La consommation d'électricité des Français a augmenté en 2015

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Le « bilan électrique français » de l'année 2015 publié par RTE livre d'intéressantes perspectives sur la transition énergétique en cours ainsi que sur l'évolution de la consommation des particuliers et des professionnels. Filiale d'EDF, le gestionnaire des lignes à haute tension français est en charge de près de 100 000 km de lignes sur le réseau de transport d'électricité haute et très haute tension à travers le territoire, ce qui lui donne une vision globale du marché.

L'étude révèle notamment d'importantes modifications de la consommation d'électricité au cours de l'année. D'après l'organisme, ces variations restent essentiellement conjoncturelles : de nombreux aléas climatiques ont en effet marqué l'année (été chaud, hiver doux…). Par ailleurs, la part de l'éolien et du solaire progresse au détriment du charbon, ce qui n'empêche pas le nucléaire d'affirmer encore davantage sa domination.

Une augmentation modérée après correction des aléas climatiques

La consommation brute d'électricité des Français en 2015 a progressé de 2,2 %. Ce chiffre non négligeable doit cependant être nuancé en raison de nombreux phénomènes climatiques qui ont eu un impact sur cette consommation, à la hausse ou à la baisse.

Marqué par une canicule prolongée, le mois de juillet 2015 a par exemple connu une augmentation de 2 % par rapport au même mois de l'année précédente. Cette hausse de la consommation est même montée jusqu'à 25 % dans certaines régions méridionales en raison de l'utilisation de systèmes de climatisation.

À l'inverse, le mois de décembre 2015 a été si anormalement doux qu'il a entraîné une diminution de consommation de l'ordre de 10 %. Après neutralisation de ces aléas climatiques, l'augmentation structurelle de consommation d'électricité s'établit à seulement 0,5 %, pour un volume total de 476,3 TWh.

La transition énergétique se poursuit…

L'année dernière aura également été marquée par la progression continue de l'électricité verte, issue des énergies renouvelables. Un pic de production, dû à des conditions climatiques particulièrement favorables, a été enregistré le 9 mai 2015. Il a permis d'assurer 34 % des besoins en électricité du pays : un record absolu à ce jour.

La capacité de production en énergie éolienne a progressé de 23 % pour atteindre 21,1 TWh. La force du vent fournit désormais 4,5 % de l'électricité française. Même si elle a également connu une importante progression (+ 25 %), l'énergie solaire affiche quant à elle une capacité plus modeste : 7,4 TWh. Elle représente à ce jour 1,6 % du mix énergétique. En ajoutant l'hydroélectricité, les énergies renouvelables représentent au total 18,7 % de la consommation électrique française.

Les énergies vertes ont notamment gagné du terrain sur le charbon, en voie de disparition dans le pays. De nouvelles normes environnementales entrées en vigueur au 1er janvier 2015 ont entraîné la fermeture de six centrales et la capacité de production totale en France a diminué de 1 500 MW (- 33 %).

…mais le nucléaire conforte sa domination

Malgré les évolutions en cours, la France reste très largement dépendante de l'électricité nucléaire, et le pays aurait même tendance à le devenir de plus en plus.

Sa part dans le mix énergétique progresse de 0,2 % pour atteindre 76,3 % (416,8 TWh). Toutefois, cette tendance pourrait s'inverser si la centrale nucléaire de Fessenheim venait finalement à être démantelée.

Échanges transfrontaliers : un nouveau record

Le volume d'électricité échangé via les 48 points d'interconnexion avec nos voisins (Royaume-Uni, Espagne, Italie, Suisse, Bénélux) a atteint 120,9 TWh en 2015. C'est le plus haut niveau enregistré au cours des dernières années. RTE attribue notamment ces bons résultats à la mise en service d'une interconnexion supplémentaire à la frontière espagnole, mais aussi à un effort d'optimisation des transactions internationales. Le faible prix de l'électricité en France, qui rend le pays particulièrement compétitif, est également un facteur important.

L'Hexagone est très majoritairement exportateur d'électricité. La France affiche un solde exportateur net de 61,7 TWh en 2015, ce qui la classe au premier rang européen. Ses meilleurs clients sont l'Italie (20,1 TWh exportés pour 0,4 importé) ou encore le Royaume-Uni (15,9 TWh exportés pour 1,8 importé).

RTE maintient l'effort d'investissement et développe l'effacement

Dans son dernier bilan annuel, RTE ne manque pas de souligner le rôle essentiel du réseau de transport d'électricité, qui permet notamment de « mutualiser les moyens de production à l'échelon local » et d'assurer l'équilibre entre les différentes régions du pays. Le transporteur annonce avoir investi dans son réseau un total de 1,4 milliard d'euros au cours de l'année écoulée. Ces moyens ont principalement été dévolus à quelques chantiers prioritaires :

  • le renouvellement de certains ouvrages
  • le renforcement de la sécurité d'alimentation
  • l'optimisation des moyens de production issus d'énergies renouvelables
  • le développement du nouveau « système d'information » qui devrait accompagner l'avènement progressif du réseau électrique intelligent, ou « smart grids »

Enfin, RTE souhaite proposer des contrats d'effacement à toujours plus de gros consommateurs. Ces contrats offrent plusieurs avantages aux clients souscripteurs en échange d'une modération volontaire de leur consommation en période de pic sur le réseau. En 2015, RTE disposait ainsi déjà de 1 900 MW « effaçables » au besoin, contre 1 200 MW en 2014.