Les faits marquants de l'actualité de l'énergie en 2015

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L'année 2015 a été riche en rebondissements pour le secteur de l'énergie ! Les marchés du gaz et de l'électricité ont connu de profondes mutations au cours des douze derniers mois, avec, comme toujours, du bon et du moins bon.

La progression de l'ouverture du marché de l'énergie à la concurrence, le déploiement progressif des compteurs intelligents ou l'essor des économies vertes dénotent ainsi des tendances plutôt positives tandis que l'augmentation continue des taxes ou les facturations d'électricité rétroactives continuent d'envoyer des signaux moins encourageants. jechange vous propose une rétrospective des principaux évènements de l'année 2015.

Vers la fin d'une confusion entre les différents acteurs de l'énergie

EDF, ERDF, GDF Suez, GRDF… Une chose est sûre : les dénominations et les logos très proches des différents acteurs de l'énergie n'aidaient pas les Français à distinguer les différents intervenants du marché du gaz et de l'électricité. La situation a évolué de manière spectaculaire et inattendue en 2015, et ce dès le mois d'avril avec le changement de nom de GDF Suez, qui devient « Engie » et s'offre un nouveau logo par la même occasion pour un coût estimé de plusieurs dizaines de millions d'euros. Un véritable renouveau symbolique pour le fournisseur historique de gaz, qui entend ainsi se réinventer une identité moderne et internationale.

Même tendance à la différenciation du côté des distributeurs, qui ont quant à eux opté uniquement pour une nouvelle identité graphique afin de minimiser les coûts. ERDF a fait évoluer l'image de sa marque. Le gestionnaire du réseau de distribution dévoilait fin juin son nouveau logo vert et bleu au style épuré, qui adopte sa propre police de caractère et fait disparaître la petite turbine propre à EDF. Cette innovation a été bienvenue considérant les nombreuses mises en garde adressées par la CRE, qui reprochait à ERDF et GRDF leur manque de différentiation par rapport à EDF et GDF Suez (ENGIE). Le principal distributeur français de gaz naturel, enfin, concluait le mouvement avec la présentation du nouveau logo GRDF à la mi-octobre 2015. Un design là aussi tout en subtilité, puisque le « r » autrefois minuscule prend cette fois toute sa place et signe définitivement l'identité de l'entreprise.

Ces quelques remaniements aideront sans doute les Français à mieux prendre conscience de la vaste offre concurrentielle désormais disponible. Pour rappel, le bilan de l'ouverture des marchés de l'énergie de la CRE au troisième trimestre 2015 révélait que 12 % seulement des foyers ont choisi une offre d'électricité à prix libre au 30 septembre 2015. La progression est certes constante, mais très lente depuis l'ouverture des marchés en 2007. La situation est plus favorable pour le gaz naturel : 39 % des abonnés gaz ont déjà franchi le pas.

Les fournisseurs de gaz… se mettent à l'électricité !

On savait déjà que GDF Suez/Engie s'était lancé dans l'électricité, et qu'EDF proposait aussi des offres gaz de son côté. Or de nouveaux fournisseurs alternatifs font eux aussi le choix de revêtir une double casquette pour proposer des offres tout-en-un à leurs abonnés, et acquérir ainsi un avantage concurrentiel. Au début du mois d'octobre, le directeur général adjoint d'Eni GAS & POWER France révélait notamment à jechange l'introduction d'une offre de fourniture d'électricité courant 2016, faisant suite aux succès remporté par Eni quant à son implantation en France sur le marché du gaz naturel.

De même, Total France s'est lancé dans la fourniture d'électricité aux professionnels. Le Journal officiel du 26 septembre 2015 a accordé à la filiale de vente de gaz naturel du géant Total, Total Énergie Gaz (anciennement Tegaz), le statut de fournisseur d'électricité. Ses nouvelles offres d'électricité ont été diffusées le 5 octobre et visent, dans un premier temps, les quelques 5 millions de clients anciennement abonnés aux « tarifs jaunes », c'est-à-dire les professionnels et gros consommateurs.

Une évolution tarifaire et fiscale souvent mal perçue

La hausse des tarifs réglementés d'électricité de 2,5 % au 1er août 2015 a été globalement mal accueillie par de nombreux foyers déjà guettés par la précarité énergétique. Il s'agit pourtant d'une « faveur » consentie par les autorités publiques. Pour rattraper le retard accumulé ces dernières années, la CRE recommandait une hausse unique de 8 % ou deux hausses successives de 3,5 % en 2015 et 2016. La question devrait donc se reposer l'année prochaine avec toujours plus d'acuité.

Cette modération a sans été sans doute été décidée en partie suite à la polémique des factures rétroactives d'électricité portant sur la consommation de juillet 2012 à juillet 2013. En raison du niveau trop bas des tarifs réglementés de l'époque, près de 25 millions de foyers ont reçu entre le printemps et l'automne 2015 une facture de régularisation de + 5 % en moyenne.

Ultime élément de mécontentement : l'annonce par les autorités d'une augmentation de la CSPE en 2016, contribution aux charges de service public de l'électricité. À partir de janvier 2016, cette taxe basculera vers la taxe intérieure de consommation finale d'électricité (TICFE) et son coût sera fixé à 22,50 € par MWh.

L'énergie connectée et l'émergence de nouveaux services chez les fournisseurs

Après plusieurs années au cours desquelles les futurs « compteurs intelligents » étaient restés cantonnés aux études de prospective, 2015 a été le vrai signal de départ pour deux projet majeurs. Dès le 24 août, GRDF a lancé le déploiement du compteur Gazpar en installant les premiers prototypes à Rueil-Malmaison et dans les autres sites pilotes retenus par le distributeur, notamment en Bretagne et en région lyonnaise. Les 11 millions d'abonnés gaz devraient ensuite tous être équipés entre 2017 et 2022. Le déploiement du compteur électrique Linky, quant à lui, a été officiellement lancé par ERDF le 1er décembre 2015 après l'obtention d'un accord décisif de la CNIL sur les conditions de stockage de la courbe de charge de Linky. 35 millions de compteurs Linky devraient investir les foyers d'ici 2021 !

Dans le même temps, les innovations autour des réseaux intelligents (« smart grids ») ont pris une ampleur sans précédent. En atteste le lancement du projet SOGRID en phase de test dès le mois de septembre dans la région toulousaine. Son principe : exploiter la technologie du courant porteur en ligne (CPL) pour établir une communication permanente du compteur avec les équipements du domicile d'une part, et avec le centre de supervision d'autre part. Dans le même esprit, la nouvelle application mobile « e.quilibre » d'EDF introduite en mars 2015 permet aux clients de franchir de nouvelles frontières dans la gestion fine de leur consommation au quotidien.

Priorité aux économies d'énergie et aux énergies vertes

La fameuse conférence sur le climat COP21, qui a accouché à la mi-décembre d'un accord jugé historique par de nombreux observateurs, semble avoir été le catalyseur d'un grand nombre de mesures et d'innovations en termes d'économies d'énergie et d'énergie verte. La commercialisation de l'offre d'électricité 100 % renouvelable d'EDF, annoncée à la même période, ne doit sans doute rien au hasard. Les particuliers intéressés peuvent désormais faire un geste pour l'environnement en souscrivant cette offre de l'opérateur historique, lequel veillera à leur fournir des garanties d'origine pour attester de l'injection sur le réseau d'une quantité d'énergie verte équivalente à leur consommation.

C'est également EDF, mais aussi le fournisseur alternatif Direct Energie qui ont été retenus au mois de novembre pour assurer la fourniture en électricité verte de toutes les infrastructures de la mairie de Paris dès 2016. Cette décision constitue une avancée majeure pour la municipalité, dont le « plan climat énergie » ambitionne dès 2020 une réduction de 25 % des gaz à effet de serre par rapport au niveau de 2004…

Sur l'épineux dossier de la rénovation thermique de l'habitat, citons enfin la signature entre Engie et le ministère de l'Écologie d'une première convention d'expérimentation du « passeport de rénovation énergétique ». Ce nouveau dispositif, qui se veut souple et universel, permettra d'apporter une réponse personnalisée aux besoins de chaque propriétaire et de lui soumettre concrètement un calendrier de travaux en adéquation avec ses moyens financiers. Dès 2018, les autorités souhaitent délivrer plus de 110 000 nouveaux passeports énergétiques par an.