taux d'intérêts des livrets, ils semblent même préférer opter pour la conservation de leurs avoirs sur leur compte bancaire. Les dépôts à vue remportent en effet la palme du plus important afflux financier de 2015. Après une hausse de 18,4 milliards d'euros en 2014, leur encours a crû de pas moins de 35,7 milliards d'euros l'année suivante ! Les dépôts à vue ne représentent toutefois qu'un total de 382,4 milliards d'euros, soit une proportion de seulement 8,6 % des placements financiers des Français.

La progression de l'assurance-vie se poursuit

L'évolution des placements financiers des Français au cours des dix dernières années met en avant l'essor des assurances-vie. En 2015, ce moyen d'épargne a établi une collecte nette de 49 milliards d'euros. Il représente 37,2 % des actifs contre 32 % en 2005. Notons toutefois que malgré ces bons résultats, son flux annuel net en 2015 reste bien en deçà de ce qu'il a été par le passé, notamment en 2009 et en 2010.

Après un développement prometteur au cours des deux années précédentes, les fonds en unités de compte poursuivent leur progression. Représentant 283,9 milliards d'euros d'actifs à la fin 2015, ces assurances-vie dont le capital n'est pas garanti dépassent désormais les actions cotées (228,8 milliards d'euros) et les titres de créances (69 milliards d'euros). Notons toutefois que les actions non cotées restent tout de même en tête des supports risqués. Elles représentent pas moins de 17,6 % du montant total des placements effectués par les Français, soit 786 milliards d'euros.

Si les supports en unités de compte commencent à intéresser un nouveau public d'épargnants aux actifs risqués, l'encours des assurances-vie provient dans sa grande majorité (près de 83  %) des fonds garantis en euros. Au 31 décembre 2015, ces produits d'épargne garantis sans risques représentent 1 374,6 milliards d'euros, soit 30,8 % du total des placements financiers des ménages français. Ces placements sans risques affichent l'un des plus importants flux nets annuels de l'année : 32,9 milliards d'euros !

Les livrets A, les LDD et les LEP sont en perte de vitesse

Parallèlement à l'essor des assurances-vie et à une tendance à laisser l'épargne dormir sur un compte courant, les livrets d'épargne réglementée affichent une évolution négative. Probablement poussée par la baisse de leurs taux de rémunération, leur décollecte atteint un total de 10,5 milliards d'euros en 2015. Cette perte de vitesse affecte principalement les livrets A et leurs équivalents, les livrets bleus.

En 2015, leur encours global diminue de 7,5 milliards d'euros et leur nombre régresse. Après une baisse de 1,4 million de livrets en 2014, l'Observatoire dénombre en effet 550 000 livrets A de moins au 31 décembre 2015 qu'un an plus tôt. Ces pertes affectent principalement les réseaux bancaires historiques. Les nouveaux réseaux incluant notamment les banques en ligne affichent un flux net quasiment nul sur l'année ainsi qu'un nombre d'ouvertures plus élevé. Malgré la baisse d'attractivité du livret A, 91,7 % de la population en possède un. Son encours reste par ailleurs en tête des supports d'épargne réglementée avec 248,7 milliards d'euros de dépôts.

Dans une moindre mesure, les livrets de développement durable (LDD) et d'épargne populaire (LEP) connaissent la même évolution que le livret A. Affichant un encours de 101 milliards d'euros au 31 décembre 2015, le LDD perd environ 0,8 milliard d'euros. Le nombre de ces comptes passe par ailleurs de 24,9 millions à 24,7 millions, abaissant leur taux de détention à 37 % des Français (après 37,5 % en 2014). De même, le LEP enregistre une baisse de son encours de 0,7 milliard d'euros, l'établissant à 45,8 milliards d'euros. Le nombre de LEP (8,9 millions) et son taux de détention par la population (13 %) restent en revanche parfaitement stables.

L'épargne réglementée mise sur le PEL

Contrairement à la plupart des livrets d'épargne réglementée mais aussi aux comptes à terme qui enregistrent une baisse de 6,3 milliards d'euros, l'épargne contractuelle a eu le vent en poupe en 2015. Après un gain de 18,2 milliards d'euros en 2014, le PEL affiche notamment une collecte positive de 24 millions d'euros sur l'année. Cela représente une progression de 11,1 % en un an !

Avec un encours de 239,9 milliards d'euros, il rattrape presque le livret A, jusque-là champion des livrets réglementés. Cette augmentation d'encours se couple avec une importante hausse des ouvertures de PEL. Sur le seul premier trimestre 2015, environ 1 million de nouveaux plans a été ouvert. Cela correspond aux deux tiers du nombre de plans ouverts sur l'ensemble de l'année 2014 ! Au 31 décembre 2015, 15,6 millions de PEL ont été recensés.

L'observatoire analyse cette montée en puissance comme résultant de l'annonce d'une baisse du taux des PEL ouverts à compter de février puis à la baisse de la rémunération du livret A et du LDD intervenue en août 2015. L'organisme souligne par ailleurs que, malgré sa diminution, le taux du PEL est « anormalement élevé » étant donné la faiblesse de l'inflation. Une bonne raison pour expliquer l'engouement des Français pour ce produit d'épargne, engouement qui se confirme en 2016 avec l'ouverture de plus de 900 000 PEL au premier trimestre.