La décollecte du livret A s’accélère en septembre

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Les temps sont durs pour les livrets d'épargne réglementés, et la désaffection des Français semble désormais installée pour durer. Les chiffres communiqués par la Caisse des dépôts et des consignations ce 21 octobre 2015 sont en effet sans appel : le mois de septembre, traditionnellement mauvais, bat cette année tous les records avec une décollecte estimée à 2,38 milliards d'euros.

Les raisons pouvant expliquer ces retraits d'argent sont bien sûr nombreuses : entre des impôts lourds à supporter en fin d'année, un taux d'intérêt ramené au plus bas et les charges liées à la rentrée scolaire, de nombreux foyers sont logiquement amenés à puiser dans leurs bas de laine.

Une décollecte record au mois de septembre…

Les Français ont été visiblement nombreux à solliciter leur épargne personnelle pour passer le difficile cap de la rentrée scolaire et du mois de septembre. La collecte nette du livret A est très largement négative sur cette période, et atteint - 2,38 milliards d'euros, ce qui correspond à une diminution de l'encours total à hauteur de - 0,9 %.

Ce bilan est à comparer avec la décollecte étonnamment comparable enregistrée en 2014, et qui s'élevait quant à elle à - 2,37 milliards d'euros. Deux chiffres proches qui ne doivent pas faire oublier l'aggravation très récente du phénomène : en septembre 2013, la décollecte n'atteignait encore par exemple que - 1,56 milliard d'euros.

Le livret de développement durable (LDD), dont les caractéristiques sont identiques à celles du livret A, subit la même tendance. 870 millions d'euros ont été retirés des comptes au mois de septembre, soit une diminution de - 0,8 % de l'encours total.

…qui confirme une tendance négative sur l'année

L'argent déposé sur les principaux livrets réglementés s'érode avec une régularité inquiétante depuis un an. La première décollecte massive enregistrée en septembre 2014 n'a pas été compensée par des rentrées d'argent ultérieures, bien au contraire. À l'exception de mars 2015 avec un modeste solde positif de 0,11 milliard, tous les autres mois ont été négatifs pour le livret A. L'encours total de ce produit d'épargne détenu par 61,6 millions de Français, alors qu'il était encore de 264,5 milliards d'euros en septembre 2014, n'est plus que de 256,8 milliards d'euros un an plus tard, soit une baisse très sensible de 2,92 % !

L'encours du livret de développement durable pointe lui aussi vers le bas. Depuis le mois de janvier, la décollecte s'élève à 1,1 milliard d'euros au total. L'encours actuel du LDD n'est plus que de 105,6 milliards, soit une baisse de 1,03 % en neuf mois seulement.

Comment expliquer cette désaffection ?

La diminution progressive des montants épargnés sur les livrets A et les LDD ne constitue une surprise pour personne. Les mauvais chiffres du mois de septembre, en particulier, peuvent s'expliquer par une conjonction de facteurs bien connus comme le paiement du dernier tiers de l'impôt sur le revenu pour les contribuables non mensualisés (auquel s'ajoute bien souvent une provision pour la taxe d'habitation et la taxe foncière).

Les familles, déjà durement impactées par certaines réformes fiscales récentes, doivent par ailleurs faire face au même moment aux charges habituelles de la rentrée des classes et à l'achat de nombreux matériels scolaires. Ces différentes dépenses, enfin, interviennent typiquement à un moment où la trésorerie des Français a été mise à mal par les vacances estivales, et contraignent donc ces dernier à puiser dans leurs réserves.

L'envergure toute particulière de la décollecte du mois de septembre 2015 a toutefois une autre origine évidente : l'abaissement du taux d'intérêt du livret A le 1er août dernier à seulement 0,75 %, soit le plus bas niveau de toute son histoire, a visiblement eu un impact important sur la perception de sa rentabilité par les épargnants. Bien que ce taux reste supérieur à ce que l'application stricte de la formule de calcul entraînerait (0,25 % au vu de l'inflation e), le passage sous la barre symbolique de 1 % contribue à une certaine désaffection de la part des épargnants.

Un phénomène encore trop marginal pour inquiéter la CDC

La Caisse des dépôts et consignations dépend fortement du livret A pour financer la politique gouvernementale en matière de logements sociaux et de politique de la ville. La diminution globale des encours constatée depuis un an n'apparaît cependant pas suffisante pour constituer un véritable motif d'inquiétude pour la CDC.

Cette dernière a en effet bénéficié à plein de l'augmentation des plafonds du livret A et du LDD en 2012 et 2013, au point de se constituer une trésorerie plus que confortable. 60 à 65 % seulement des encours sont actuellement mobilisés par la CDC pour des prêts aux bailleurs sociaux.

Vers une ruée sur l'assurance-vie ?

Il est probable qu'une grande partie des sommes retirées des livrets A et LDD n'a pas été consommée, mais transférée vers des produits d'épargne plus compétitifs. Même parmi les livrets réglementés, des solutions restent plus intéressantes comme notamment le Plan Épargne Logement (PEL), rémunéré à 1,69 % net après prélèvements sociaux ou même 2,11 % net pour tous les épargnants qui ont eu la bonne idée d'en ouvrir un avant le 1er février 2015.

Les fonds en euros et unités de compte des assurances-vie sont toutefois les produits qui devraient bénéficier le plus de la baisse d'attractivité du livret A. Les mois de juillet et d'août ont été globalement très favorables pour les assureurs, avec respectivement une collecte nette positive de 3,4 et 1,6 milliards d'euros. Les chiffres de septembre confirment cette tendance avec une collecte nette établie à 1,2 milliards d'euros.