Les Français paieront 1 € de plus pour leur électricité dès août

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C'est le gros « avantage » des factures d'électricité : leur composition est si complexe qu'elles ne manquent jamais de décevoir les amateurs de surprises ! Le quotidien Le Parisien, dans un article du 1er juin dernier, révèle ainsi que les Français devront payer collectivement un peu plus de 32 millions d'euros supplémentaires pour leur consommation d'électricité entre les 1er août 2016 et 2017, en plus de l'augmentation de tarif qui interviendra à la même date.

Les abonnés, dans l'affaire, sont victimes d'un accord passé entre les fournisseurs alternatifs – Direct Energie en tête – et le distributeur ERDF (rebaptisé depuis peu Enedis), et qui vise à dédommager les premiers des frais engagés pour percevoir et reverser une taxe destinée au second.

Électricité : l'addition s'alourdit de 32 millions d'euros pour les foyers

La dernière réunion du Conseil supérieur de l'énergie (CSE), dont le rôle est de conseiller les pouvoirs publics sur l'orientation de la politique de l'énergie, a eu lieu ce 31 mai et aurait permis de valider le principe d'une augmentation tarifaire exceptionnelle sur la facture d'électricité des usagers entre le 1er août 2016 et le 1er août 2017. L'information, relayée par Le Parisien, fait état d'une surfacturation totale de 32 millions d'euros qui sera supportée collectivement par les Français, soit un effort moyen compris entre 0,5 et 1 € par an et par foyer. Cette somme, par ailleurs, ne tient pas compte de l'augmentation habituelle des tarifs réglementés de vente, qui devrait intervenir elle aussi au 1er août prochain.

La décision n'est pas entièrement inédite. Sans même qu'ils s'en rendent compte, les consommateurs d'électricité avaient en fait déjà dû fournir la même contribution en 2013, en 2014 et en 2015 ! Initialement prévue pour trois ans, cette surfacturation vient donc d'être reconduite pour – au moins – une année supplémentaire par les pouvoirs publics, avec l'accord de la Commission de Régulation de l'Énergie (CRE).

Un dédommagement au bénéfice des fournisseurs alternatifs

De quoi s'agit-il ? Rappelons tout d'abord que la facture d'électricité payée par les 35 millions de foyers français se divise grossièrement en trois volets : un tiers de taxes diverses, un tiers pour couvrir les coûts de production de l'énergie et un dernier tiers pour son acheminement via les réseaux de transport et de distribution. La part de la facture correspondant au coût d'acheminement de l'énergie, une fois prélevée par le fournisseur, est reversée par ce dernier au distributeur, qui se trouve être ERDF dans 95 % des cas.

En 2012, Direct Énergie avait déploré que ce prélèvement au profit d'ERDF lui imposait des frais de gestion excessifs. Une réclamation vite reprise en chœur par tous les autres fournisseurs alternatifs du marché (Lampiris, Planète OUI…), qui ont notamment mis en avant leur arrivée récente sur le marché – l'ouverture à la concurrence de l'électricité pour les particuliers remonte à 2007 seulement – et leur situation de relative fragilité. Afin de ne pas pénaliser les fournisseurs alternatifs d'électricité du marché et leur laisser le temps de consolider leur assise, le gendarme de l'énergie a alors accepté que les frais de prélèvement supportés par ces derniers pour ERDF soient répercutés sur le consommateur, pour une durée de trois ans.

La mesure se justifie-t-elle toujours ?

Le renouvellement de ce dispositif de compensation au profit des fournisseurs alternatifs pour la période 2016/2017 ne fait plus l'unanimité, et quelques voix dissoNantes commencent à se faire entendre. Du côté des associations de consommateurs, l'Union départementale des associations familiales et laïques de Paris (UDAF) fait notamment valoir les excellents résultats publiés avec constance ces derniers temps par le principal fournisseur alternatif du marché. Direct Énergie, qui vient de dépasser en France le milliard d'euros de chiffre d'affaires et compte désormais plus de 1,5 million d'abonnés, n'est certes plus exactement « un petit » aux yeux de Françoise Thiébault, secrétaire générale de l'UDAF et par ailleurs membre du CSE. Du fait même de sa domination, Direct Energie devrait d'ailleurs percevoir le plus gros de la future compensation acquittée par les consommateurs, soit près de 30 millions d'euros sur les 32 prévus !

La décision est cependant assumée par Philippe de Ladoucette, le président de la CRE, qui souligne que le mécanisme permet l'épanouissement de la concurrence sur le marché et bénéficie donc en dernier ressort au consommateur lui-même. Sans oublier que le même dispositif avait été maintenu pendant dix ans au moment de l'ouverture du marché des télécoms. Rien n'indique donc avec certitude que ce renouvellement sera le dernier !