L'encours du Livret A n'en finit plus de chuter

Mis à jour le
minutes de lecture

Sans surprise, les épargnants continuent à retirer de l'argent de leur livret A ou leur livret de développement durable (LDD), placements pourtant autrefois préférés, pour assurer les charges du quotidien, ou pour se tourner vers des produits plus rémunérateurs comme le Plan Épargne Logement (PEL) ou l'assurance-vie.

Le mois de novembre 2015 ne fait pas exception avec une décollecte totale estimée à 1,3 milliard d'euros pour les deux livrets. Ce résultat est certes moins mauvais que ce qui était craint, mais il présage une baisse record de l'encours pour l'année 2015.

Une collecte négative pour le mois de novembre...

Le livret A n'a pas réussi à retrouver des couleurs pendant le mois de novembre 2015 et reste sur une pente défavorable. Déjà bien mal en point depuis le début de l'année, son encours total a chuté à nouveau de 1,09 milliard d'euros au cours du mois dernier. Il passe ainsi de 254,5 milliards d'euros fin octobre à seulement 253,4 milliards fin novembre, soit une diminution légèrement inférieure à 0,5 %.

Du côté du livret de développement durable (LDD), le constat n'est guère plus réjouissant. Ce produit d'épargne soumis à la même réglementation, et souvent considéré comme une enveloppe secondaire par les épargnants, perd 210 millions d'euros en un mois. L'encours du LDD au 30 novembre 2015 s'établit désormais à 100 milliards d'euros tout rond.

Le cumul des pertes des deux principaux livrets réglementés s'élève à 1,3 milliard d'euros au mois de novembre. Leur encours total chute à 353,5 milliards d'euros contre 354,8 milliards un mois plus tôt.

...qui vient confirmer une très mauvaise année 2015

Les trois derniers mois, à y regarder de près, n'ont rien de catastrophique puisque la fin d'année est traditionnellement l'occasion pour les Français de puiser dans leurs bas de laine. La décollecte totale pour septembre, octobre et novembre 2015 s'établit à 5,76 milliards d'euros alors qu'elle était par exemple de 6,55 milliards d'euros pour la même période en 2014.

Le problème vient surtout du fait que les deux livrets n'ont plus connu un seul mois positif depuis mars, alors même que le début de l'année permet normalement à l'épargne réglementée de se reconstituer. Il s'ensuit un bilan particulièrement négatif pour les onze mois écoulés de 2015, avec une décollecte totale de 11,67 milliards d'euros pour les deux livrets, dont 9,58 milliards pour le livret A et 2,09 milliards pour le LDD.

Selon toute vraisemblance, et sauf retournement de situation majeur, 2015 s'imposera comme la pire année connue pour le livret A. Le précédent record, en 1996, était en effet une décollecte de 8,35 milliards d'euros « seulement » : un seuil déjà largement dépassé cette année à la fin novembre...

Les Français boudent un taux jugé trop faible

De nombreux facteurs conjoncturels peuvent expliquer la diminution de l'épargne placée sur les livrets réglementés. Comme indiqué plus haut, la fin d'année est notamment peu propice aux économies en raison des derniers impôts à payer et de la préparation des fêtes de Noël et du Nouvel An.

La véritable faiblesse actuelle du livret A, toutefois, est un taux d'intérêt que les Français ont bien du mal à trouver attractif. Après la chute de ce taux à un plus bas historique de 0,75 % au 1er août 2015, soit sous la barre symbolique de 1 %, nombreux sont les particuliers à lui préférer d'autres produits d'épargne, ou à se tourner tout simplement vers la consommation...

Le taux du livret A n'est pourtant pas si ridicule si l'on prend en compte l'inflation extrêmement faible, qui frôle parfois la déflation. Pour le mois de novembre, par exemple, l'Insee a revu son indice des prix à la consommation en l'abaissant de 0,2 %. Paradoxalement, le livret d'épargne peut donc rapporter davantage... ou du moins, mieux préserver l'épargne qu'à d'autres périodes où son taux et celui de l'inflation étaient plus élevés. C'était par exemple le cas au début de l'année 2011, lorsque l'inflation avait dépassé la barre des 2 % alors que le livret A n'offrait pas autant.

Le PEL : un particularisme en sursis ?

Les solutions de repli des Français sont désormais bien connues, et l'assurance-vie figure comme toujours en bonne place. Pour autant, c'est surtout l'engouement actuel pour le plan d'épargne logement (PEL) qui retient l'attention. Initialement conçu pour faciliter la constitution d'une épargne logement en vue d'un apport et de l'obtention d'un prêt à un taux préférentiel, le PEL s'est mué progressivement en un « super-livret » réglementé.

Avec sa rémunération fixée à 2 % hors cotisations sociales (soit 1,69 % net) pour tous les plans ouverts depuis le 1er février 2015, le PEL peut en effet se targuer d'offrir des conditions bien plus avantageuses que le livret A. Au point que les pouvoirs publics envisageraient de mieux harmoniser le rendement des différents produits réglementés, c'est-à-dire de diminuer le taux applicable au PEL. Épargne sécurisée et taux d'intérêt attractif ? Une équation qui devient de plus en plus insoluble pour les Français !