Modernisation du réseau électrique : RTE voit grand

Mis à jour le
minutes de lecture

À ce titre, le nouveau plan décennal d'investissement de Réseau de Transport d'Électricité (RTE), publié jeudi 6 novembre 2014, était attendu avec une certaine angoisse par tous ceux qui craignaient une explosion des coûts à venir.

La filiale autonome d'EDF, chargée de l'entretien et du fonctionnement du réseau à haute et très haute tension (par opposition au réseau de distribution géré par ERDF) fait ses comptes pour la période allant de 2015 à 2024, et table sur des prévisions raisonnables.

Un besoin annuel de financement qui reste stable

Pour assurer l'entretien de son réseau et continuer à fournir un service de qualité à l'ensemble des usagers, RTE estime le besoin total de financement à 15 milliards d'euros entre 2015 et 2024. Un chiffre qui peut paraître impressionnant, mais qui ne représente en réalité « que » la somme de 1,5 milliard d'euros tous les ans.

Or le précédent plan décennal était fondé sur une hypothèse quasiment similaire, de l'ordre de 1,4 milliard d'euros par an. Le groupe s'en tient donc à des hypothèses de dépenses relativement modérées, qui tentent de concilier la réalisation des investissements les plus indispensables avec la nécessaire maîtrise des coûts. Ce choix devrait logiquement emporter l'adhésion de la Commission de Régulation de l'Énergie (CRE) et celle du ministère de l'Énergie, auprès desquels le nouveau plan décennal de RTE sera officiellement présenté en date du 19 décembre.

Vers une amélioration des interconnexions internationales...

Le plus gros du budget annuel souhaité, soit 1 milliard d'euros, devrait être alloué en priorité aux « développements », c'est-à-dire à l'extension du réseau. Dans son plan, RTE pointe notamment l'impérative amélioration des raccordements et des échanges inter-pays, dans un contexte où le « développement des énergies renouvelables entraîne une plus grande variabilité de la production » : avec la variation des flux d'électricité, chaque pays pourra, de fait, être amené de plus en plus souvent à subvenir aux besoins d'un autre. Au total, 10 gigawatts supplémentaires pourraient être échangés avec nos voisins d'ici dix ans.

L'effort budgétaire demandé est logique et attendu, RTE ayant déjà fait part auparavant de ses craintes concernant l'approvisionnement énergétique de la France au-delà de l'hiver 2014-2015. Le groupe mise notamment beaucoup sur une nouvelle interconnexion avec l'Espagne à travers les Pyrénées, un projet déjà vieux de vingt-cinq ans et sans cesse repoussé pour des raisons financières ou purement politiques.

…et un ambitieux plan de modernisation des équipements

400 millions d'euros devraient être par ailleurs consacrés au renouvellement des équipements de réseau les plus vieillissants : de quoi prendre en compte la nécessaire modernisation d'un total de 365 éléments différents sur dix ans, dont 58 lignes aériennes, 102 lignes souterraines et 205 postes électriques à très haute tension.

Certains de ces projets incluront des tronçons de nouvelles lignes, lesquelles seront réalisées à 80 % en souterrain et en sous-marin, pour des motifs essentiellement environnementaux. Au total, deux mille kilomètres de lignes seront renouvelés ou créés.

Réseaux intelligents : ultime enjeu de la prochaine décennie

Les sources d'énergie électrique renouvelable, plus volatiles que les centrales traditionnelles, vont occuper une place grandissante dans le paysage français. La loi de transition énergétique prévoit notamment, à terme, de limiter la part de l'énergie nucléaire à 50 % de la production électrique française, contre 75 % actuellement, avec pour premier symbole la fermeture annoncée de la centrale de Fessenheim.

Pour toutes ces raisons, RTE prévoit d'allouer les 100 millions d'euros restant de son budget annuel au développement des réseaux intelligents, ou « smart grids » qui auront la capacité de réagir instantanément aux besoins des consommateurs d'électricité, voire même de les anticiper.