Un changement de nom à « 300 millions d'euros » ?

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C'est officiel : ERDF, filiale à 100 % d'EDF, vient d'annoncer avoir changé de nom pour être rebaptisée « Enedis » ! Cette nouvelle dénomination marque une étape importante pour le gestionnaire du réseau de distribution d'électricité, soucieux de mieux se distinguer de sa maison-mère et de se conformer ainsi aux recommandations de la Commission de Régulation de l'Énergie (CRE).

Alors même que l'annonce n'était pas encore intervenue, la CGT Mines-Énergie dénonçait de son côté une dépense inutile évaluée par le syndicat à 300 millions d'euros : un chiffre rapidement démenti par la direction de l'entreprise.

Fort de sa nouvelle identité, Enedis devra relever de nombreux défis dans les prochaines années, à commencer par le déploiement du compteur communicant Linky ou encore l'accompagnement de la transition énergétique vers une électricité plus verte.

ERDF change de nom…

Le Salon des maires et des collectivités locales, qui se tient ce mardi 31 mai à la porte de Versailles à Paris, était apparemment l'occasion choisie par le directeur d'Électricité réseau distribution France (ERDF), Philippe Monloubou, pour officialiser le changement de nom de l'entreprise en « Enedis ». La fédération CGT-Mines-Énergie a cependant contrecarré ses plans en choisissant d'ébruiter le secret dès la journée du lundi, réduisant à néant l'effet de surprise espéré par la direction.

La nouvelle raison sociale de l'entreprise, contre toute attente, ne vient pas de e part et n'est pas une pure invention récente, comme pouvait l'être « Engie » pour remplacer GDF Suez. Le nom d'Enedis avait en effet été déposé par ERDF à l'Institut national de la propriété intellectuelle (INPI) dès 2008, année de la création de la filiale. La filiale d'EDF, à l'époque, avait finalement renoncé à modifier entièrement son nom mais semble donc avoir toujours conservé le projet au fond d'un tiroir. La direction assure avoir réalisé au début de l'année 2016 un important travail de recherche pour un nouveau nom, mais se serait finalement décidée à reprendre l'ancien projet.

Spot de présentation officielle du changement de nom d'ERDF (Source : Enedis (ex-ERDF))

…et se conforme aux exigences de la CRE

ERDF, depuis ses débuts, souffre de la trop grande proximité sémantique de son nom avec le fournisseur historique d'électricité, EDF. D'où une confusion trop souvent présente dans l'esprit des Français entre les deux entités, qui n'ont pourtant pas les mêmes missions : responsable de la gestion de 1,4 million de kilomètres de lignes électriques sur 95 % du territoire français, ERDF exerce un monopole de service public pour la distribution de cette énergie aux particuliers. EDF, en revanche, n'est plus qu'un fournisseur parmi d'autres (Direct Energie, ENI…) depuis 2007 et est donc soumis aux règles de la concurrence.

Pour mettre un terme aux reproches de la Commission de régulation de l'énergie (CRE), le directoire d'ERDF avait opté en 2015 pour un changement de logo : en privilégiant une nouvelle typographie entièrement différente de celle d'EDF, et en ôtant de son logo la fameuse turbine stylisée qui identifie EDF aux yeux de tous, le distributeur espérait satisfaire aux exigences de la commission et s'en tirer à bon compte. Ces efforts ont pourtant été jugés largement insuffisants par la CRE, qui a enfoncé le clou et mis ERDF en demeure de modifier sa raison sociale par souci de clarté envers les usagers.

En annonçant aujourd'hui son changement de nom, ERDF/Enedis met donc un terme à un dossier au long cours.

Un coût dénoncé par la CGT Mines-Énergie

Non contente de dévoiler le projet de changement de nom avant la direction, le tract de la fédération CGT Mines-Énergie dénonce le fait que l'opération « va coûter la bagatelle de 300 millions d'euros ». Un chiffre qui fait pour le moins désordre alors que le précédent changement de logo avait déjà coûté environ 30 millions d'euros l'année dernière. La direction de l'entreprise a, de son côté, démenti ce montant exorbitant et évoque plutôt un budget de 20 millions d'euros environ pour mener à bien ce changement d'identité.

Le montant exact du projet n'est donc pas encore connu avec certitude mais promet d'être important. Il implique en effet de mettre à jour une flotte composée de 25 000 véhicules, de diffuser le nouveau nom de l'entreprise dans 1 000 sites de travail, mais aussi de remplacer les 500 000 effets vestimentaires et tenues de travail des salariés – dont le nombre était évalué à 38 900 en 2014. Par ailleurs il n'est pas certain que le chiffre communiqué par la direction tienne compte du partenariat officiel de l'entreprise avec le Tour de France 2016 : dans tous les cas, la Grande Boucle sera le premier événement majeur au cours duquel les Français pourront se familiariser avec la nouvelle appellation de leur distributeur d'électricité.