Quelle évolution du marché de l'énergie au second trimestre ?

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Bonne nouvelle : dans un contexte où l'existence même des tarifs réglementés de vente pourrait être remise en question à moyen terme, les Français sont toujours plus nombreux à se laisser séduire par une offre de marché en gaz ou électricité auprès de leur opérateur historique ou d'un fournisseur alternatif ! La Commission de régulation de l'énergie (CRE) vient en effet de publier son traditionnel bilan du marché de détail de l'énergie pour le deuxième trimestre 2016.

Les chiffres du trimestre, tout comme ceux du premier semestre, confirment l'engouement croissant des particuliers et des professionnels pour les contrats à prix libre. L'extinction programmée des tarifs réglementés de vente au 1er janvier 2016 pour certains gros consommateurs pro a eu certes un effet important au début de l'année, mais qui semble désormais en voie de ralentissement.

Un bon rythme de recrutement chez les clients résidentiels

Sur le marché de l'électricité, les fournisseurs alternatifs ne connaissent pas la crise. Dopées par l'augmentation constante des tarifs réglementés, les offres à tarif libre progressent et représentent 4,017 millions de sites résidentiels au 30 juin 2016 contre seulement 3,846 millions au 31 mars précédent, soit une belle progression de +4,4 %. En trois mois, le taux des particuliers ayant abandonné les tarifs réglementés de l'électricité est ainsi passé de 12,06 % à 12,61 %. Une proportion qui reste modeste, mais dont l'évolution tend à s'accélérer.

Électricité : nombre de sites en offre de marché au 30 juin 2016
Nombre de sites résidentiels en offre de marché en électricité - Source : CRE

Comme toujours, les fournisseurs alternatifs (Direct Énergie, Lampiris, Eni…) se taillent la part du lion. Leurs offres représentent 99,8 % des contrats de marché et ont séduit 172 000 clients supplémentaires ce trimestre. EDF, de son côté, perd 1 000 contrats d'énergie au tarif libre par rapport au 31 mars dernier !

Le marché du gaz progresse un peu plus lentement. Environ 4,661 millions de foyers bénéficiaient d'un contrat gaz à tarif libre au 30 juin 2016, soit une progression de 2,9 % par rapport aux chiffres du premier trimestre (+ 131 000 clients). Il faut dire que le marché du gaz est déjà beaucoup plus ouvert que celui de l'électricité, et a donc moins de marges de progression. Les clients abonnés en tarif libre représentent désormais 43,89 % des foyers, contre 42,55 % trois mois auparavant.

Gaz : nombre de sites en offre de marché au 30 juin 2016
Nombre de sites résidentiels en offre de marché en gaz naturel - Source : CRE

La guerre, en tout cas, fait toujours rage entre Engie et les fournisseurs alternatifs pour capter ces migrations massives de clientèle. Le fournisseur historique a su ainsi séduire 64 000 foyers sur le trimestre avec ses offres de marché, tandis que l'ensemble de la concurrence affiche 67 000 nouveaux clients au cumul. Engie demeure leader d'une courte tête, avec 51,51 % des parts de marché sur les contrats libres.

Clients non résidentiels : un ralentissement perceptible

Le début de l'année 2016 a été l'occasion de mutations rapides sur le marché des clients non résidentiels, puisque les tarifs réglementés de vente avaient été supprimés au 1er janvier pour tous les clients professionnels dont la consommation de gaz dépassait 30 MWh par an ou dont le compteur d'électricité affichait une puissance supérieure à 36 kVA.

Au-delà des derniers retardataires qui ont attendu pour se mettre en conformité, le second trimestre 2016 a été beaucoup moins agité que les trois premiers mois de l'année, ce qui tend à confirmer que le choc a bien été absorbé par le marché. À peine 2 000 nouveaux professionnels ont ainsi abandonné les tarifs réglementés du gaz entre le 31 mars et le 30 juin, portant le total à 575 000 sites non résidentiels (86,86 % du total).

L'évolution est plus sensible sur le marché de l'électricité, puisque 45 000 professionnels supplémentaires ont franchi le pas, portant le total à 1,462 million de sites non résidentiels. Ce chiffre ne représente encore que 29,27 % du total, rappelle le gendarme de l'énergie. Rien d'étonnant puisque de nombreux petits professionnels sont équipés d'un compteur standard et peuvent donc encore profiter des tarifs réglementés.

Répartition des sites non résidentiels par type d'offre en énergie au 30 juin 2016
Évolution de la répartition des sites non résidentiels par type d'offre en énergie - Source : CRE

Quelle est l'évolution des tarifs ?

L'augmentation des tarifs réglementés de l'électricité est sensible pour les consommateurs. Au mois de janvier 2016, la CRE estime qu'un client au tarif « bleu » en option heures pleines/heures creuses, doté d'un compteur 6 kVA et consommant 2,4 MWh par an, devait payer 449 € par an. Dix ans plus tôt, la facture du même client s'élevait à seulement 320 € ! Il est donc logique que les particuliers soient toujours plus nombreux à opter pour les contrats à tarif libre. Parmi les offres d'énergie indexées, la CRE note que l'offre la plus compétitive propose actuellement un prix inférieur de 6 % aux TRV. Pour un plus gros client doté d'un compteur 9 kVA et consommant 8,5 MWh par an, l'économie peut même atteindre 7 % par rapport aux tarifs réglementés.

Toujours selon l'autorité, du côté du gaz naturel, la réduction maximale possible se situe actuellement entre -5 % et -7 % par rapport aux tarifs réglementés, selon que vous êtes abonné au tarif Base (usage cuisson) avec une consommation annuelle de 750 kWh ou abonné au tarif B1 (chauffage) avec une consommation de 17 MWh par an.