Les Français toujours autant préoccupés par leurs factures d'énergie

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Le baromètre « Énergie-Info » du médiateur national de l'énergie, publié tous les ans depuis l'ouverture du marché de l'énergie à la concurrence en 2007, constitue un excellent indicateur pour évaluer le rapport entretenu par les Français avec leur contrat d'électricité et de gaz. Quel poids dans le budget familial ? Quel degré de connaissance de l'offre existante ?

Dans la 9ème édition du baromètre publiée le 20 octobre 2015, le médiateur a chargé l'institut d'études Market Audit de questionner près de 1 500 foyers par téléphone au cours du mois dernier. La population, dans sa majorité, sait désormais qu'elle peut changer de fournisseur à tout moment, mais juge aussi le coût de l'énergie élevé et s'inquiète des évolutions tarifaires à venir.

Le prix de l'énergie : un facteur d'inquiétude prédominant

73 % des ménages interrogés, soit près des trois quarts, considèrent leur consommation de gaz et/ou d'électricité comme un sujet de préoccupation « important » d'un point de vue financier. 21 % vont même jusqu'à le juger « très important ». On constate certes une amélioration par rapport à l'année précédente (jusqu'à 78 % des foyers se disaient préoccupés en 2014), mais qui peut s'expliquer en grande partie par des phénomènes conjoncturels : un hiver globalement doux et la faiblesse des prix du gaz ont notamment contribué à alléger de façon sensible la facture pour de nombreux Français.

Ce repli relatif, qui constitue plutôt une bonne nouvelle, se retrouve sur le thème de la précarité énergétique. Seules 9 % des personnes interrogées disent avoir été en difficulté, au moins une fois au cours de l'année écoulée, pour payer une facture de gaz ou d'électricité. C'est le taux le plus bas depuis trois ans. Sur ce sujet, les sondés se montrent par ailleurs favorables à 66 % au remplacement des tarifs sociaux de l'énergie par un nouveau « chèque énergie », comme le prévoit la récente loi relative à la transition énergétique.

Les dépenses d'énergie représentent une « part élevée » dans le budget des ménages pour 62 % d'entre eux. Cette proportion n'a guère évolué depuis 2007, et dessine donc le portrait d'une France dans laquelle environ deux tiers des foyers doivent consentir régulièrement des petits ou des gros sacrifices pour régler les factures d'énergie.

Libre concurrence : l'information des Français progresse timidement…

Les campagnes publicitaires des fournisseurs alternatifs pourraient commencer à porter leurs fruits, au moins dans le domaine du gaz. 60 % des Français ont désormais connaissance de la possibilité de changer d'opérateur, contre 54 % un an auparavant. Le marché de l'électricité, pourtant soumis à la même réglementation, ne peut pas en dire autant : à peine 52 % des personnes interrogées sont informées de l'ouverture à la concurrence. C'est un point de moins qu'en 2013 !

La procédure pour changer de fournisseur d'énergie, particulièrement simple, est de mieux en mieux maîtrisée. 35 % des Français disent désormais la connaître : à titre de comparaison, ils n'étaient encore que 20 % en 2011. 62 % ont par ailleurs connaissance de la totale gratuité du changement, soit 5 % de plus qu'en 2014.

La distinction essentielle entre les fournisseurs et les distributeurs, cependant, pose toujours problème. Seulement 35 % des sondés ont par exemple su répondre que le relevé des compteurs d'électricité est de la compétence d'ERDF, et près d'un tiers continuent à citer par erreur le nom du fournisseur historique EDF. Le récent changement de nom de GDF Suez en « Engie », en outre, n'a pas significativement amélioré la perception des Français : ils ne sont encore que 28 % à savoir qu'EDF et Engie sont des entreprises distinctes et concurrentes.

…et entraîne plus de changements de fournisseurs

La meilleure information de la population se traduit-elle, selon l'expression employée par le médiateur, en un plus grand nombre de « passages à l'acte » ?

Les chiffres sont là aussi encourageants mais encore modestes : 13 % des foyers français, au total, ont effectivement changé de fournisseur de gaz ou d'électricité au cours des douze derniers mois, dans 80 % des cas pour réaliser des économies. 6 % l'ont envisagé sans franchir le pas, et 7 % supplémentaires ne l'excluent pas dans un futur proche.

L'utilisation des comparateurs sur Internet semble rentrer progressivement dans les mœurs. 25 % des foyers ayant changé de fournisseur ont eu recours à ce mode très pratique de comparaison.

Le médiateur national de l'énergie toujours en déficit de notoriété

Le médiateur national de l'énergie reste une autorité assez confidentielle aux yeux des Français. Ils ne sont globalement que 20 % à avoir connaissance de son existence et de celle de son service d'assistance « Énergie-Info ».

Cette proportion reste inchangée depuis plusieurs années. Il faut noter, de plus, que ce déficit de notoriété est le plus aigu dans la tranche d'âge des 18-34 ans (11 %) et des 35-44 ans (14 %).

Démarchage : les fournisseurs en font-ils trop ?

Les campagnes publicitaires et le démarchage commercial engagés par les fournisseurs historiques et alternatifs contribuent, sans nul doute, à mieux informer le public sur les options dont il dispose.

La marge de tolérance des consommateurs, face à ces propositions non sollicitées, pourrait toutefois devenir de plus en plus fine ! Pas moins de 40 % des foyers interrogés disent avoir été contactés dans l'année au moins une fois pour souscrire une nouvelle offre de fourniture de gaz ou d'électricité, et cela par téléphone dans quatre cas sur cinq.

Le marché de l'énergie, de ce fait, se hisse au palmarès peu enviable des secteurs économiques pratiquant le démarchage le plus massif, aux côtés des spécialistes de l'isolation thermique (46 %) et des énergies renouvelables (38 %).