Quel bilan pour le marché de l'énergie au premier trimestre ?

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L'observatoire des marchés de détail de l'énergie pour le premier trimestre 2016, publié par la Commission de régulation de l'énergie (CRE) le 8 juin dernier, faisait l'objet d'une attente inhabituelle de la part des fournisseurs de gaz naturel et d'électricité. De nombreux professionnels et autres « clients non résidentiels » étaient en effet touchés par l'extinction des tarifs réglementés au 1er janvier 2016.

Ont-ils joué le jeu et pris le soin de sélectionner un nouveau contrat en offre de marché ? Si les retardataires sont encore nombreux, le bilan de la CRE confirme que la transition est bel et bien en train de s'opérer. Une consolation pour les fournisseurs alternatifs, qui constatent au contraire chez la clientèle des particuliers un ralentissement des nouveaux recrutements.

Particuliers : l'ouverture du marché ralentit légèrement…

Électricité : répartition des sites par type d'offre au 31 mars 2016
Électricité : répartition des sites par type d'offre - Source : CRE

Sur le marché de l'électricité, 157 000 foyers supplémentaires ont choisi de basculer des tarifs réglementés de vente (TRV) vers une offre de marché entre le 1er janvier et le 31 mars 2016. Ils étaient 169 000 à avoir pris la même décision au cours du quatrième trimestre 2015, ce qui dénote un ralentissement – modéré – de l'ouverture du marché. 12,06 % des Français bénéficient désormais d'une offre de marché en électricité, soit une part qui reste extrêmement minoritaire.

Électricité : nombre de sites en offre de marché au 31 mars 2016
Électricité : répartition du nombre de sites résidentiels en offre de marché - Source : CRE

Ceux qui franchissent le pas préfèrent toujours, dans leur écrasante majorité, accorder leur confiance à un fournisseur alternatif plutôt qu'à EDF. Les contrats libres du fournisseur historique ne concernent en tout et pour tout que 9 000 clients, soit 0,2 % du total des particuliers en offre de marché !

Gaz : répartition des sites par type d'offre au 31 mars 206

Gaz : répartition des sites par type d'offre - Source : CRE

La baisse du rythme des recrutements est plus sensible en ce qui concerne le gaz naturel. 169 000 clients supplémentaires ont abandonné les tarifs réglementés au premier trimestre 2016, contre 221 000 au trimestre précédent. La situation, toutefois, est très différente du marché de l'électricité. Avec un total de 453 0000 sites concernés au 31 mars 2016, 42,54 % des abonnés au gaz naturel ont désormais opté pour une offre de marché. Les tarifs réglementés du gaz, à moyen terme, pourraient donc finir par concerner une minorité de foyers.

Gaz :  nombre de sites en offre de marché au 31 mars 2016
Gaz : répartition du nombre de sites résidentiels en offre de marché - Source : CRE

On note par ailleurs une bien meilleure capacité de résistance du fournisseur historique Engie, dont les offres à tarif libre connaissent un grand succès et trustent pas moins de 51,6 % des parts de marché, au grand dam des fournisseurs alternatifs.

…malgré des offres attractives en tarif libre

La CRE, après avoir passé en revue les formules et les conditions tarifaires proposées par les différents fournisseurs au 31 mars 2016, confirme que les particuliers ont toujours autant intérêt à quitter les tarifs réglementés.

Sur le marché de l'électricité, les meilleures offres à tarifs indexés sont actuellement proposées par Direct Énergie (contrat offre Online) et Engie (contrat Happ-e Électricité) et permettent une économie garantie de 5 % par rapport aux tarifs réglementés. Le gendarme de l'énergie note aussi l'existence de contrats à prix fixe très attractifs chez Énergies du Santerre (contrat DomElec Confort sur 12 à 36 mois) ou encore Proxelia (contrat Domelia), dont les tarifs démarrent à 3 ou 5 % sous les tarifs réglementés actuels – appelés à augmenter dès le 1er août prochain.

Même constat sur le marché du gaz naturel : un particulier parisien, qu'il consomme 750 KWh à l'année pour cuire ses repas ou 17 MWh pour se chauffer, peut espérer 5 à 6 % d'économies par rapport aux tarifs réglementés en souscrivant aux différentes formules de Direct Énergie, Dyneff Gaz ou encore ENI.

Des professionnels bousculés par la fin des tarifs réglementés

Le 1er janvier 2016 a représenté une échéance importante pour certains « sites non résidentiels » (entreprises, collectivités publiques, syndics de copropriété…), avec l'extinction programmée des tarifs réglementés pour les plus gros consommateurs d'énergie. Étaient concernés, côté électricité, les détenteurs d'un compteur à la puissance supérieure à 36 kVA (anciens tarifs « jaunes » et « verts ») et, côté gaz naturel, tous les clients non résidentiels consommant plus de 30 MWh à l'année.

Le basculement de ces professionnels a entraîné mécaniquement une accélération spectaculaire des recrutements au premier trimestre 2016. 1 417 000 sites non résidentiels disposaient d'une offre de marché en électricité au 31 mars dernier, contre 976 000 trois mois plus tôt, soit une augmentation de 45 % en un seul trimestre ! La transition a été moins abrupte sur le marché du gaz, où de nombreuses entreprises avaient déjà franchi le pas. 28 000 nouveaux sites résidentiels ont signé une offre de marché, pour un total de 573 000 sites au 31 mars 2016.

Le chantier, pour autant, n'est pas terminé. Sur les 468 000 sites concernés par l'extinction des TRV d'électricité au début de l'année, 62 500 n'auraient toujours pas réagi au 31 mars 2016 selon la CRE. 120 00 clients se trouveraient dans la même situation sur le marché du gaz. Ces ultimes retardataires se voient automatiquement appliquer une « offre transitoire » particulièrement dissuasive, au tarif supérieur de 5 % à ce qu'ils payaient précédemment. Elle est censée expirer elle-même le 30 juin prochain.