Le suivi de sa consommation en temps réel encourage les économies d'électricité

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Et si la diminution de notre facture d'électricité passait, d'abord et avant tout, par la possibilité de suivre notre consommation au quotidien ? Telle est, en substance, la leçon à tirer de l'étude « TicElec » réalisée pendant plus d'un an dans une commune française des Alpes-Maritimes par un groupe de recherche du CNRS.

Les résultats sont sans appel : en leur donnant les moyens techniques nécessaires pour suivre en temps réel leur consommation, les foyers deviennent vite moins gourmands en énergie électrique.

Le groupe de recherche s'attendait évidemment à obtenir un résultat de ce type, mais pas dans de telles proportions : avec une diminution moyenne constatée de 25 à 28 % en électricité consommée, l'expérience permet de prédire un beau succès pour le futur compteur intelligent Linky.

Étude d'une centaine de foyers sur un an

TicElec (pour « Technologies de l'information pour une consommation électrique responsable ») est une initiative pilotée par le CNRS et le groupe de recherche en droit, économie et gestion de l'université Sophia Antipolis, à Nice. Elle bénéficie, pour son financement, d'un accord-cadre avec plusieurs autorités publiques, dont l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME), la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, le Conseil Départemental des Alpes Maritimes et l'État français.

De 2011 à 2012, une centaine de ménages volontaires de la commune de Biot ont accepté de participer à une étude relative à leur consommation d'électricité. Les chercheurs, à l'issue de l'expérience, voulaient pouvoir répondre à une question très simple : être régulièrement informé de son niveau de consommation peut-il entraîner un changement de comportement ?

Le degré d'information impacte-t-il la consommation d'électricité ?

Afin d'assurer la rigueur scientifique de l'expérience, les foyers participants ont été répartis en trois groupes.

Le premier, dénommé « Real-Time Feedback », a été doté d'un boîtier à relier directement au compteur électrique. Ce boîtier peut ensuite retransmettre les données de consommation à l'utilisateur et au groupe de recherche via une passerelle Internet.

Le second groupe, « Real-Time Plus Feedback », a reçu en plus un lot de capteurs nomades à brancher sur toutes les prises de courant dont les habitants souhaiteraient surveiller la consommation. Tandis que le premier groupe pouvait simplement surveiller en temps réel sa consommation globale d'électricité, le second est de surcroit capable de suivre la consommation d'appareils spécifiques et sensibles (sèche-linge, téléviseur, congélateur…).

Un troisième groupe a servi enfin de témoin et n'a reçu aucun équipement particulier. Son rôle est, par effet de comparaison avec les autres groupes, d'isoler le comportement directement lié aux outils de suivi. La précaution était importante dans la mesure où les différents foyers participant à l'expérience, tous volontaires, étaient déjà sensibilisés au préalable à la thématique des économies d'énergie, ce qui aurait pu fausser les résultats.

Des résultats spectaculaires…

Le groupe témoin, sans doute motivé par l'expérience en cours dans la commune, a réalisé d'importantes économies d'énergie en seulement un an. La consommation moyenne annuelle de ces foyers est passée de 8 081,30 kWh en 2011 à 7 002,66 kWh en 2012, soit une diminution franche de 13,35 %.

Les résultats les plus remarquables sont néanmoins obtenus par les deux groupes ayant été dotés d'équipements de suivi. Les foyers qui ne disposaient que d'un boîtier relié au compteur électrique ne consommaient plus que 5 981,91 kWh en 2012, contre 8 027,30 kWh l'année précédente, soit une baisse de 25,49 %.

Les particuliers qui pouvaient en plus surveiller leur consommation prise par prise ont fait encore mieux : leur index affichait à peine 5 770,68 kWh en 2012 contre 8 013,11 kWh en 2011. Leur baisse de consommation a donc atteint quasiment 28 % !

…avec l'apparition de comportements plus responsables

Les sondages réalisés auprès des différents foyers participants ont permis de mettre en évidence, au-delà de ces chiffres déjà très explicites, un vrai changement des comportements au quotidien.

De nombreux ménages ont ainsi procédé au remplacement des dernières ampoules à incandescence qui équipaient leurs logements, au profit de nouveaux modèles basse consommation. Ils se sont, de même, montrés plus vigilants pour éteindre les lumières inutiles et désactiver les appareils en veille.

Les foyers dotés de multiples capteurs autonomes ont également déclaré avoir moins de difficulté à exploiter les différences de tarifs entre heures pleines et heures creuses, notamment pour les appareils électroménagers les plus énergivores comme le lave-vaisselle.

Un bilan encourageant pour le développement de Linky

Les résultats de l'expérience TicElec, publiés à la fin du mois dernier dans la revue Journal of Strategy and Management, arrivent à point nommé et juste après l'entrée en vigueur de la loi sur la transition énergétique du 17 août 2015, qui confirme la généralisation des compteurs intelligents d'électricité à l'horizon 2020 - 2021.

ERDF, en particulier, va sans doute exploiter les conclusions très encourageantes de l'étude du CNRS pour vanter les mérites du compteur Linky dans le domaine des économies d'énergie.