Bilan de l'ouverture des marchés de l'énergie au second trimestre 2015

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Publié tous les trimestres par la commission de régulation de l'énergie (CRE), l'observatoire des marchés de l'électricité et du gaz naturel constitue un outil précieux pour faire le point sur l'ouverture du secteur de l'énergie à la concurrence.

Les clients particuliers et professionnels ont en effet , depuis le 1er juillet 2007, la possibilité de quitter leur fournisseur historique de gaz ou d'électricité pour se tourner vers l'un des nouveaux acteurs émergents, comme Direct Energie, ENI ou encore Antargaz.

Encore minoritaire, notamment pour l'électricité, la part des foyers français ayant souscrit une offre de marché auprès d'un fournisseur alternatif continue cependant à progresser à un rythme relativement satisfaisant pour le second trimestre 2015.

Le marché de détail de l'électricité

La progression lente mais constante des fournisseurs alternatifs…

De très nombreux particuliers continuent à rester fidèles à l'opérateur historique EDF et à ses tarifs réglementés. Au 30 juin 2015, seuls 3 353 000 clients « résidentiels » avaient basculé vers une offre de marché sur un total de 31 585 000 foyers recensés, soit une proportion de 10,61 %. Le chiffre est modeste mais témoigne d'une progression régulière des offres de marché : ces dernières ne représentaient que 10,15 % des contrats seulement trois mois plus tôt.

En un an, près de 500 000 particuliers supplémentaires ont fait le choix de la libre concurrence. Lorsqu'ils le font, ils privilégient de façon écrasante les offres des fournisseurs alternatifs au détriment des offres de marché de l'opérateur historique EDF. Ces dernières continuent à ne séduire que 9 000 clients particuliers, soit à peine 0,3 % des sites raccordés en offre de marché : un chiffre inchangé par rapport au trimestre précédent.

Du côté des clients non résidentiels (professionnels, industries…), le nombre de clients ayant opté pour une offre de marché atteint désormais 15 % (744 000 sites sur 4 962 000 recensés), contre 14,39 % à la fin du trimestre précédent. EDF se montre un peu plus compétitif sur ce secteur, puisque ses offres de marché séduisent environ un tiers des professionnels ayant quitté les tarifs réglementés.

…est alimentée par des tarifs réglementés de moins en moins compétitifs

Les chiffres publiés par l'observatoire de la CRE sont sans appel. Sans même prendre en compte la dernière hausse de 2,5 % appliquée au 1er août 2015, les tarifs réglementés de vente de l'électricité connaissent une augmentation de prix très sensible depuis plusieurs années : les tarifs bleus résidentiels ont augmenté de 1,7 % au 1er juillet 2011, 2 % au 23 juillet 2012, 5 % au 1er août 2013 et 2,5 % au 1er novembre 2014.

Cette revalorisation, nettement supérieure à l'inflation, explique sans doute en grande partie la migration progressive de centaines de milliers de particuliers vers des fournisseurs alternatifs comme Direct Energie, Alterna ou même Engie (ex-GDF Suez). Le rapport pointe notamment l'existence de plusieurs offres d'énergie à prix indexés sur les tarifs réglementés très compétitives, comme par exemple l'offre Online Électricité de Direct Energie et la formule Happ-e chez Engie, qui garantissent toutes deux - 5 % par rapport aux tarifs réglementés.

Clients non résidentiels : un calendrier favorable aux offres de marché

Le basculement des clients non résidentiels vers des offres de marché devrait connaître une certaine accélération en fin d'année et au début de l'année prochaine. Rappelons en effet que les tarifs réglementés disparaîtront officiellement au 1er janvier 2016 pour tous les clients ayant souscrit une puissance de compteur supérieure à 36 kVA.

Le marché de détail du gaz naturel

Un duel acharné entre Engie et fournisseurs alternatifs

Comme les trimestres précédents, la période comprise du 31 mars au 30 juin 2015 a été plutôt favorable à l'ouverture du marché du gaz naturel. Parmi les clients résidentiels, on recense désormais 3 946 000 foyers signataires d'une offre de marché sur un total de 10 603 000 sites, soit une proportion de 37,21 % des clients. Ils n'étaient, pour comparaison, que 35,24 % à avoir fait ce choix un trimestre plus tôt.

Ces bons chiffres cachent une véritable guerre commerciale entre Engie et les fournisseurs alternatifs. L'opérateur historique déploie en effet des efforts considérables pour conserver les clients qui abandonnent les tarifs réglementés de vente, et leur propose en conséquence des offres libres à des conditions attractives. Au 31 mars 2015, les fournisseurs alternatifs pris dans leur ensemble, d'une part, et Engie d'autre part revendiquaient chacun des parts de marché identiques (1 874 000 clients des deux côtés). Trois mois plus tard, Engie semble remporter sa bataille commerciale puisque ses offres de marché conquièrent 149 000 clients supplémentaires, là où les différents fournisseurs alternatifs cumulent à eux tous à peine 49 000 contrats en plus.

Ce résultat est d'autant plus remarquable que l'observatoire de la CRE souligne la qualité des offres de certains fournisseurs alternatifs. Du côté des offres à prix indexé, et pour un client type « chauffage », l'offre Online Gaz de Direct Energie arrive en tête avec un tarif inférieur de 6 % aux TRV, suivi de la formule Evo d'ENI (- 3 %). Les clients préférant une offre à prix fixe pourront se tourner, entre autres, vers la formule « 100% service » de Lampiris (facture moyenne évaluée à 1 056 €/an pour un client type chauffage). Cette dernière est cependant talonnée de près par l'offre Dolce Primo d'Engie (1 089 €/an), lequel reste donc très compétitif.

Vers la disparition totale des TRV pour certains gros clients

Le 1er janvier 2016 constitue une échéance importante pour les sites non résidentiels qui n'auraient pas encore effectué le basculement vers une offre de marché pour le gaz naturel. Les tarifs réglementés de vente disparaîtront en effet à cette date pour tous les sites dont la consommation annuelle excède 30 MWh, mais aussi pour tous les syndicats de copropriété lorsque la résidence consomme au-delà de 150 MWh par an. Autant de « gros » clients qui pourraient donc rapidement accélérer l'ouverture à la concurrence du marché.